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— vraisemblablement apparentée à

l’hérésie manichéenne bogomile — et qui, semble-t-il, ne perçoit pas de dîme, n’est pas propriétaire de terres et ne siège pas dans les diètes du royaume.

Cette Église est persécutée à l’instigation du pape, qui suscite contre elle des croisades et qui est soutenu le plus souvent dans son action par le souverain, forcé d’accepter le rite latin.

Les dissensions des féodaux et les persécutions religieuses facilitent la conquête de la Bosnie par les Turcs : ceux-ci y commencent leurs incursions surtout après leur victoire de Kosovo (1389) sur les Serbes, d’ailleurs assistés par la Bosnie. Malgré les efforts d’opposition de Tvrtko II (1421-1443) et d’Etienne Tomas (1443-1461), la Bosnie, qui paie tribut aux Turcs depuis 1435, est conquise par Mehmed II en 1463 ; les forteresses se livrent sans grande résistance, et le souverain d’alors, Etienne V Tomašević, est fait prisonnier et tué. Pour enrayer l’avance turque, la Hongrie forme dans le nord de la Bosnie les deux marches frontières de Srebrenica et de Jajce, qui sont conquises à leur tour par les Turcs respectivement en 1512 et 1528. L’He-rzégovine, dont le nom Herceg a pour origine le titre allemand de « Herzog »

(duc) et qui a été constituée en une unité politique indépendante au milieu du XVe s. par le grand féodal Etienne Vukčić, est occupée en 1482.

La Bosnie turque

Jusqu’en 1878, la Bosnie dépend directement des Turcs. La population, lasse

des persécutions religieuses, se convertit en masse à l’islām, de même qu’une large partie des féodaux, qui gardent ainsi leurs terres. Comme partout dans l’Empire ottoman, le système des spa-hiluks (fiefs militaires non héréditaires) est introduit. Du point de vue administratif, un pachalik (pašaluk) de Bosnie est établi en 1580, comprenant aussi la Slavonie et des régions dalmates. Mais, à la suite du recul de l’Empire ottoman après la guerre austro-turque de 1683

à 1699 — le prince Eugène de Savoie fait alors une incursion jusqu’au coeur de la Bosnie —, le pachalik acquiert à peu près les frontières actuelles de la république de Bosnie-Herzégovine et devient une province turque périphé-

rique face à l’Autriche : on y crée des kapetanije (unités territoriales militaires spécifiques).

Aux XVIIIe et XIXe s., les féodaux de Bosnie, y compris ceux qui sont venus de Slavonie et de Dalmatie après 1699, transforment de plus en plus leurs spa-hiluks en propriétés héréditaires, aggravant ainsi le sort des paysans ; ils s’efforcent aussi d’être plus indépendants du pouvoir central.

Au XIXe s., pour rétablir l’ordre, la Porte entreprend des réformes : suppression des kapetanije en 1835, égalité civile prévue par l’hatti şerif de Gülhane en 1839, essai de réforme des rapports agraires en 1848, 1859

et 1876, réforme de l’artisanat en 1851, création d’un conseil régional en 1866. Cependant, la mise en application de ces mesures se heurte à l’opposition des grands féodaux : ceux-ci réclament également l’autonomie pour la Bosnie et, au cours de la première moitié du XIXe s., provoque-ront diverses rébellions (en particulier celle de Husein-kapetan Gradaščević en 1831), qui ne seront définitivement matées qu’en 1851 par la campagne d’Ömer pacha, envoyé par le sultan.

D’autre part, ces réformes n’amé-

liorent pas la situation de la population, qui se soulève plusieurs fois (1834 et 1857-58), parfois avec l’aide du Monténégro, lorsque le mouvement touche l’Herzégovine. L’écrasement brutal d’une de ces révoltes, en 1875, provoque l’intervention contre la Turquie

du Monténégro et de la Serbie, puis celle de la Russie.

Le traité de San Stefano, signé

entre la Turquie vaincue et la Russie en 1878, prévoit l’autonomie pour la Bosnie ; mais il est révisé la même année au congrès de Berlin, qui attribue l’administration de la Bosnie-He-rzégovine à l’Autriche tout en maintenant la suzeraineté turque. Préoccupée par l’irrédentisme serbe, profitant de la faiblesse russe après 1905, l’Autriche va annexer complètement la Bosnie en 1908.

