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L’ensemble des faubourgs n’est cependant pas homogène. Les quartiers aisés sont situés au nord du cimetière de la Chartreuse et entre la rue Saint-Genès et la rue de Pessac ; les faubourgs méridionaux sont plus populaires en bordure de Talence et de Bègles. Plus près du centre, le quartier de Mériadeck, conquis à la fin du XVIIIe s. et au début du XIXe s. sur le marais de l’Archevê-

ché, est livré à la pioche des démolis-seurs : là doit être édifié l’ensemble fonctionnel de la nouvelle métropole régionale.

Les quartiers industriels, qui

s’étendent du reste en partie sur les communes de la proche banlieue,

accompagnent le fleuve : de Floirac à Lormont sur la rive droite, à la limite de Bègles et à Bacalan sur la rive gauche.

Le bas prix des terrains, la commodité des dessertes fluviales et ferroviaires, la possibilité d’utiliser l’eau du fleuve ont incité les industriels à s’établir dans ces quartiers, dont la tonalité ouvrière est très forte. Autour des bassins à flot, on trouve deux des grandes huileries bordelaises, une raffinerie de sucre et des dépôts de bois, dans un quartier en pleine transformation depuis l’ouverture du pont suspendu. À l’autre extrémité de la ville, au sud de la gare Saint-Jean, voisinent entrepôts, dépôts de carburant, abattoirs, marché d’in-térêt national de Brienne, entreprises métallurgiques et papeteries-cartonne-

ries. Sur la rive droite, l’industrie submerge le palus, notamment en aval du Pont de pierre, où voisinent les Grands Moulins de Bordeaux, quelques-unes des usines chimiques bordelaises, les constructions navales et, au pied du coteau de Lormont, la cimenterie Poliet et Chausson. Le marais a été conquis par les maisons individuelles, l’ensemble étant morcelé par les installations ferroviaires. Près de Cenon se trouve la cité de la Benauge, première réalisation de l’urbanisme bordelais contemporain.

Dans l’ensemble, la popula-

tion est vieillie. Au recensement de 1962, seulement 26,4 p. 100 des Bordelais avaient moins de 20 ans et 52,7 p. 100 moins de 40 ans ; par contre, 15 p. 100 d’entre eux étaient âgés de 65 ans et plus. À l’intérieur de la rocade des cours, la « ville » compte une forte majorité d’adultes. Vieillie aussi est la population des faubourgs, où le nombre des enfants par famille est par ailleurs plus élevé dans les rues à population aisée que dans les quartiers ouvriers. Jeunes sont au contraire les anciens quartiers prolétariens ainsi que les cités résidentielles édifiées au cours des quinze dernières années. La croissance de la population bordelaise est liée à l’immigration de ruraux. De 89 000 habitants en 1821, la population s’est élevée à plus de 200 000 en 1876 et à plus de 250 000 en 1891 pour plafonner ensuite (267 000 en 1921), avant de diminuer un peu.

La banlieue

Durant la même période, les villages de la banlieue s’urbanisèrent au point de devenir de véritables villes : en 1975, on comptait 52 234 habitants à Mérignac, 51 444 à Pessac, 35 957

à Talence et 25 076 à Cenon. Cette banlieue s’est surtout développée sur la rive gauche. Les constructions s’y étirent le long des grandes routes qui downloadModeText.vue.download 544 sur 583

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

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divergent de Bordeaux jusqu’à une

dizaine de kilomètres du centre de la ville, le long des routes de Toulouse, de Bayonne (Gradignan), d’Arcachon (Pessac-L’Alouette) et d’Arès (aéroport de Mérignac) ; moins étendue est la banlieue nord, dont l’essor a été freiné par la présence des vastes marais de Bordeaux et de Blanquefort, ainsi que par le développement des cultures maraîchères de la vallée de la Jalle de Blanquefort. De 55 000 âmes en 1872, la population des communes de la Communauté autres que Bordeaux s’élève à 125 000 habitants en 1921 et à 170 000 en 1936. Le cap des 200 000

ayant été franchi en 1954, le rythme de croissance reprit ensuite à un rythme jamais atteint auparavant. L’immense chantier que fut la banlieue bordelaise au cours des années 1960-1970 est le témoignage de cette expansion, particulièrement forte dans les communes du sud (Talence, Villenave-d’Ornon, Gradignan) et de l’ouest (Mérignac, Pessac) de l’agglomération.

