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Les Dayaks, divisés en nombreuses tribus, sont des « Proto-Malais » de langue malayo-polynésienne. Comme les autres populations de l’Insulinde, ils n’ont subi ni l’influence de l’Inde ni celle de l’islām ; ils n’ont pas d’alphabet et sont animistes (quand ils n’ont pas été christianisés). Ils pratiquent le ladang, la culture sur brûlis à longue jachère. Mais, sous ce climat à pluies continuelles, il leur faut attendre une série de jours secs après avoir abattu les arbres, ce qui intervient assez souvent en janvier. Par ailleurs, le ladang est, dès la récolte du paddy, envahi par une végétation forestière et doit être laissé en jachère. Dans ces conditions, il faut se déplacer fréquemment. Les Dayaks habitent des maisons sur pilotis hauts, qui peuvent atteindre 200 m de long et être peuplées de plusieurs centaines d’individus ; chaque ménage descendant d’un même ancêtre y dispose d’une cellule et d’un foyer. Aux ressources du ladang (2 ha par ménage en moyenne), qui donne riz, manioc,

tabac, les Dayaks ajoutent celles de la chasse aux sangliers et de la cueillette de produits forestiers.

Cependant, les Dayaks, autrefois

« chasseurs de tête », sont en pleine évolution sous l’action des missions chrétiennes. Mais les seules régions économiques de quelque importance sont des régions côtières peuplées de Dayaks islamisés, de Deutéro-Malais (Bougis et Javanais) et de Chinois.

Ceux-ci ont joué un rôle éminent de pionniers. Particulièrement nombreux dans les « districts chinois », à l’ouest de l’île, c’est-à-dire dans le delta du Kapuas, à Pontianak et à Sambas notamment, ils ont développé ici deux cultures commerciales : le cocotier, cultivé sur cordons littoraux sableux (permatang), et surtout l’hévéa, en culture familiale (small holdings et farms). Pontianak, construite en grande partie sur l’eau, a 150 000 habitants.

Au sud-est, l’Ulu Sungai est la région la plus peuplée de l’île ; elle produit, elle aussi, du caoutchouc et du coprah, mais également du riz, car, à l’abri des monts Meratus, elle bénéficie de trois mois d’hiver relativement secs qui permettent aux épis de mieux mûrir ; Banjermassin, port actif, a 214 000 habitants, et les Banjarais sont des commerçants renommés.

Les principaux puits de pétrole sont situés à proximité de la côte orientale (île de Tarakan, région de Kutai et région de Tanjung) : le pétrole est acheminé par pipe-line ou par tanker jusqu’au port de Balikpapan

(raffinerie).

La zone côtière nord-ouest, enfin, dans Sarawak, Sabah et Brunei, pré-

sente quelques centres actifs. À Sarawak, c’est la région de Kuching : poi-vrières et surtout hévéas (120 000 ha).

À Sabah, où les côtes, exceptionnellement, sont découpées, ce sont les zones de Kota Kinabalu et de Sandakan : hévéas (70 000 ha), cocotiers, rizières, plantations de tabac de haute qualité.

Dans l’un et l’autre État, ces activités sont essentiellement le fait des Chinois (30 p. 100 de la population à Sarawak ; 25 p. 100 à Sabah).

Plus original, peut-être, est le petit

protectorat britannique de Brunei, riche producteur de pétrole : 10 Mt environ à Séria et à Kuala Belait. Pour se réserver cette richesse, le sultan de Brunei a refusé d’adhérer à la fédération de Malaysia.

