Jean Bauhin (1541-1613), élève de Fuchs, publia la description illustrée de plus de 5 000 espèces. Son frère Gaspard, élève de Clusius, composa son principal ouvrage Prodromos
theatri botanici en 1620 ; il se servit dans sa classification de plusieurs caractères pour grouper les plantes (plus de 6 000) ; il considéra que les Graminées sont les espèces les plus simples. Reprenant les idées de Césalpin, il réduisit la description à un nom accompagné de très peu d’adjectifs ; ainsi nomma-t-il la Pomme de terre So-lanum tuberosum, nom qui est encore aujourd’hui unanimement employé. On peut encore citer parmi les botanistes de ce temps : Pierre Richer de Belleval (1564-1632), qui publia des listes de plantes des montagnes françaises ; Jacques Dalechamps (1513 - v. 1588) ; Jean Desmoulins (1530-1620) ; Jean Ruel (1479-1537) ; Rembert Dodoens (1518-1585), qui précisa les diverses parties des fleurs ainsi que les fonctions des tiges et des feuilles (1583) ; Ulisse Aldrovandi (1522-1605), particulièrement connu grâce à une Histoire naturelle ; Jakob Theodor Tabernae-montanus (1515-1590), élève de Bock, dont le Nouvel Herbier fut de nombreuses fois réédité pendant plusieurs siècles ; Prospero Alpino (1533 - v.
1617), qui redémontra la nécessité du
pollen pour obtenir les fruits du Dattier ; Fabius Columna (1567-1650), qui donna au terme de pétale l’acception qu’on lui attribue actuellement ; Joachim Jung (1587-1657), qui, tout en insistant sur la disposition et le nombre des étamines, définit ce terme comme il l’est aujourd’hui et montra qu’il ne faut pas systématiquement séparer toutes les plantes herbacées des arbres. Jung précisa également la structure et la symétrie des tiges et des feuilles ainsi que la nature de certains fruits (fruits indéhiscents). Rares sont les auteurs qui donnèrent des listes de plantes par pays (Valerius Cordus [1515-1544], Italie ; C. de Lécluse, Espagne ; Tha-lius, Thuringe) ; les véritables flores locales n’apparurent qu’au début du XVIIe s. À côté de cette étude de science pure, il faut noter la création, à cette époque, de nombreux jardins botaniques ; d’abord en Italie du Nord (Venise, 1533 ; Padoue, 1545 ; Pise, 1546 ; Bologne, 1568), puis en Hollande, en Allemagne et en France. On peut citer en particulier un arboretum près du Mans, planté par Belon en 1540, le jardin de Montpellier en 1593 et celui de Strasbourg en 1629. À Paris, Nicolas Houel (v. 1524-1587) créa en 1578
le « Jardin des apothicaires » rue de l’Arbalète, à l’emplacement de l’actuel Institut national agronomique, et Jean Robin et son fils Vespasien établirent en 1597 un jardin de plantes médicinales dans l’île Notre-Dame. En 1626, Gui de La Brosse (1586-1641) fonda faubourg Saint-Victor un jardin qui, par décret royal de Louis XIII en 1635, devint le « Jardin royal des plantes mé-
dicinales » et où V. Robin transporta la même année le Robinier qui subsiste encore et qu’il avait semé en 1601
dans son jardin de la place Dauphine.
Olivier de Serres (1539-1619) et Jean de La Quintinie (1626-1688) s’occupèrent d’agriculture (fumure des sols) et d’horticulture (taille des arbres).
Le XVIIe siècle
y Systématique. Robert Morison
(1620-1683) et Pierre Magnol (1638-1715), les premiers botanistes du XVIIe s., précisèrent de plus en plus dans leurs monographies la conception de groupes naturels. John Ray ou Wray (1627-1705), dans son
travail Historia plantarum genera-
lis (1686-1704), où il décrivit près de 19 000 plantes, distingua entre Dicotylédones et Monocotylédones, en précisant la structure des graines (l’embryon, l’albumen et le nombre des cotylédons). Le premier, il sé-
para nettement les plantes à fleurs des Cryptogames, dans lesquelles, malheureusement, il rangea les Lentilles d’eau. Mais il ne reprit pas les idées judicieuses de Jung et il continua d’opposer les plantes herbacées et les arbres. Augustus Bachmann
(1652-1723) tenta de perfectionner, en vain, la classification de J. Ray.