Trois grands types de paysage ap-

paraissent dans cette banlieue. Les vieux noyaux villageois s’identifient aisément, avec leurs immeubles à un ou à deux étages ou leurs constructions anciennes, maisons-blocs à terre de vignerons groupées autour de l’église.

Des commerces de détail assez variés y ont été ouverts, et, dans certains d’entre eux, les grands magasins sont apparus récemment. Ces vieux quartiers, qui polarisent une certaine vie locale, sont noyés au milieu des lotissements de maisons individuelles, aménagés les uns entre 1925 et 1935, les autres depuis 1955. À l’uniformité architecturale des cités, réalisations sociales, s’oppose la variété des constructions plus aisées ; la plupart sont édifiées sur des parcelles exiguës (de 300 à 500 m 2) et mitoyennes dans un paysage boisé et verdoyant. Depuis la dernière guerre, de grands immeubles collectifs ont été édifiés à l’emplacement d’usines désaffectées et surtout sur d’anciens domaines ruraux. Dans cette banlieue résidentielle, de faibles superficies sont les foyers industriels constitués au début du XXe s., à Bègles, à Talence-Médoquine et à Arlac-Mérignac ; à Caudéran et au Bouscat, la trace de l’industrie dans le paysage urbain est aussi discrète. Enfin, huit zones industrielles ont été aménagées ces dernières

années aux marges de l’agglomération.

Cette croissance urbaine a profondé-

ment dégradé le paysage rural. D’assez grands espaces restent encore le domaine des cultures, notamment de celle de la vigne, des prairies naturelles et des bois. Les domaines prestigieux des confins de Pessac et de Talence (Haut-Brion) sont les derniers vestiges d’un vignoble qui s’étendait autrefois sur toutes les graves où sont édifiés Bordeaux et sa banlieue, ainsi que sur les palus de la péninsule d’Ambès. 800 ha environ sont consacrés aux cultures des légumes et des arbres fruitiers : cultures maraîchères des marais du sud de Bordeaux (Bègles et Villenave-d’Ornon), cultures légumières de plein champ des confins du plateau landais (Mérignac, Le Haillan), arboriculture du nord de l’Entre-deux-Mers. Partout, sur ces marges de la banlieue et de la Communauté urbaine, l’herbe a conquis depuis 1945 de belles superficies, permettant ainsi de développer l’élevage laitier.

La démographie de la banlieue est fort différente de celle de la commune de Bordeaux, et les différences sont les plus marquées pour les circonscriptions les plus éloignées, dont la croissance est aussi la plus récente.

Cette croissance est moins le résultat du croît naturel, qui reste modéré, que des mouvements migratoires (venue de gens d’autres régions, reflux de citadins vers la banlieue). Les ouvriers et les employés sont partout en majorité ; Bègles et les communes de la rive droite prennent même une tonalité ouvrière, sinon prolétarienne ; les cadres affectionnent surtout les banlieues plus aérées de la rive gauche, voire certains coteaux ensoleillés de la rive droite. De ces communes partent, chaque matin, la majorité des travailleurs gagnant Bordeaux et les établissements industriels de la proche banlieue. Pourtant, la première concession de lignes de tramway fut accordée dès 1879, et le réseau urbain et suburbain posé entre 1899 et 1914. La Compagnie des

transports électriques et omnibus de Bordeaux exploite aujourd’hui (les autobus ayant remplacé les tramways électriques) 322 km de lignes, dont 171