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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3
1670
Le département vient après la région parisienne pour l’urbanisation, mais le même déséquilibre apparaît dans ce domaine : Aix est de plus en plus inté-
gré dans l’espace marseillais, et la zone de Berre n’est que le prolongement vers l’ouest de l’agglomération. À un niveau moindre et dans une position excentrique, Arles et Salon-de-Provence, au nord, Port-Saint-Louis-du-Rhône et La Ciotat, sur la côte, enregistrent une progression.
R. D. et R. F.
F Aix-en-Provence / Arles / Camargue / Durante
/ Marseille / Provence.
Boucourechliev
(André)
Compositeur, critique et musicologue français d’origine bulgare (Sofia 1925).
Il commence ses études au conser-
vatoire de sa ville natale et les termine à l’École normale de musique de Paris, puis au Studio di fonologia de Milan avec L. Berio et B. Maderna. Ses
compositions font appel soit aux instruments traditionnels, soit à la bande magnétique, ou bien à la combinaison des deux. Dans ses premières oeuvres (sonates pour piano, Grodek, Musiques nocturnes, Texte I, Texte II) et dans son quatuor à cordes de 1968, il fait preuve d’une invention sonore extrêmement raffinée, où l’architecte rigoureux se dissimule derrière le poète. L’oeuvre qui va définitivement attirer l’attention sur lui est Archipel I pour deux pianos et deux percussions (1967), une des rares solutions créatrices dans le domaine semi-aléatoire : « Les partitions de la pièce, écrit-il, sont comme de grandes cartes marines sur lesquelles les quatre interprètes sont amenés à choisir, à orienter, à concerter, à modifier sans cesse le cours de leur navigation, jamais deux fois le même entre les îles d’un archipel toujours nouveau à leurs regards. C’est dans cette communion étroite de tous les instants qu’ils tracent leur route imprévisible mais partagée.
La moindre indécision de l’un engage totalement celle de l’autre. C’est dire que cette dépendance où ils exercent leur liberté de choix exclut toute idée de hasard. » Ce principe de navigation musicale est repris dans toute une série d’oeuvres classées sous le même titre, mais faisant appel à des formations instrumentales diverses : Archipel II pour quatuor à cordes (1969), Archipel III pour piano et six percussions (1969), et Archipel IV pour piano seul (1970).
Chacune de ces oeuvres est susceptible de nombreuses versions.
Critique musical de Preuves et du Journal de la quinzaine, Boucourechliev est également l’auteur de deux
livres remarquables sur Schumann et sur Beethoven.
C. R.
bouddhisme
L’une des grandes religions du monde, fondée par le bouddha Śākyamuni.
INTRODUCTION
La vie du bouddha
Śākyamuni
L’historicité du bouddha Śākyamuni, le Bouddha par excellence, n’est plus contestée ; les sources essentielles de sa biographie se trouvent dans les textes émanant des premières écoles du hīnayāna.
Le Bouddha naît au VIe s. av. J.-C. à Kapilavastu, à 240 km au nord de Béna-rès ; il est le fils de Śuddhodana, un roi de la lignée des Gautama et du clan des Śākya — d’où le nom de Śākyamuni, le moine des Śākya, souvent donné au Bouddha —, et de la reine Māyā, morte sept jours après sa naissance.
Très vite, il a la révélation de la souffrance, quitte son foyer et mène une vie d’ascète errant ; il devient dès lors un bouddha, c’est-à-dire un « illuminé », l’homme qui renonce au monde pour chercher la voie de la délivrance et pour se libérer de l’emprise de la douleur.
Il s’entraîne d’abord aux pratiques enseignées par les brahmanes : mais leurs austérités effrayantes ne provoquent pas la lumière à laquelle il aspire. C’est, semble-t-il, à Gayā (Bodh-Gayā) que, au cours d’une longue
période de recueillement, il achève son itinéraire spirituel : c’est le « suprême et complet éveil », l’« illumination »
(abhisambodhi).
Son premier sermon, le Bouddha le prononce probablement dans la banlieue nord de Bénarès : c’est là qu’avec cinq moines il fonde la première communauté bouddhiste. Puis, pendant une quarantaine d’années, il parcourt l’Inde du Nord-Est, en prêchant sa doctrine et en faisant d’innombrables disciples. Il s’éteint à quatre-vingts ans,
à Kuśīnagara (à 175 km de Pạtnā) ; il entre alors dans le mahāparinirvāṇa (la
« grande totale extinction »).
Les documents sont d’accord sur les qualités exceptionnelles du Bouddha : noblesse de caractère, maîtrise de soi, fermeté tempérée par une immense
bonté.
Sa doctrine
Le Bouddha ne prêche pas une religion — lui-même rejette tous les systèmes et tous les dogmes —, mais une morale, une éthique, une « philosophie vécue », également éloignée des plaisirs et des mortifications.
Quatre « nobles vérités » constituent l’essentiel de cette « voie ».
La première est que tout est dou-
leur : la douleur tient à l’état même des choses ; elle imprègne et détermine la vie de tous les êtres, dont les éléments, de durée limitée, sont vides de tout principe personnel et éternel. La notion universelle de vacuité, qui constitue le fond de la pensée bouddhique, est incompatible avec la notion d’une âme individuelle, essence de la personnalité, et avec la croyance en un principe absolu et éternel. La mort entraîne né-
cessairement une nouvelle naissance, donne le branle à un nouveau cycle.
La deuxième vérité a trait à l’origine de la douleur, qui est la « soif », désir de jouissance, d’existence ou d’anéantissement, désir qui est inséparable de l’ignorance, et plus précisément de l’ignorance de la réalité telle que le Bouddha la dévoile. Cette soif et cette ignorance engendrent les « trois racines du mal » : la convoitise, la haine et l’erreur, qui, elles-mêmes, donnent naissance aux vices, aux passions, aux opinions erronées.
La troisième vérité est la suppression du désir, la cessation de la douleur, proche du nirvāṇa (« état d’absence ») et de la délivrance absolue.
Chacun atteint ce but différemment selon ses propres aptitudes. Le moine bouddhique, qui a parfaitement dominé la convoitise, la violence et l’erreur, l’atteint dès ici-bas ; aussi ne revien-
dra-t-il qu’une fois en ce monde, à moins que sa perfection ne lui octroie d’apparaître dans un monde supérieur.
Le saint entre de son vivant dans le
« nirvāṇa de sainteté avec conditionnement restant » ; en mourant, il atteint le « nirvāṇa sans conditionnement ».
Quant au laïque converti au bouddhisme, il s’assure un nombre limité de re-naissances ici-bas en vénérant les
« trois joyaux » (triratna) : le Bouddha, sa loi, sa communauté.
La quatrième vérité est la voie
(mārga) qui mène à la cessation de la douleur. Cette voie de la délivrance s’appelle aussi la « sainte voie aux huit membres », qui sont les huit aspects de la perfection de l’opinion, de l’intention, de la parole, de l’activité corporelle, des moyens d’existence, de l’effort, de l’attention et de la concentration mentale.
Une discipline morale, alliée à des exercices psycho-physiologiques favorables à la concentration spirituelle, est l’aide indispensable sur la voie de la sainteté, l’ultime étape étant l’« éveil »
(bodhi).
Évidemment, cette discipline ne peut être pratiquée que par des hommes ayant quitté leur foyer. Tout en rejetant les mortifications inutiles, le Bouddha exige des moines une existence austère dans son déroulement journalier, dans la tenue, les ressources (mendicité), le rythme (prédication, itinérance).