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tique et le discours religieux.

C’est à un christianisme radicalement sécularisé qu’appartient peut-être l’avenir : il s’agira d’une présence sur terre d’hommes embrassant la vie de toutes leurs forces et sachant que c’est au coeur même de leur responsabilité, de leur travail, de leur amour que Dieu est présent.

G. C.

F Protestantisme / Théologie protestante.

J. D. Godsey, The Theology of Dietrich Bonhoeffer (Philadelphie, 1960). / H. Müller, Von der Kirche zur Welt (Leipzig, 1961). / T. J. Alti-zer et W. Hamilton, Radical Theology and the Death of God (New York, 1966). / H. Ott, Wirklichkeit und Glaube, t. I : Zum theologis-chen Erbe Dietrich Bonhoeffers (Zurich, 1966).

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Vie et mort de Dietrich Bonhoeffer, Casterman, 1970). / A. Dumas, Une théologie de la réalité, Dietrich Bonhoeffer (Labor et Fides, Genève, 1968).

Boniface (saint)

Moine anglais, archevêque de

Mayence, apôtre de la Germanie et réformateur de l’Église franque (près d’Exeter v. 675 - 754 ou 755).

Le moine lettré

Wynfrith, le futur Boniface, naît dans l’ancien royaume anglo-saxon du Wes-

sex et reçoit sa première instruction à l’abbaye d’Exeter, où il devient moine.

Il passe ensuite à l’abbaye de Nursling, aux environs de Winchester, où d’élève il devient maître.

Orateur réputé, auteur de deux traités de grammaire, bon connaisseur de Virgile et d’Ovide, il lui arrive d’écrire des poèmes. Ses lettres révèlent un homme cultivé tant dans les sciences religieuses que profanes, maniant avec aisance la langue latine.

Le missionnaire

Toutefois, comme tant d’autres moines anglo-saxons de cette époque, Wynfrith se sent attiré par l’apostolat en pays païen et, en 716, il part avec quelques compagnons pour la Frise ; cette première tentative échoue. Le roi Radbod, après la mort de Pépin de Herstal (714), a repris pied dans cette partie de son royaume que lui avait enlevée le prince franc. La mission chrétienne, considérée comme une

entreprise des envahisseurs, se trouve gravement compromise. Dès la fin

de l’année, Wynfrith retourne à son abbaye de Nursling, dont l’abbé vient de mourir. Élu par les moines pour lui succéder, il refuse car il veut repartir.

Ce qu’il fait dans les derniers mois de 718.

Mais, d’abord, il se rend à Rome

auprès du pape Grégoire II (715-731), fidèle en cela à la tradition anglo-saxonne qui veut que toute Église soit étroitement liée au siège de Pierre. En signe de cette union, Grégoire change le nom de Wynfrith en celui de Boniface, nom du martyr romain que l’on fêtait ce jour, 14 mai 719.

Durant son voyage, Wynfrith-Bo-

niface apprend la mort de Radbod

(719). Cette disparition et les victoires de Charles Martel sur les Saxons vont lui permettre de reprendre son apostolat dans la Frise. Là travaille déjà, depuis 690, un autre grand missionnaire, Willibrord, l’apôtre de la Hollande. Il va oeuvrer avec lui trois ans (719-722), puis, allant plus avant, il se rend en Hesse, pays encore fortement paganisé, où, dès la Pentecôte 722, il administre les premiers baptêmes. Peu

après, Grégoire II le rappelle à Rome et le consacre évêque, le 30 novembre 722. Durant quinze ans, de 722 à 737, Boniface, évêque missionnaire itiné-

rant, évangélise la Hesse, la Thuringe et une partie de la Bavière. Les princes francs Charles Martel, Carloman et Pépin le Bref lui accordent leur protection à la fois par souci religieux et par politique.

