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Ces réminiscences médiévales ne

sont pas fortuites ni étrangères à la volonté de Borromini de substituer une composition géométrique à celle de ses contemporains, modulaire et anthropomorphique ; par là il rejoint les conceptions des derniers maîtres d’oeuvre gothiques. Il appartiendra au père Guarini* d’aller plus loin encore et de faire du baroque une synthèse.

H. P.

G. C. Argan, Borromini (Milan, 1952). /

H. Thelen, Francesco Borromini, die Handzeich-nungen (Graz, 1967). / P. Portoghesi, Borromini (Vincent Fréal, 1970).

Bosch

(Jheronimus ou

Hiëronymus,

en fr. Jérôme)

Peintre des anciens Pays-Bas méridionaux († Bois-le-Duc 1516).

L’homme

Son nom véritable, Jeroen Van Aken (ou Aeken), porte à croire que sa famille pouvait être originaire d’Aix-la-Chapelle. On sait que son grand-père, trois de ses oncles, son père et un de ses frères étaient établis à ’s Hertogenbosch (Bois-le-Duc) comme

« maelre », c’est-à-dire comme

peintres. Il a pris pour pseudonyme Bosch, abréviation usuelle du nom de la ville. On croit pouvoir situer la date de sa naissance vers 1450, sur la foi d’un document de la période 1480-81

qui le mentionne comme étant alors l’époux d’Aleid Van Meervenne, issue

d’une famille bourgeoise aisée. C’est à partir de cette époque qu’une bonne vingtaine de pièces d’archives nous fournissent des bribes de renseignements au sujet de sa position sociale et de ses activités. Aussi laconiques et fragmentaires qu’elles soient, ces données nous permettent de penser qu’il dut mener une vie bien rangée.

Devenu membre d’une confrérie pieuse satellite de la cathédrale — la confrérie de Notre-Dame —, il était régulièrement sollicité par elle pour donner son avis sur la polychromie d’un retable sculpté, pour dessiner l’ébauche d’un vitrail ou d’un objet du culte.

Le seul document relatif à une commande proprement dite est conservé aux archives de Lille : en 1504. Bosch reçoit des arrhes pour l’exécution d’un grand tableau « de neuf pietz de hault et unze pietz de long ou doit estre le Jugement de dieu assavoir paradis et infer », tableau qui lui avait été commandé par Philippe le Beau, vraisemblablement à l’occasion de la visite faite par ce dernier à Bois-le-Duc.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

1650

Enfin, tout porte à croire que la vie du maître s’est entièrement déroulée dans les alentours et dans les murs même de Bois-le-Duc, ville de province dont l’importance ne fut pas négligeable à l’époque. C’est à la cathédrale Sint-Jan que furent célébrées ses obsèques, le 9 août 1516. On ne lui connaît pas de descendance.

L’oeuvre

Les données fournies par les documents de son temps ne sont pas de nature à expliquer clairement son oeuvre ni même à permettre d’en dresser vaille que vaille un catalogue. Le Jugement dernier qui aurait pu servir de repère fait défaut : le triptyque analogue conservé à Vienne ne peut en effet, vu ses dimensions nettement inférieures, être considéré comme le tableau commandé par Philippe le Beau. Peut-être s’agit-il d’une réplique. D’aucuns estiment que le tableau original a péri et

que nous n’en conservons qu’un morceau, à savoir le fragment qui se trouve à la Pinacothèque de Munich.

Quant à sa signature — toujours en caractères gothiques —, elle n’offre en principe aucune garantie, puisque, dès les années 1560-1563, Felipe de Guevara, qui fut un des premiers collectionneurs des oeuvres de Bosch, nous avertit qu’il en existe des imitations munies d’une signature contrefaite.

Il en résulte qu’un catalogue de

l’oeuvre de Bosch ne peut être esquissé que sur la base de quelques mentions (souvent incomplètes ou équivoques) dans les inventaires anciens et, à défaut de mieux, sur la base de critères stylistiques. Les panneaux n’étant jamais datés, c’est encore à l’analyse stylistique qu’il faut avoir recours pour tenter d’en dresser une chronologie.

