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La marque de l’islam se manifeste encore par la densité des mosquées dans les villes qui ont gardé leurs hans, leurs bains, le bazar des corporations, appelées ici čaršija. Elle se traduit dans les patronymes, les toponymes et dans plusieurs domaines de la vie sociale, familiale et privée. Mais la tolérance dont faisaient preuve les Ottomans et l’influence de l’Autriche-Hongrie expliquent la présence de noyaux de populations chrétiennes (romaine et orthodoxe). La diversité de la composition ethnique ou nationale reflète parfaitement l’originalité de la Bosnie-

Herzégovine dans la Fédération des peuples slaves du Sud. Une partie des Bosniaques s’affirme « musulmane »

ou « indéterminée », une autre se dé-

clare « croate » ou « serbe ».

Ces particularités et cet isolement se traduisent par l’absence, au moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, d’un bon réseau de communications : une médiocre voie ferrée traverse de part en part la masse dinarique. Certains aspects de la démographie, enfin, témoignent d’un archaïsme comparable à celui de la Macédoine ou du territoire de Kosovo-Metohija : les taux de natalité ne sont tombés au-dessous de 30 p. 1 000 qu’après 1960 ; l’excé-

dent naturel dépasse encore 2 p. 100.

Le taux d’analphabétisation se situait au-dessus de 30 p. 100 dans la population âgée de plus de dix ans au recensement de 1961.

L’économie

Le développement économique de la République n’en est que plus spectaculaire. Dans le cadre de l’aide aux régions les plus défavorisées, le gouvernement fédéral et celui de la République ont accordé une somme d’investissements par tête d’habitant supérieure à celle des républiques du Nord-Ouest (Croatie et Slovénie). Le pays s’est donc rapidement transformé. Cet effort affecte essentiellement la mise en valeur des ressources minérales et la constitution des foyers industriels. Exploitées par les Romains, puis par les Turcs et les Autrichiens, les mines de la « Bosnie dorée » ont été modernisées, étendues à la suite de nouvelles prospections, intégrées à des complexes industriels.

Le charbon brun et le lignite sont exploités dans plusieurs bassins : Tuzla, Ugljevik, Banovići, Breza et Kakanj.

Le centre de Vareš fournit la majeure partie du minerai de fer du pays. La bauxite est extraite de poches de la ré-

gion karstique, principalement autour de Mostar. La mine de manganèse de Čevljanovići reste la plus productive des Balkans, malgré son épuisement.

Le plomb et le zinc se trouvent dispersés en plusieurs gisements sur la rive gauche de la Drina. L’antimoine, minerai rare, a été découvert à Zajača, près de Zvornik. S’ajoutent à cette liste un

peu d’amiante et le sel gemme du bassin de Tuzla. L’énergie est fournie en majeure partie par des centrales thermiques alimentées par le lignite. Sur la Neretva supérieure, la centrale hydraulique de Jablanica fournit plus d’un demi-milliard de kilowatts-heures ; sur la Drina, celle de Zvornik en fournit un peu moins. L’aménagement du réseau de la Drina en amont se poursuit, le potentiel de production étant de l’ordre de 3 TWh.

Les nouveaux foyers industriels se développent à proximité des mines, au fond des bassins et de la vallée de la Bosna. Ainsi, Tuzla est le centre de bassins houillers et de sel, de l’industrie de la soude et de cokeries (Lukavac).

Le fer de Vareš est traité dans les hauts fourneaux et les fours électriques de Zenica, qui assure la moitié de la production d’acier de la Yougoslavie. Des industries de transformation se sont développées dans la vallée de la Bosna moyenne et inférieure (Zavidovići, le plus gros combinat de cellulose, et Doboj), dans les grandes villes, où sont représentées les branches textiles, à partir de la tradition du tapis et des tissages. Les constructions mécaniques pour le marché local et toute la gamme des industries légères et alimentaires sont dispersées (conserves à Mostar ; cuir et tabac à Banja Luka, etc.).

Les mutations sociales et géogra-

phiques entraînées par l’industrialisation sont plus spectaculaires encore que la croissance de la production. La moitié des communes de la République ont perdu une partie et, dans certains cas, plus des trois quarts de leur population.

L’agriculture s’est considérablement réduite, et nombreux et étendus sont les pâturages et les champs abandonnés.

La production surtout céréalière (maïs) et fruitière (vergers de pruniers pour la fabrication de l’eau-de-vie appelée šljivovica) est le fait de grandes exploitations socialisées ou de très petites exploitations d’ouvriers-paysans. Les villes se sont accrues par l’amélioration des communications, l’offre d’emplois dans l’industrie et les services, la construction de nouveaux ensembles résidentiels, qui provoquent le dédoublement d’une ville historique ; ainsi, Travnik, ancienne ville de pachalik,

gagne 47 000 habitants par la fondation du « nouveau Travnik ». Tuzla, Banja Luka et Zenica ont presque doublé leur population depuis la dernière guerre.

La capitale de la République, Sarajevo, qui dépasse 200 000 habitants, symbolise le développement de la

Bosnie. La ville de l’islām, juchée sur des hauteurs, devient un site touristique, avec sa čaršija, sa medersa, son caravansérail et ses mosquées. La ville autrichienne, le long de la rivière Miljacka, a été complétée vers l’aval par des ensembles résidentiels. Une troisième ville, industrielle, abrite de nouvelles entreprises, de taille moyenne (cuir, textile, montage de voitures de marque N. S. U. à Vogošće, fabrication d’aciers spéciaux à Ilidža).

Enfin, le tourisme de passage, en direction des plages adriatiques, n’est pas négligeable et peut être très développé.

A. B.

L’histoire

Le Moyen Âge

La Bosnie, dénommée d’après la

rivière Bosna, est au Néolithique le centre de l’importante culture de But-mir ; peu pénétrée par les Grecs, progressivement colonisée par Rome à partir du IIIe s. av. J.-C., elle fait partie de l’Empire romain, puis de l’Empire byzantin. Après l’arrivée des Slaves au VIe s., elle semble n’avoir eu qu’assez tardivement une organisation étatique.

Cependant, sous la suzeraineté, souvent assez nominale, de la Hongrie entre 1138 et 1463 (avec de 1165 à 1180 un intermède byzantin), elle va s’affirmer en tant qu’État : à la fin du downloadModeText.vue.download 556 sur 583

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

1653

XIIe s. sous le ban Kulin, au XIVe s. avec Etienne II Kotromanić (1322-1353) et son neveu Tvrtko Ier Kotromanić (1353-1391).

Poursuivant l’extension territoriale entreprise par son prédécesseur, en particulier vers la Dalmatie et la Ser-

bie, Tvrtko Ier fait de la Bosnie le principal État de l’époque dans les régions yougoslaves, les Croates étant soumis à la Hongrie et la Serbie étant déjà affaiblie par les Turcs ; il se fait couronner roi en 1377. L’activité minière, l’artisanat et le commerce connaissent une grande expansion. Mais, après la mort de Tvrtko, une période d’anarchie commence. L’histoire de la Bosnie au Moyen Âge est en effet marquée par la lutte des grands féodaux contre le pouvoir central, lutte qui s’exprime en particulier dans le domaine religieux, le souverain étant souvent catholique, tandis que les féodaux soutiennent l’Église bosniaque. En effet, il s’est formé en Bosnie une Église originale