J. D.

L’histoire

Les échanges par mer sont anciens, et c’est dans la région de Kutai que l’on a retrouvé les inscriptions sanskrites les plus anciennes de l’archipel (vers le Ve s.) ainsi que plusieurs statues indianisées. La présence javanaise est attestée dans le Sud (à Amuntai) dès le XIVe s., et la présence chinoise l’est un peu partout dans le Nord, sur les côtes et même dans l’intérieur (notamment par des jarres en céramique servant d’urnes funéraires, mais aussi de monnaie) ; au début du XVe s., un roi de

« Po-ni » (Brunei) mourait à Nankin au cours d’un voyage d’ambassade. Avec l’expansion de l’islām et du commerce musulman (XVe-XVIe s.), de nombreuses colonies malaises ou bougis se sont installées sur les côtes, surtout à l’embouchure des grands fleuves ; organisées sous l’autorité de sultans, elles vivaient surtout du troc avec l’arrière-pays. Les Européens firent leur apparition dès le début du XVe s. (en 1521, la flotte de Magellan toucha à Brunei, sultanat alors important, qui donna son nom à l’île de « Bornéo »), et, en 1606, la Compagnie hollandaise déléguait un représentant à Banjermassin, la colonisation ne se fit pourtant qu’au XIXe s.

En 1826, le sultanat de Banjermassin reconnaissait par traité la suzeraineté de la Hollande ; les premiers explorateurs (Müller, Schwaner) se risquaient à l’intérieur, ainsi que les missions protestantes, qui devaient avoir un certain succès en pays dayak. Une guerre difficile (1850-1854) permit aux Hollandais d’étendre leur autorité dans l’Ouest (arrière-pays de Pontianak), où, depuis le XVIIIe s., plusieurs colonies chinoises exploitaient l’or.

En 1841, un aventurier anglais,

James Brooke, s’installait à Kuching comme « rajah » de Sarawak ; en 1846, l’île de Labuan était cédée à la Grande-Bretagne, qui étendait ensuite son

protectorat sur Sabah (Bornéo-Septentrional), puis sur le sultanat de Brunei ; tout le nord de l’île passait ainsi sous contrôle britannique (1888). En 1963, Sarawak et Sabah ont été rattachés à la Malaysia (guerre de confrontation avec l’Indonésie jusqu’en 1966), Brunei restant protectorat britannique. Comme en péninsule Malaise, le problème le plus grave est celui de la plurinationalité (forte « minorité » chinoise).

D. L.

F Asie de la mousson / Indonésie / Malaysia.

Bornou

En angl. BORNU, ancien empire négro-africain du Soudan central, où il absorba les légendaires Saos.

Connu grâce aux Arabes et aux chroniques, le Bornou fut gouverné par la dynastie quasi millénaire (Xe-XIXe s.) des Sayfīya, sans doute d’origine saharienne, installée d’abord au Kanem, à l’est du lac Tchad. À son apogée, sous Idrīs Alaoma (1571-1603), il s’étendit sur les régions constituant aujourd’hui le nord-est du Nigeria jusqu’à Kano, le nord du Cameroun, l’ouest du Tchad (Kanem) et atteignant au nord le Ti-besti. Il contrôlait alors les principales pistes caravanières transsahariennes menant du Maghreb oriental, du Fez-zan ou du Ouadaï aux métropoles

haoussas, ainsi que les mines de sel ou de natron du Sahara central.

Au point de vue ethnique, les paysans kanouris constituaient la population dominante. Mais il existait des minorités Toubous, Arabes Choas,

Kotokos, Mandaras, Haoussas, Peuls, constituées en petites chefferies ou en clans nomades, liées au Bornou par l’allégeance personnelle de leurs chefs au souverain et par le paiement d’un tribut.

Islamisée depuis le XIe s., la société kanouri était soumise aux impôts et, en principe, au droit coranique. Elle n’en restait pas moins imprégnée de croyances animistes, et les structures socio-politiques demeuraient négro-africaines, conservant des caractéristiques empruntées à une organisation

probablement matrilinéaire. Le souverain (mai), semi-divin, gouvernait étroitement entravé par la surveillance de la reine mère (maghira), les obligations d’une étiquette pointilleuse et l’importance des dignitaires, libres ou esclaves, à la fois conseillers à la cour ou titulaires de charges et chefs de province.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

1648

La relative centralisation du pouvoir et une cavalerie lourde redoutée assurèrent au Bornou une appréciable stabilité jusqu’au XIXe s. malgré l’agitation des Toubous et les raids des Touaregs.