culture. Alexis Jordan (1814-1897), en étudiant des Draba (Crucifères), put montrer que de très nombreux
petits caractères étaient héréditaires et qu’ils pouvaient ainsi définir beaucoup d’espèces, toutes bien distinctes. Ces faits, qui, pour lui, étaient la preuve de la fixité de l’espèce, servirent au contraire à Charles Naudin (1815-1899) pour démontrer que ces variations pouvaient se faire brutalement (1852) à partir d’un nombre restreint de types initiaux ; Naudin n’admettait en effet ni les modifications progressives ni l’hérédité constatée par Jordan.
Cette théorie fut reprise par Hugo De Vries (1848-1935), qui l’exposa en se servant des multiples variations qu’il trouva en 1910 dans une population d’OEnothera lamarckiana ; mais ces mutations furent contestées par Mathieu Leclerc du Sablon (1859-1944), qui, tout en acceptant l’idée, montra que, dans ce cas, on était seulement en présence de la disjonction des caractères d’un hybride.
SYSTÉMATIQUE.
PHANÉROGAMIE. FLORES.
Au XIXe s., la systématique va se transformer profondément, grâce surtout aux travaux de Darwin* et d’Alfred Russell Wallace (1823-1913), et va essayer de rendre compte de l’évolution des espèces.
On doit à Robert Brown (1773-
1858) une très grande amélioration de la classification, car il montra que les Conifères et les Cycadées ont des graines nues et des carpelles sans stigmate. Brown opposa alors, grâce à ce caractère, Angiospermes et Gymnospermes, qui étaient pour lui les deux grands groupes des Phanérogames.
Augustin Pyrame de Candolle
(1778-1841) publia dès 1805 la troisième édition de la Flore de Lamarck, mais son premier grand travail fut sa Théorie élémentaire, où il présentait 161 familles dans sa première édition (1813) et 213 dans sa dernière (1844).
Dans ses dernières éditions, il sépara très nettement les Phanérogames des Cryptogames, ces dernières étant
divisées en Cryptogames vasculaires et non vasculaires, elles-mêmes éga-
lement séparées en Cryptogames sans feuilles (Champignons, Thallophytes) et avec feuilles (Bryophytes).
En même temps, il publia une oeuvre considérable, achevée par ses descendants, le Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis, dans lequel il donna la description de toutes les familles, de tous les genres et de toutes les espèces connus dans le monde
entier.
À côté de Candolle, il faut citer John Lindley (1799-1865), Stephan Endlicher (1804-1849), qui, dans son Genera plantarum, rangea les végé-
taux en Thallophytes (Cryptogames sans feuilles) et Cormophytes (tous les autres végétaux). Dans le même temps, Adolphe Brongniart (1801-1876), professeur d’organographie au Muséum, fonda sa classification sur l’anatomie ; on lui doit les termes de Dialypétales et de Gamopétales. C’est en se servant de cette classification qu’il replanta entre 1842 et 1843 l’école de botanique du Muséum ; elle devait subsister jusqu’en 1953, pour faire place alors à celle du professeur André Guillaumin (1885-1974). Les remarquables travaux d’organographie de Wilhelm
Hofmeister (1824-1877) firent modifier encore un peu les grandes divisions du règne végétal (1849-1851), et c’est Julius Sachs (1832-1897) qui, dans son traité (1868), redistribua les plantes en cinq embranchements : Thallophytes, Characées, Muscinées, Cryptogames vasculaires et Phanérogames. George Bentham (1800-1884) et Joseph Dalton Hooker (1817-1911) publièrent en collaboration leur Genera plantarum (1862-1883), où 97 000 espèces de Phanérogames étaient décrites. Tous deux écrivirent en outre de très impor-downloadModeText.vue.download 563 sur 583
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3
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tants ouvrages de systématique (Flora australiensis [Bentham] ; Flora of British India [Hooker]). On doit à Hooker la création de l’Index kewensis, qui paraît depuis 1895 et qui donne la liste et la synonymie de toutes les espèces décrites.
Entre 1867 et 1895, Henri Baillon (1827-1895) fit paraître une Histoire des plantes en treize volumes très illustrés, dans laquelle il donna à l’organe femelle une importance primordiale.
