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Cette existence a été précisée dans ses moindres détails par le Bienheureux, qui a, en outre, codifié les châtiments selon la responsabilité de chacun.

LE BOUDDHISME INDIEN

Son évolution

Aucune transmission écrite ne se fait du vivant du Bouddha ; la première communauté bouddhique (saṅgha) ne possède ni canon ni règle stricte. Après le parinirvāṇa (478? av. J.-C.), la né-

cessité d’unifier l’exposé des doctrines du Bouddha se fait sentir.

C’est pourquoi s’organisent alors différents conciles ; le plus important, qui se tient à Rājagriha (477?

av. J.-C.), sous la direction du moine

Kāśyapa, rassemble les données tirées des discours du Bienheureux pour

former le premier noyau des Écri-

tures canoniques en pālī. Il s’agit d’un triple exposé doctrinal sur la discipline monastique (vinaya), les paroles du Bouddha (sūtra) et la métaphysique (abhidharma).

Des sectes se créent par la suite, dont plusieurs conciles (Vaiśālī au IVe s. av.

J.-C., Pāṭaliputra au IIIe s. av. J.-C.) ne peuvent endiguer la multiplication.

Les sectes bouddhiques se diversifient progressivement jusqu’à ce qu’un schisme intervienne au début de l’ère chrétienne. Alors, au bouddhisme traditionaliste, appelé le hīnayāna, s’oppose un bouddhisme réformiste, appelé le mahāyāna, qui prétend rester fidèle à l’enseignement du Bouddha. Quant au downloadModeText.vue.download 574 sur 583

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

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tantrisme bouddhique, il émerge tardivement vers le VIe s. de notre ère.

Le hīnayāna

Le hīnayāna est, aux dires de ses adversaires, le « moyen inférieur de progression » (le « Petit Véhicule »).

Les écoles anciennes qui s’y réfèrent appartiennent à deux branches sorties, au IVe s. av. J.-C., du tronc primitif du bouddhisme : la branche sthavira et la branche mahāsaṅghika. À la branche sthavira appartiennent trois rameaux majeurs : les theravāda (« opinion des Anciens »), fidèles à la tradition pālie, qui formeront l’Église de Ceylan et s’implanteront durablement dans l’Asie du Sud-Est ; les sarvāstivādin, qui donnent la prééminence à l’abhidharma et sont illustrés surtout par Vasubandhu, lequel vécut au Cachemire au IVe ou au Ve s. apr. J.-C. ; les vatsīputrīya, qui essaient de concilier la conception de l’ātman avec celle de l’impermanence de la personnalité.

Quant aux mahāsaṅghika, apparus

au IVe s. av. J.-C., ils affirment que les bouddhas possèdent une substance réelle. En cela ils annoncent le

mahāyāna.

Le mahāyāna

Ce mouvement se veut réformiste et évolué : c’est le « grand moyen de progression » (le « Grand Véhicule »). À

la « méthode pratique » pour l’arrêt de la douleur, proposée par le bouddhisme ancien, il veut substituer une « religion » de salut qui fait une large place au sentiment, à la spéculation et aussi à la dévotion. Autour de la théorie des

« trois corps » du Bouddha (corps corruptible, corps d’esprit et corps de la loi), la bouddhologie devient métaphysique et philosophique.

Le mahāyāna, considérant qu’un

grand nombre d’êtres peut aspirer au salut, peuple l’univers d’une multitude de bouddhas simultanés et surtout de bodhisattvas (êtres qui ont franchi plusieurs degrés dans la perfection et qui sont destinés à devenir bouddhas). Il conçoit la sainteté non comme un idéal individuel de perfection, mais comme une carrière visant à entraîner les autres créatures vers le salut.

Le mahāyāna, qui s’est surtout développé dans le nord de l’Inde (d’où il gagnera le Tibet, la Chine et le Japon), a donné un immense essor à la philosophie et à la dialectique indiennes ainsi qu’à toute une mythologie proche de celle du panthéon brahmanique.

Cette mythologie, repoussant à

l’arrière-plan le Bouddha historique, se concentre sur les bodhisattvas Maitreya, Mañjuśrī, Avalokiteśvara, etc., voire des divinités féminines auxilia-trices, les Tārā.

