y Sexualité. Les travaux de Camerarius furent poursuivis au XVIIIe s. grâce aux expériences de Richard Bradley († 1732) sur les fleurs hermaphrodites ; ce dernier réussit les premiers hybrides scientifiques (OEillet, Tulipe). Wilhelm von Gleichen (1717-1783) décrivit la germination du pollen. J. Logan (1654-1751) démontra le rôle du vent dans la fécondation.
Kurt Sprengel (1766-1833) expliqua le mécanisme de la fécondation ento-mophile et y vit une adaptation de la fleur et de l’Insecte ; il montra aussi que la fécondation croisée est souvent de règle même chez les fleurs hermaphrodites. Josef Gottlieb Kölreuter (1733-1806), qui poursuivit ses expé-
riences de fécondation anémophile, effectua de remarquables travaux
sur l’interfécondation entre espèces et précisa la notion d’hybrides « fertiles » ou « stériles ». Enfin, John Tuberville Needham (1713-1781)
étudia de nombreux pollens et Antonio Vallisnieri (1661-1730) observa la curieuse fécondation (aquatique) de la plante qui porte maintenant son nom. Étienne François Geoffroy (1672-1731) pressentit dès 1714 le transport de substances du grain de pollen à travers le stigmate et le style pour arriver jusqu’à l’ovule ; cette idée fut reprise en 1717 par Sébastien Vaillant (1669-1722) dans son Discours sur la structure des fleurs ainsi que par Bernard de Jussieu. En 1764, G. Russworm identifia aux spermatozoïdes des animaux des « granules »
qui se trouvaient à l’intérieur des grains de pollen.
y Physiologie. Au XVIIIe s., les recherches de physiologie et de chimie des plantes furent dominées par les découvertes de Lavoisier* (1743-1794), qui établit que la putréfaction et la combustion redonnent au milieu extérieur les éléments que le végétal leur avait pris. Joseph Priestley* (1733-1804) mit en évidence
l’absorption du gaz carbonique de l’air par les plantes, et Johannes In-
gen-Housz (1730-1799) découvrit la photosynthèse. Stephen Hales (1677-1761) précisa le mécanisme de circu-downloadModeText.vue.download 562 sur 583
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3
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lation de la sève (action de la chaleur) et compara la quantité d’eau absorbée par les racines et celle émise par les feuilles. Ces travaux furent repris par Jean Étienne Guettard (1715-1786), qui effectua, en outre, des mesures de transpiration pour différents groupes de végétaux. N. Sarabat (1698-1737) mit en évidence le lieu de circulation de la sève brute en faisant absorber, par les végétaux en expérimentation, des jus colorés avec le suc du Phy-tolacca. L. Duhamel du Monceau,
à côté de ses travaux d’agronomie, entreprit aussi des recherches sur les rejets de l’eau sous les formes liquide et gazeuse. Toutes ces idées furent reprises par d’autres chercheurs, tels que Mustel, Nicolas Louis Vauquelin, Augustin Bazin. Les mouvements des plantes, déjà étudiés par Denis Dodart au XVIIe s., furent l’objet de nouvelles recherches : Linné observa les mouvements de veille et de sommeil (il fonda son horloge de Flore sur ces remarques). Jean Senebier (1742-1809), ayant remarqué que la lumière était le facteur prépondérant pour l’obtention de ces mouvements, put les modifier grâce à l’application d’un éclairage artificiel.
y Anatomie. Très étudiée par Malpighi et Grew au siècle précédent, l’anatomie fit peu de progrès au XVIIIe s.
Cependant, Joseph Gärtner (1732-
1791) donna (1780-1791) un travail d’ensemble sur les graines et les fruits indéhiscents et déhiscents. Anto-nie Van Leeuwenhoek (1632-1723)
décrivit un siècle après Malpighi les différents types de vaisseaux, en particulier les ponctués. La structure interne de la cellule fut annoncée par l’abbé Antonio Conti (1677-1749), qui découvrit à l’intérieur des cellules de Chara les mouvements de cyclose.
Caspar Friedrich Wolf (1734-1794) rechercha (1759) l’origine et le mode de formation des cellules. Cet auteur,
à la suite de Jung, précisa l’idée que les diverses parties des fleurs pourraient être des feuilles modifiées.