C’est à cette époque (1694) que parurent les Éléments de botanique de Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708). Bien que cet auteur perpétuât l’erreur de J. Ray de diviser le règne végétal entre les herbes et les arbres, sa classification fit faire un grand pas à la systématique grâce à ses qualités d’observation et de synthèse. En se servant des documents amassés par ses prédécesseurs, il codifia toutes les formes de fleurs ; il reconnut ainsi les plantes sans pétales (apétales), les plantes à pétales séparés (polypétales, les dialypétales actuelles), les plantes à pétales soudés (monopétales = gamopétales), les formes régulières et irrégulières. Cela lui permit de répertorier le règne végétal en vingt-deux classes, dont beaucoup furent conservées par Linné.
Au début de sa carrière, Tournefort fit de nombreux voyages en Europe, dont un, célèbre, dans les Pyrénées ; il en rapporta un herbier qui est une des richesses du Muséum de Paris, où il professa de 1702 à sa mort.
Sébastien Vaillant (1669-1722) publia un remarquable recueil des plantes de la région parisienne et apporta de nouvelles précisions sur la sexualité des végétaux. En 1714, il fit doter le Jardin du roi (le Muséum national d’histoire naturelle) de la première serre chaude de France ; elle servit à la culture du premier pied de Caféier donné à la France à la suite du traité d’Utrecht ; ce pied ayant fructifié, les graines furent importées aux Antilles pour amorcer la culture en grand de cette espèce. À côté de ces très grands savants, il faut nommer Jacques Bar-
relier (1606-1673) et William Sherard (1659-1728).
Les flores exotiques commencèrent vraiment d’être étudiées à cette époque grâce à de nombreux voyageurs naturalistes, tels le père Charles Plumier (1646-1706) au Pérou, Francisco
Hernandez (1517-1587) au Mexique, du Terrec aux Antilles, et beaucoup d’autres, comme Outgaert Cluyt,
Jacques Cunningham, Étienne de
Flacourt, John Tradescant, Johannes Commelin, Engelbert Kaempfer, Paul Hermann, Nicolas Grim, André Cleyer, etc.
C’est dans ce siècle que commença la spécialisation des études, et, à côté de la systématique, d’autres recherches débutèrent dans de nouvelles directions.
y Anatomie. Grâce à l’emploi du
microscope (découvert par H. et Za-charias Janssen au début du XVIIe s. et perfectionné par R. Hooke vers 1660), des études furent entreprises sur la structure des végétaux : ce fut le début de l’histologie.
En 1665, le physicien Robert Hooke (1635-1703) put préciser qu’un morceau de tissu végétal (liège) est formé de petites cavités qu’il appelle cellules. Mais les premières recherches vraiment scientifiques furent surtout dues à Nehemiah Grew (1641-1712)
et à Marcello Malpighi (1628-1694), qui constatèrent que tous les végétaux étaient formés de « vésicules » et de
« tubes », ces derniers pouvant être ornés d’un réseau ou de ponctuations (Grew) et parfois avoir une structure spiralée (Malpighi, 1671). L’examen au microscope permit à Malpighi de préciser la localisation des différents tissus (c’est Grew qui employa ce terme pour la première fois en anatomie botanique) dans de nombreuses tiges ; il distingua ainsi, entre autres, l’écorce, des fibres, les faisceaux li-béro-ligneux et il donna une explication de l’accroissement en épaisseur des tiges, le jeune bois provenant de la partie externe du bois préexistant (tissu que Grew dénomma cambium).
Il aborda aussi l’étude de la feuille (structure générale et nervation) et il
démontra que les raquettes d’Opuntia, quoique aplaties, sont bien des tiges et non des feuilles. Il précisa également la limite entre la tige et la racine, dé-
crivit les poils absorbants des racines, un grand nombre de fruits et pressentit la transformation de l’ovule en graine et la formation de l’embryon ; il observa avec très grande précision les modalités de germination du Haricot et signala même les petits tubercules qui sont sur les racines, dont on expliquera seulement deux siècles plus tard la constitution intime (nodosités bactériennes). Grew montra que tous les organes souterrains ne sont pas uniquement des racines, mais parfois des tiges. Mais ce ne sera qu’au XVIIIe s. que Louis-Marie Dupetit-Thouars (1758-downloadModeText.vue.download 561 sur 583