Certains ont été détruits par les Iconoclastes. Les oeuvres qui se trouvaient encore à la cathédrale au début du XVIIe s. ont disparu en 1629, d’autres ont péri dans des incendies, d’autres encore ont été dégradées par des nettoyages ou des traitements maladroits.

À défaut d’une étude systématique et approfondie de l’oeuvre tout entier par les méthodes de laboratoire — étude qui pourrait éclaircir nombre de problèmes provisoirement insolubles —, le catalogue se présente pour l’instant comme il suit :

A. Tableaux portant une signature jugée authentique

1. La Tentation de saint Antoine, triptyque (Lisbonne)

2. Épiphanie, triptyque (Madrid,

Prado)

3. La Charrette de foin, triptyque (Madrid, Prado)

4. Saint Jean à Patmos (Berlin)

5. Saint Christophe (Rotterdam)

6. Retable des ermites, triptyque (Venise ; palais des Doges)

7. Retable de sainte Julie ou de sainte Wilgeforte, dite Ontcommer, triptyque (Venise, id.).

B. Tableaux identifiés sur la foi des inventaires anciens

8. Les Sept Péchés capitaux, dessus de table (Madrid, Prado)

9. Le Jardin des délices terrestres, triptyque (Madrid, Prado)

10. Le Portement de croix (Madrid, Palais royal)

11. Le Couronnement d’épines

(Escorial)

Les autres tableaux mentionnés dans les inventaires ont disparu.

C. Tableaux provisoirement attri-

bués à Bosch sur la base de critères stylistiques

12. L’Opération de la pierre de folie (Madrid, Prado)

13. Le Prestidigitateur

(Saint-Germain-en-Laye)

14. Les Noces de Cana (Rotterdam) 15. Le Christ en croix (Bruxelles) 16. Ecce homo (Francfort)

17. Ecce homo (Philadelphie)

18. Le Jugement dernier, triptyque (Vienne)

19. Le Jugement dernier, fragment (Munich)

20. Épiphanie (Philadelphie)

21. La Mort de l’avare (Washington) 22. La Nef des fous, volet [?] (Paris, Louvre)

23. Le Déluge et l’Enfer, volets

(Rotterdam)

24. Le Paradis et l’Enfer, volets (Venise, palais des Doges)

25. Le Portement de croix, volet [?]

(Vienne)

26. Le Portement de croix (Gand)

27. Saint Jérôme en prières (Gand) 28. Le Couronnement d’épines

(Londres)

29. Saint Jean-Baptiste dans le désert (Madrid, Prado)

30. La Tentation de saint Antoine (Madrid, Prado)

31. L’Enfant prodigue ou le Vagabond (Rotterdam)

32. Tête de femme, fragment

(Rotterdam).

D. Dessins

Une trentaine de feuilles non signées, mais dont quelques-unes portent une signature apocryphe.

Quant à la chronologie, c’est celle proposée par Ch. de Tolnay qui fait autorité. Les panneaux dont le dessin est jugé gauche (par exemple les Sept Péchés capitaux et l’Opération de la pierre de folie) se situeraient au début de la carrière de Bosch, et les grands triptyques (comme le Jardin des dé-

lices terrestres et la Tentation de saint Antoine) à l’époque de la maturité, tandis que les compositions à demi-figures seraient tardives.

L’origine de son style

L’art de Jérôme Bosch est éminem-

ment personnel, à tel point que les spécialistes en la matière n’ont jamais pu démontrer à quelle source il aurait pu puiser son style. Il est vrai que l’art du Maître de Flémalle (Nativité, Dijon), le « style international » des années avant et après 1400, la gravure allemande (par ex., Schongauer et le Maître E. S.), les incunables du XVe s., Dieric Bouts (Dernière Cène, Louvain, Sint-Pieter) et le Jugement dernier du musée de Diest offrent des points de comparaison, mais, en admettant que Bosch en ait emprunté çà et là quelques éléments, on peut affirmer qu’il les a assimilés et transformés à sa guise.