L’année 739 marque pour Boniface

une période nouvelle, celle de l’organisation. Pour vivre et se développer, l’oeuvre du missionnaire a besoin d’une structure. C’est ce qu’avait déjà compris le pape Grégoire III (731-741), qui, l’année précédente (738), avait instamment demandé à Boniface, venu à Rome, de créer des évêchés en Allemagne. De 739 à 742, le missionnaire va repenser son oeuvre et doter la jeune Église allemande de structures et de traditions qu’il voudra de type romain. Il érige de nouveaux diocèses, s’applique à former un clergé indigène. Boniface lui-même devient en 745 archevêque de Mayence. De plus, avec le concours de moines et de moniales qu’il a fait venir de son pays, il fonde des monastères destinés à être des points d’appui pour les missionnaires et des centres de vie religieuse.

Le réformateur de

l’Église franque

En 741 meurt Charles Martel. Ses

successeurs, Pépin le Bref et le pieux Carloman (qui se retirera dans un monastère en 747), veulent mettre à profit downloadModeText.vue.download 537 sur 583

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

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pour l’Église franque les talents d’organisateur de Boniface.

Car l’Église franque est en pleine décadence. Les lettres qui nous sont conservées de saint Boniface nous font un portrait peu édifiant de ces évêques aux moeurs libres qui passent leur temps à boire, à chasser ou à guerroyer et s’occupent de religion le moins possible. L’ignorance du clergé est effroyable. Boniface dit avoir rencontré un

curé baptisant « in nomine patria et filia » (comprenne qui pourra !). Négligés par les évêques, les prêtres de campagne organisent leur vie à leur façon, qui n’est pas toujours vertueuse.

Boniface s’attirera beaucoup d’ennemis dans ce clergé qui, très à l’aise dans sa médiocrité et ses vices, se ré-

vélera plus difficile à convertir que les païens de la forêt germanique. Soutenu par Pépin et Carloman, nommé par le pape Zacharie (741-752) légat apostolique au royaume franc, Boniface réunit d’importants synodes réformateurs. Ces assemblées, où les seigneurs siègent à côté des évêques, prennent des décrets qui ont force légale. Les faux prêtres ou les clercs débauchés sont déposés, la discipline est restaurée et les métropoles ecclésiastiques sont reconstituées.

Ces succès, parfois partiels, font de Boniface le premier personnage de l’Église franque. En 751, il sera appelé à sacrer Pépin le Bref roi des Francs.

Cette cérémonie de l’onction royale du premier Carolingien est à l’origine de tous les sacres royaux postérieurs.

La mort sur la brèche

Boniface approche des quatre-vingts ans. Laissant à d’autres le soin de continuer son oeuvre d’organisateur, il cède une fois encore à l’appel de la forêt païenne.

En 753, il part pour la Frise, qui fut il y a trente-sept ans le premier champ de son apostolat. Et c’est dans la partie du pays située à l’est du Zuiderzee, près de l’actuelle ville néerlandaise de Dokkum, qu’il trouvera la mort, le 5 juin 754 (ou 755). La caravane des missionnaires est attaquée par des Frisons païens, « plus avides, semble-t-il, de piller que de faire des martyrs »

(J. Décarreaux).

Selon sa volonté, son corps fut

ramené à Fulda. Dans cette ville, dont la cathédrale conserve le tombeau du saint, se réunit chaque année l’assemblée de l’épiscopat catholique d’Allemagne et siège la présidence du Congrès de l’Église évangélique allemande.

I. T.

F Germanie / Missions catholiques.

G. Kurth, Saint Boniface (Lecoffre, 1902).

/ E. de Moreau, « Saint Boniface » dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclé-

siastique, t. IX (Letouzey, 1937). / T. Schieffer, Winfrid-Bonifatius und die christliche Grundlegung Europas (Fribourg, 1954). / J. Décarreaux, les Moines et la civilisation (Arthaud, 1962). /

P. Riché, Éducation et culture dans l’Occident barbare, VIe-VIIIe siècle (Éd. du Seuil, 1962).

Boniface VIII

(Anagni v. 1235 - Rome 1303), pape de 1294 à 1303.