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Humanisme et

christianisme

Le style linéaire et la grâce inquiète de Botticelli feraient peut-être de celui-ci un précurseur des maniéristes du XVIe s., s’il n’avait d’abord exprimé les exigences spirituelles de son temps.

L’oeuvre de Botticelli est tributaire de l’humanisme florentin, et plus particulièrement de la pensée néo-platonicienne qui florissait dans l’entourage de Laurent le Magnifique, ayant en Marsile Ficin son plus éloquent inter-

prète. Selon cette pensée, il fallait voir dans le monde sensible le reflet du monde des idées.

Aussi bien l’humanisme apparaît-il rarement chez Botticelli sous un aspect archéologique, exception faite pour la représentation de certains monuments, tels que l’arc de Constantin dans les fresques de la chapelle Sixtine, ou pour la reconstitution de la Calomnie d’Apelle d’après les textes de Lucien et de L. B. Alberti, exercice qui eût été laborieux sans le souffle dramatique qu’y a mis le peintre.

Il s’agit plus souvent de mythes dont Botticelli, en accord avec ses mécènes, a cherché à exprimer le contenu, d’une manière parfois assez ésotérique. Le Printemps, par exemple, d’interpré-

tation sujette à controverse, semble opposer de part et d’autre de Vénus l’amour charnel et les aspirations de l’âme. La Naissance de Vénus serait un hymne à la fécondité universelle, et Minerve et le Centaure un symbole des tendances contradictoires de la nature humaine.

Tout cela est dit avec une retenue qui prouve que Botticelli gardait les yeux fixés sur l’idéal chrétien. On passe sans heurt de ses tableaux profanes à sa peinture sacrée, où l’approfondissement du sujet n’est pas moins remarquable : humanisme et religion sont pour lui les deux faces d’une même recherche spirituelle.

Mais la sérénité qui domine dans les Madones de la jeunesse fait place peu à peu à un climat d’inquiétude. Déjà la Madone à la grenade exprime le pressentiment de la Passion. Ce pessimisme s’accentue dans les dernières années du peintre avec la mise en question de l’humanisme. Il éclate sur un ton tragique avec les deux Pietà, et la Crucifixion du Fogg Art Museum clôt l’oeuvre par une sorte de prédiction des malheurs de Florence.

B. de M.

H. Ulmann, Sandro Botticelli (Munich, 1893). / H. P. Horne, Alessandro Filipepi, Commonly Called Sandro Botticelli (Londres, 1908).

/ A. Venturi, Botticelli (Rome, 1925 ; trad. fr., Crès, 1927). / Y. Yashiro, Sandro Botticelli

(Londres, 1925 ; 3 vol.). / W. Bode, Botticelli (Leipzig, 1926). / C. Gamba, Botticelli (Milan, 1936 ; trad. fr., N. R. F., 1937). / L. Venturi, Botticelli (Massin et Lévy, 1937). / G. C. Argan, Botticelli (Skira, 1957). / A. Chastel, Botticelli (Milan, 1957 ; éd. fr., Plon, 1958). / R. Salvini, Tutta la pittura del Botticelli (Milan, 1958). / G. Mandel, L’Opera completa di Botticelli (Milan, 1967 ; trad. fr. Tout l’oeuvre peint de Botticelli, Flammarion, 1968).

Bouchardon (les)

Sculpteurs français du XVIIIe s.

Le père, Jean-Baptiste Bouchar-

don (1667-1742), né à Saint-Didier-en-Velay, s’établit à Chaumont-en-Bassigny, où il se maria en 1692.

Il travailla pour Saint-Jean de Chaumont et pour l’ordre des Ursulines (relief de l’Assomption, aujourd’hui dans la chapelle du lycée de Chaumont ; statues de Saint Joseph et de Saint Augustin, maintenant à Saint-Bénigne de Dijon), et exécuta pour les églises de l’ancien diocèse de Langres de nombreux ouvrages de bois et de pierre.

Il eut de nombreux enfants dont deux furent sculpteurs.

Son fils aîné, Edme Bouchardon

(Chaumont-en-Bassigny 1698 - Paris 1762), entra dans l’atelier paternel vers 1715 et y travailla jusqu’en 1721, date à laquelle il se rendit à Paris et devint l’élève de Guillaume Coustou*.