W. von Goethe (1749-1832), dans
son ouvrage les Recherches sur la métamorphose des plantes, reprit cette théorie avec beaucoup d’ampleur en 1790.
y Agronomie. Jardins botaniques.
Au XVIIIe s., il faut citer en agronomie L. Duhamel du Monceau ; ses
ouvrages principaux ont porté sur les fruitiers (Poiriers). André Thouin (1747-1823), professeur de culture au Muséum, put disposer, grâce à
une décision de la Convention, de la fameuse collection d’arbres fruitiers provenant des « pépinières des Chartreux » de Paris ; ce fut une des bases des collections vivantes du Mu-séum ; quelques spécimens subsistent encore dans le domaine de Chèvre-loup, près de Versailles. Une des préoccupations majeures de Thouin fut la diffusion en France des plantes exotiques, qu’il rassemblait au jardin du Muséum. Louis Bosc d’Antic (1750-1828) établit, entre autres plantations, une collection de vignes au jardin du Luxembourg. Antoine Par-mentier (1737-1813) s’occupa sur-
tout de plantes alimentaires ; on lui doit la vulgarisation en France de la Pomme de terre, qui, quoique introduite depuis 1555, n’était absolument pas considérée, tout au moins dans le Bassin parisien, comme un produit comestible, même pendant les temps de disette.
De nombreux botanistes créèrent des jardins en France, en particulier dans les grands ports, là où les naturalistes revenaient de leurs voyages (Toulon, Brest). En Angleterre, le jardin de Kew fut fondé en 1759 ; d’autres furent établis dans la plupart des grandes villes d’Europe (Francfort, Göttingen, Uppsala, Pise, Florence). Ces jardins permirent de plus en plus la diffusion d’espèces exotiques pouvant servir à l’agriculture, à l’horticulture et à la sylviculture. Les directeurs de jardins commencèrent en même temps la publication des catalogues des espèces cultivées, tradition qui s’est poursuivie depuis lors. Ainsi, on peut citer l’Index seminum hortis musei parisiensis col-
lectorum (catalogue des graines proposées à l’échange avec les autres jardins botaniques), qui paraît depuis 1822 !
C’est aussi à cette époque que fut établi par John Bartram (1699-1777) le premier jardin botanique américain (1798). D’autres jardins furent créés dans l’Hudson et dans la Caroline du Sud ; il s’instaura alors un courant d’échanges permanent de plantes et de graines. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, on peut, dans divers jardins (Muséum, Versailles, Rambouillet, Trianon par exemple), rencontrer des spécimens rares ayant même âge et correspondant aux premières introduc-tions en France ou en Europe.
Le XIXe siècle
y Évolution. Au fur et à mesure que la connaissance des flores augmentait, le nombre des espèces était devenu très grand et celles-ci étaient de plus en plus difficiles à distinguer les unes des autres. J.-B. Lamarck (1744-1829) se demanda si vraiment les espèces étaient bien immuables et si elles ne pouvaient pas se « transformer » en passant de l’une à l’autre.
Les modifications de l’espèce sous l’action du milieu firent l’objet d’un très grand nombre de recherches en biologie végétale (néo-lamarkisme).
On étudia en particulier l’action du milieu souterrain (Julien Costantin [1857-1936]), de l’altitude (Gaston Bonnier
[1853-1922]), des climats montagnard et polaire (G. Bonnier, Charles Fla-hault [1852-1935] et J. Bouget [1869-1953]), du climat marin (P. Lessage), et l’action de l’ombre et du soleil sur la structure des feuilles (Léon Dufour
[1860-1942]). Ces études s’éten-
dirent non seulement aux Phanéro-
games, mais aussi aux Cryptogames (Mousses et Champignons). D’autres expériences faites en laboratoire, ne faisant varier qu’un seul caractère, confirmèrent la plasticité des espèces : disparition du tissu de soutien pour les plantes aériennes submergées (J. Costantin), apparition de feuilles à la place de piquants pour les plantes des lieux arides mises en atmosphère saturée (A. Lothelier), variation de la structure anatomique des feuilles en présence de certains sels dans les milieux de