La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3
1658
1831) confirmera vraiment que certains tubercules sont des tiges hypertrophiées et non des racines. Il étudia la structure anatomique de la graine, créa le terme d’albumen et découvrit la structure bilatérale des pétioles.
Malpighi et Grew, ne se conten-
tant pas, comme leurs prédécesseurs, de la morphologie externe, étudièrent la structure intime des ovules et des étamines.
y Physiologie végétale. Les pre-
mières recherches de physiologie
végétale sont dues à Jan Baptist Van Helmont (1577-1644) et concernent la nutrition des végétaux, mais c’est à Edme Mariotte (v. 1620-1684)
que l’on doit une première étude
des divers composés chimiques des plantes ; il pensait que « c’était la pression de la sève » qui commandait leur croissance. Claude Perrault (1613-1688) démontra expérimentalement la présence de deux sèves.
Denis Dodart (1634-1707) s’intéressa au géotropisme des tiges et des racines. En 1671, Malpighi attribua aux feuilles un rôle dans la nutrition des végétaux ; Robert Boyle (1627-1691) et C. Menet pressentirent l’influence des composés de l’air sur les végé-
taux. Après les nouvelles expériences
(1673) de Paolo Boccone (1633-1704) sur la fécondation des Palmiers, il faut surtout citer les travaux de Rudolf Jakob Camerarius (1665-1721), qui, en 1694, démontra définitivement la sexualité des fleurs.
Le XVIIIe siècle
Au XVIIIe s., un nom, parmi tous, va dominer, celui de Carl von Linné* (1707-1778). Mais d’autres traités généraux de botanique furent publiés alors : l’Essai élémentaire sur la botanique et les Lettres sur la botanique de J.-J. Rousseau, les Elementa botanica de Necker, The Vegetable System (en treize volumes) de Bryant, Pulteney et Hil, et surtout l’oeuvre familiale des Jussieu*. Buffon* (1707-1788), intendant du Jardin du roi, précisa l’espèce en accolant à la définition morphologique une caractéristique biologique liée à la sexualité, l’espèce étant pour lui
« la réunion des individus semblables à eux-mêmes et féconds ». C’est cette définition qui est, à l’heure actuelle, le plus généralement adoptée. Buffon se consacra aussi à des études de physique végétale (croissance et résistance des bois) avec Louis Duhamel du Monceau (1700-1782).
y Phanérogamie. Outre Carl von
Linné, les Jussieu et Georges Buffon, nombreux furent les savants qui apportèrent eux aussi leur contribution à la systématique et aux nouvelles sciences naissantes : François Boissier de Sauvages (1706-1767), qui rechercha une classification sur la forme des feuilles et leur disposition ; Louis Claret de La Tourrette (1729-1793), dont le principal ouvrage, resté anonyme (Démonstrations élémentaires de botanique, 1766), fut à la base de l’encyclopédie de Gilibert ; Louis L’Héritier de Brutelle (1746-1800), qui poursuivit des travaux de systé-
matique exotique. Michel Adanson
(1727-1806), après un grand voyage au Sénégal, chercha à établir des rapprochements entre les plantes en examinant le maximum de caractères (65) pris sur toute la plante ; il leur accorda à chacun la même valeur, les végétaux ayant le plus grand nombre de caractères communs devant être les plus proches. Malheureusement, ce
système, théoriquement valable, était d’application très difficile et les cinquante-huit familles ainsi établies par Adanson ne furent pas naturelles. Johann Gottlieb Gleditsch (1714-1786) publia un essai de systématique qui servit à Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836). Jean Gilibert (1741-1814) mit au point une véritable encyclopédie botanique (1798), qui fut souvent rééditée.
En France, les premières flores locales apparurent : Jean Bergeret (1751 -
v. 1813) et l’abbé Pourret (1754-1814) écrivirent deux flores des Pyrénées ; Dominique Villars (1745-1814) étudia celle du Dauphiné ; Antoine Gouan (1733-1821) publia une flore de la région de Montpellier. La Flore fran-
çaise de Jean-Baptiste de Lamarck*
(1744-1829), parue en 1778, domine toutes les autres par sa précision et son ampleur ; elle est la première à possé-
der des clefs dichotomiques qui servent à la détermination des espèces.