Premier prix de sculpture en 1722, il reçut l’année suivante son brevet de pensionnaire de l’Académie de France à Rome. Dans la Ville éternelle, l’artiste, selon l’usage, exécuta plusieurs copies ou interprétations d’antiques

— notamment, entre 1726 et 1730,

le Faune endormi du Louvre — et de nombreux portraits. Ce fructueux sé-

jour se prolongea pendant neuf ans.

À son retour en France, Edme Bou-

chardon se vit attribuer un logement au Louvre et de très importantes commandes, notamment vingt-quatre statues pour l’église Saint-Sulpice par marché du 22 juin 1734 (il n’en exé-

cutera que dix) ; de 1736 à 1739, il fut occupé au Bassin de Neptune du parc de Versailles, pour lequel il col-

labora avec L. S. Adam* et J.-B. II Lemoyne* ; de 1737 à 1747, il travailla au décor de la chapelle du château (Saint Charles Borromée priant pour la cessation de la peste de Milan).

Nommé en 1736 dessinateur pour

les jetons et médailles du règne de Louis XV, il fut élu membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1745, sur présentation d’un Christ à la colonne (Louvre) ; il acheva alors pour la Ville de Paris la monumentale Fontaine de la rue de Grenelle, qui groupe la Seine et la Marne autour de l’image de la cité. Commande royale, le célèbre Amour se faisant un arc dans la massue d’Hercule a été exécuté de 1747 à 1750 ; il a paré de sa grâce très classique le salon d’Hercule à Versailles et est aujourd’hui au Louvre.

Enfin, Edme Bouchardon se consacra à la statue équestre du roi destinée à la place Louis-XV ; il mourut avant l’achèvement de cette oeuvre, qui sera terminée par Pigalle*.

Prodigieux dessinateur, il a non seulement multiplié les études préparatoires pour ses sculptures, mais exécuté des portraits, des sujets de genre, parmi lesquels les Cris de Paris, consacrés aux petits métiers de la rue.

Ici se déploie une spontanéité qu’entrave quelque peu, chez le sculpteur, une recherche acharnée de la perfection jointe à la volonté de réagir contre le goût rocaille de son temps.

Frère d’Edme, Jacques Philippe

Bouchardon (1711-1753), formé

lui aussi dans l’atelier paternel, fut d’abord tenté par la carrière militaire, qu’il abandonna en 1735.

Il se rendit alors à Stockholm pour travailler à la décoration du château royal. Il y mourut en 1753 premier sculpteur du roi de Suède et directeur downloadModeText.vue.download 571 sur 583

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

1668

de l’Académie, ayant largement contribué au rayonnement de l’art français.

M. B.

A. Roserot, Edme Bouchardon (Lévy, 1910).

/ A. Lindblom, Jacques Philippe Bouchardon (Stockholm, 1924).

bouche

Orifice antérieur du tube digestif, servant à l’entrée des éléments de la nutrition ainsi que, chez les Vertébrés, à l’entrée de l’eau ou de l’air nécessaires à la respiration.

Origine embryonnaire

Dans la majorité des embranchements, la bouche se forme sur l’emplacement du blastopore embryonnaire (orifice unique de la larve gastruléenne). C’est la disposition protostomienne, pré-

sente à la fois chez les animaux dont le tube digestif est en cul-de-sac, ou protostomes (la bouche, dans ce cas, sert aussi à l’évacuation des déchets de la digestion : cas des Cnidaires et des Vers plats), et chez la majorité des Invertébrés, ou archéostomes (Nématodes, Annélides, Mollusques, Arthropodes, etc.). Dans le cas opposé, c’est l’anus qui se forme sur l’emplacement blastoporal, et la bouche est une néo-formation plus tardive ; c’est la disposition deutérostomienne, qu’on rencontre chez les Échinodermes, les Procordés et les Vertébrés.

Le pharynx

Dans les embranchements les plus

primitifs, l’épithélium externe, ou ectoderme, et l’épithélium digestif, ou endoderme, s’affrontent au niveau buccal ; très rapidement, toutefois, on constate que le tube digestif annexe, tant dans sa partie antérieure que dans sa partie postérieure, une portion du milieu externe bordée d’ectoderme.