Les écoles mahāyāniques sont mieux connues que les écoles anciennes en raison de leur effort de propagande : l’école des madhyamika, fondée par Nāgārjuna (fin du Ier s. ou début du IIe s.

apr. J.-C.), et celle des vijnānavādin ou des yogācārin (« qui pratiquent le yoga »), fondée par Asaṅga, sont parmi les plus célèbres.

Le tantrisme

Le tantrisme est moins une doctrine qu’un mode de doctrine, superposant des éléments bouddhiques et brahma-

niques. Tout en enseignant la dévotion à cinq bouddhas « vainqueurs » et aux bodhisattvas, il donne une grande importance à la mystique de « l’énergie » féminine (Tārā bouddhique, Śakti śivaïte).

Le tantrisme, qui prend forme au

VIe s. de notre ère avec un ensemble de texte, les tantra, se distingue du bouddhisme traditionnel par ses méthodes propres dans la réalisation des rapports entre l’homme et l’univers. Ces méthodes ressortissent au yoga (« le fait de lier, d’atteler »), qui amène au contrôle des organes et du psychisme.

Le tantrisme est mêlé aussi de magie et de cosmogonie ; son rituel, souvent fantastique, est fondé sur des rites éso-tériques, la méditation et l’iconolâtrie.

Le tantrisme, qui influence le développement du bouddhisme en Asie du Sud-Est, se développe surtout au Bengale, d’où les invasions musulmanes le chassent au XIIIe s., puis au Népal et au Tibet.

L’expansion du

bouddhisme

Le bouddhisme indien reçoit une impulsion nouvelle du fait de la conversion de l’empereur Aśoka* (v. 250 av.

J.-C.). Dès lors, son expansion est favorisée par des missions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Empire. C’est du règne d’Aśoka que date l’introduction du bouddhisme à Ceylan*. Kaniṣka, monté sur le trône vers 145 apr. J.-C., pratique la même politique qu’Aśoka : sous son règne, un concile bouddhique se serait tenu au Cachemire*.

Au début de notre ère, le boudd-

hisme est introduit en Chine* par la route du Turkestan oriental. Déjà il a atteint la frange orientale du monde hellénistique et s’est étendu en Asie centrale.

L’apogée du bouddhisme indien se

situe durant le règne de la dynastie Gupta (IVe-Ve s. apr. J.-C.). Jusqu’à la fin du règne d’Harsạ de Kanauj († 647), les sectes du mahāyāna s’épanouissent en même temps que l’hindouisme classique. Des lieux saints comme Nālandā

et Gayā sont des centres très fréquentés

de pèlerinage et de pensée.

Le bouddhisme s’installe au Viêt-

nam*, dans la presqu’île indochinoise et la presqu’île malaise à partir du IIIe s.

av. J.-C., en Corée en 372, en Insulinde au Ve s., au Japon au VIe s., au Tibet au VIIe s.

Parallèlement à sa diffusion en Asie, il subit dans sa patrie d’origine, l’Inde, un déclin irrémédiable, qui est dû notamment au foisonnement des sectes face à un hindouisme vigoureux, aux bouleversements consécutifs à la disparition des Gupta et surtout à l’avance de l’islām.

En 1941, pour l’ensemble du

continent indien, on ne comptait que 232 000 bouddhistes, mais, vingt ans plus tard, pour l’Union indienne seulement, il y en avait plus de trois millions. Cet accroissement massif est dû à la propagande menée dans les classes défavorisées par Bhimrao Ramji

Ambedkar (1893-1956) au cours des années qui suivirent l’indépendance et après la commémoration du 2 500e anniversaire du Bouddha, célébré en Inde avec éclat (1956-57).

P. P.

LE BOUDDHISME

JAPONAIS

Le bouddhisme japonais appartient pour l’essentiel aux philosophies religieuses des sectes du mahāyāna, lequel est parfois appelé « bouddhisme du Nord ». Cependant, le bouddhisme

japonais diffère assez fortement des formes de bouddhisme élaborées sur le continent asiatique, tant dans ses conceptions de la philosophie que dans la représentation qu’il donne des divinités et des « forces » vénérées par ses nombreuses sectes et « écoles ». Ces dernières, après l’effort de syncrétisation fourni à partir du début du IXe s., attribuent aux images traditionnelles venues de l’Inde, par le truchement de l’Asie centrale, de la Chine et de la Corée, des valeurs quelque peu diffé-