Dans tous les pays d’Europe, des
flores générales et locales furent publiées. D’autre part, de nombreuses études, liées aux découvertes des voyageurs naturalistes furent entreprises dans les pays d’outre-mer.
y Cryptogamie. J. Dillen (Dillenius)
[1687-1747] se spécialisa en bryologie et définit les trois grands genres : Hypnum, Bryum et Sphagnum. Le
physicien Antoine de Réaumur*
(1683-1757) s’intéressa aux « Nostochs » et aux Fucus, et en particulier à leur reproduction. Pierre Bulliard (1752-1793) fit de belles études de systématique sur les Champignons
supérieurs. En Suède, Erik Acharius (1757-1819) étudia les lichens et en reconnut plus de huit cents espèces.
y Voyages. Explorations. Flores. Au cours de la croisière de Bougainville*
(1766-1769), à laquelle il participa, Philibert Commerson (1727-1773) re-cueillit de nombreux végétaux au Bré-
sil, en Terre de Feu et dans les principales îles du Pacifique et de l’océan Indien. Les expéditions de Cook* emmenèrent plusieurs botanistes, parmi lesquels Joseph Banks (1743-1820), Daniel Solander (1735-1782) et Rein-
hold et Georg Forster (respectivement 1729-1798 et 1754-1794). D’autre
part, les voyages des naturalistes isolés se multiplièrent, et tous les continents furent visités : l’Amérique du Nord par Michel Sarrazin (1659-1734), André Michaux (1746-1803)
et son fils François André (1770-
1855), John Clayton (v. 1685-1773) ; l’Amérique du Sud par Louis Feuillet (1660-1732), Joseph Dombey (1742-1794), Joseph de Jussieu (1704-
1779)... La flore d’Afrique fut surtout connue grâce à Adanson, qui vécut plus de cinq ans à Fort-Saint-Louis au Sénégal, et à Pierre Poivre (1719-1786) qui visita les îles Moluques, de France, de Bourbon, de la Réunion et de Madagascar, et créa dans les différents lieux de ses résidences de nombreux jardins botaniques. C’est à lui que l’on doit la diffusion de la culture des épices, jusque-là uniquement localisée aux Moluques et dont les Hollandais avaient pratiquement le monopole absolu. Les botanistes Jonas Bergius († 1790), Peter Thun-berg (1743-1828) et Francis Masson (1741-1805) étudièrent la flore du Cap.
L’Afrique du Nord fut visitée par Jean Poiret (1775-1834) et René
Louiche Desfontaines (1750-1833). Ce dernier collecta un magnifique herbier, base de sa Flora atlantica, qui fut à l’origine de l’herbier général du Mu-séum, qui comptait alors environ trois cents paquets (leur nombre, à l’heure actuelle, dépasse 30 000).
La Roque (1661-1745) voyagea en
Arabie, décrivit, l’un des premiers, le Caféier et en donna les propriétés pharmacodynamiques. Auguste Lippi (1678-1704) étudia la flore de l’Égypte.
La Syrie fut visitée par La Billardière, la Turquie par Buxbaum.
Les flores de l’Inde, du Cambodge, de la Cochinchine, de la presqu’île de Malacca, des Comores, de Java, du Japon et de la Chine furent connues dès cette époque. Parmi les botanistes qui travaillèrent sur les plantes des régions exotiques, on peut citer Basile-Valentin, Johannes et Nicolaas Burman, le P. Pierre d’Incarville (1706-1757), à qui l’on doit l’introduction en Europe
de nombreuses plantes telles que l’Ailante, le Cedrella, le Gleditschia et cette belle Bignoniacée que Jussieu lui a dédiée sous le nom d’Incarvillea, ainsi que le P. Charlevoix (1682-1761), qui décrivit un des premiers le Ginkgo.