Avec les travaux d’Auguste Eichler (1839-1887), d’Adolf Engler (1844-1930) et de Karl von Prantl (1849-1893), on s’engagea dans les grandes études de phylogénie.
Engler et Prantl entreprirent de 1887
à 1915 une oeuvre colossale en vingt volumes (Die natürlichen Pflanzenfamilien) qui est une synthèse gigantesque du règne végétal. À ce travail s’ajoutèrent le Pflanzenreich et le Syl-labeus der Pflanzenfamilien, dont les éditions se poursuivent jusqu’à nos jours. Ce sont des ouvrages fondamentaux qui servent de base à toute la systématique actuelle.
Le XIXe s. est l’ère des grandes explorations, et les terres inconnues se réduisent. On découvre ainsi le Rafflesia, aux fleurs géantes, à Sumatra et le Welwitschia en Angola. On peut citer en France les descriptions de nombreux botanistes voyageurs, tels F. A. Michaux, Victor Jacquemont, Constantin Samuel Rafinesque, Bachot de La Pylaie, Bonpland (Aimé Gou-jaud), etc.
Des flores d’Amérique furent pu-
bliées, en particulier celle du Brésil par Auguste de Saint-Hilaire (1779-1853) et Karl Friedrich von Martius (1794-1868).
D’autres ouvrages traitèrent de la flore de l’Inde, des Philippines, de l’Australie, de la Chine. L’Afrique était moins connue : la pénétration y avait été plus lente. Cependant, quelques flores africaines furent également écrites au milieu du XIXe s. : flore du Niger, Flora capensis, Flora of Tropical Africa, flores d’Algérie et de Tunisie à la fin du siècle.
Pour la France, il faut signaler la Flore de France de G. Rouy en quatorze volumes, où l’auteur et ses collaborateurs rassemblèrent toutes les
« formes végétales » qui avaient été décrites, et la Flore descriptive illus-
trée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes (721 planches en couleurs) par Gaston Bonnier (1853-1922), qui, commencée à la fin du siècle, ne fut terminée qu’en 1934 par ses élèves.
CRYPTOGAMIE.
En mycologie, Christiaan Hendrik Persoon (1755-1836) publia en 1801 le premier grand traité (Synopsis methodica fungorum) et Joseph Henri Léveillé (1796-1870) fit de très belles études histologiques sur les organes reproducteurs (on lui doit le terme d’asque).
On peut citer encore Elias Fries (1794-1878). Joseph Berkeley (1803-1889), L. R. Tulasne (1815-1885), Narcisse Patouillard (1854-1926), Philippe Van Tieghem (1839-1914), qui mit au point pour l’étude des Champignons certaines techniques pastoriennes, Lucien Quélet (1832-1899) et Heinrich Anton de Bary (1831-1888).
Dès le début du siècle, la pathologie végétale due aux Champignons fut étu-diée par Ch. Persoon, J. H. Léveillé et Camille Montagne (1784-1866). C’est à Bary que l’on doit les premières études sur l’emploi des sels de cuivre pour les traitements de la vigne (mil-diou) et des maladies des Pommes de terre.
Jean-Pierre Vaucher (1763-1841)
étudia la sexualité d’un grand nombre d’Algues. On doit à Félix Lamouroux (1779-1825) les grandes divisions des Algues, suivant les pigments, en : Algues brunes, rouges et vertes ; les Algues bleues ne furent définies comme groupe distinct qu’en 1860 par E. Sti-zenberger (1827-1895). C. M. d’Orbigny (1770-1856), le premier, mit en évidence la distribution des Algues suivant la profondeur. De très nombreux botanistes, surtout entre 1830 et 1850, décrivirent de multiples espèces, entre autres Jean-Baptiste Desma-zières (1796-1852), Benjamin Gaillon (1782-1839), Jean-Baptiste Mougeot (1776-1858), Pierre François Turpin (1775-1840), Alphonse Brébisson
(1798-1872), qui fut un des premiers à employer la photographie en microgra-phie. À ces noms on peut ajouter ceux de Joseph Decaisne et de J.-B. La-