Depuis 1908

L’Autriche a dû faire une campagne militaire pour imposer son occupation ; une nouvelle pacification sera nécessaire pour enrayer l’agitation contre la conscription obligatoire en 1882. Administrée d’une façon autoritaire, en particulier sous Benjamin von Kállay (ministre des Finances de Vienne) de 1882 à 1903, la Bosnie bénéficie de peu de réformes. Le maintien des lois turques en matière agraire favorise les grands propriétaires musulmans ; cependant, la loi de 1911 accélère la libération des serfs par achat aux propriétaires.

Dans le cadre d’un capitalisme

d’État, l’Autriche développe l’économie, mais sans souci réel de l’intérêt du pays (voies ferrées étroites, surexploitation). Elle lutte contre le nationalisme musulman, croate et serbe surtout, tout en propageant l’idée d’une nationalité bosniaque. Malgré certaines concessions obtenues après 1903 (autonomie religieuse et scolaire pour les musulmans et les Serbes, Constitution de 1910), l’opposition se développe : grève générale en 1906 ; « grève » des paysans en 1910, qui refusent de payer les redevances ; mouvement pour l’in-dépendance, le yougoslavisme, avec Petar Kočić (1877-1916) ; mouvement de la jeunesse de Bosnie, réunie dans la Mlada Bosna. Quelques jeunes Bosniaques, dont certains reviennent à cette fin de Serbie, où ils étaient réfu-giés, préparent l’attentat qui coûtera la vie à l’archiduc héritier d’Autriche François-Ferdinand lors de son passage à Sarajevo (28 juin 1914) et qui

sera à l’origine de la Première Guerre mondiale.

Après la défaite de l’Autriche en 1918, la Bosnie s’intègre dans le royaume des Serbes, Croates et Slovènes établi en décembre 1918, mais n’y jouit pas de l’autonomie escomptée. Un parti musulman yougoslave (Jugoslovenska Muslimanska Orga-nizacija), dirigé par Mehmet Spaho et groupant surtout les grands propriétaires, se montre opportuniste ; il soutient la Constitution centraliste de 1921 afin d’obtenir des indemnités supérieures pour les terres touchées par la réforme agraire. Intégrée en 1941 à l’« État indépendant croate », devenu un centre important des activités du mouvement des partisans (et des contre-attaques allemandes), la Bosnie crée en novembre 1943 son Conseil antifasciste de libération nationale.

Libérée totalement en 1945, grâce à l’action des partisans, elle peut prendre alors sa pleine expansion en tant que république fédérée de Bosnie-Herzé-

govine dans le cadre de l’État fédéral yougoslave à système socialiste.

M. P. C.

F Yougoslavie.

V. Klaić, Geschichte Bosniens (trad. du croate, Leipzig, 1885). / I. Cvijić, l’Annexion de la Bosnie et la question serbe (Hachette, 1909).

/ M. Prelog, Histoire de la Bosnie (en croate, Sarajevo, 1912 ; 3 vol.). / D. Obolensky, The Bogomils (Cambridge, 1948). / M. Šamić, les Voyageurs français en Bosnie à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, et le pays tel qu’ils l’ont vu (Didier, 1960). / V. Dedijer, The Road to Sarajevo (Londres, 1967 ; trad. fr. la Route de Sarajevo, Gallimard, 1969).

Bosse (Abraham)

Graveur français (Tours 1602 - Paris 1676).

Fils d’un tailleur, il eut l’occasion de voir dans sa ville natale des gravures de Jacques Callot*, qu’il vint, dit-on, rencontrer à Paris en 1628 et qui lui enseigna de remplacer le vernis mou et gras dont les premiers graveurs à l’eau-forte avaient coutume d’enduire la planche de cuivre par un vernis

dur qu’employaient déjà les luthiers.

Abraham Bosse allait lui-même donner plus de consistance à ce vernis, plus de résistance à l’outil et obtenir ainsi des estampes ayant la même fermeté de style que celles qui étaient réalisées au burin.