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ver des temples pour abriter les

saintes images de Shaka (le bouddha Śākyamuni), de Miroku (Maitreya,

le bouddha du futur), de Kannon Bosatsu (Avalokiteśvara, le bodhisattva de miséricorde), de Yakushi Nyorai (Bhaiṣajyaguru, le bouddha-médecin des âmes et du corps), d’Amida Nyorai (Amitābha, le bouddha de l’au-delà), etc., et les moines commençaient à approfondir les diverses doctrines bouddhiques en étudiant les manuscrits religieux rapportés de Chine et de Corée.

Le bouddhisme « national », comme on appelait alors la doctrine prônée par le clan des Soga et par Shōtoku Taishi, allait bientôt devenir, à l’imitation du bouddhisme de Chine, celui des sectes. Le changement de capitale, transférée d’Asuka et de ses environs à Nara en 710, allait, par le développement des temples et des monas-

tères de la nouvelle ville impériale, favoriser la floraison de ces sectes.

Le prince Shōtoku avait étudié les doctrines du sanron (madhyamika)

et du jōjitsuron (satyasiddhiśāstra) sous la direction des maîtres coréens

Eji, Esō et Kanroku. En 653, le religieux Dōshō, appartenant au temple du Gangō-ji, se rendit en Chine, où il fut l’élève du célèbre pèlerin chinois Xuan Zang (Hiuan Tsang), appelé Genjō en japonais, et, à son retour, transmit la doctrine du hossō (madhyāyāna) au moine Gyōgi (670-749). En 658, les Japonais Chitsū et Chitatsu allèrent à leur tour en Chine, où ils furent aussi les disciples de Xuanzang, et rapportèrent une traduction chinoise de l’Abhidharmakośaśāstra. Mais aucune secte ne s’établit au Japon avant que la capitale ne fût définitivement installée à Nara.

Le bouddhisme des

sectes de Nara (710-794)

Toujours plus de religieux japonais se rendaient en Corée et en Chine, malgré les périls du voyage, et ils en revenaient chargés de textes nouveaux et d’objets de piété. Avec les temples ré-

gionaux (kokubun-ji) édifiés par ordre impérial à partir de 741, le bouddhisme se répandit dans tout le pays. En 749, à la suite d’une épidémie de variole qui avait ravagé la contrée et contre laquelle les prières aux kami shintō

avaient été inopérantes, une colossale statue en bronze du bouddha Vairocana (Daibutsu, Dainichi Nyorai) fut fondue et installée dans le temple du Tōdai-ji à Nara, afin qu’il puisse la faire cesser, le bouddha étant alors considéré comme le protecteur de l’État.

Les cultes shintō n’étaient pas

pour autant relégués au second plan : à la Cour, les cérémonies impériales étaient toujours faites par les prêtres, et une sorte de syncrétisme shintō-

bouddhique commençait de naître. Une tradition (qui paraît tardive) rapporte que Gyōgi avait été lui-même demander au grand kami shintō du soleil, Amaterasu Ōmikami, en son sanctuaire d’Ise, la permission d’élever le grand bouddha du Tōdai-ji... Dès le début du VIIIe s., cependant, des tendances diverses étaient apparues au sein du bouddhisme « national », et bientôt naquirent à Nara six sectes dont chacune fondait sa doctrine sur un ou plusieurs textes religieux.

kusha-shū

La doctrine de cette secte appartenait encore au bouddhisme des écoles anciennes connu sous le nom de « Petit Véhicule » (hīnayāna). Fondée sur le texte de l’Abhidharmakośaśāstra (Kusharon), composé par le moine indien Vasubandhu (Seshin en japonais) au IVe ou Ve s., elle enseigne un maté-

rialisme admettant à la fois la matière et l’esprit, lesquels constituent selon elle une personnalité illusoire formée de cinq agrégats (skanda) : la forme (rūpa), composant la matière, la sensation (vedanā), la perception (samjnā), le concept (samskara) et la connaissance, composant l’esprit. Selon cette doctrine, l’être consistant en ces cinq agrégats, il ne peut exister de « moi »

en dehors de ceux-ci : il s’ensuit que seuls ces agrégats existent et sont réels, ainsi que les dharma, ou « conditions de l’être »...

jōjitsu-shū

Cette secte suit une école plus radicale que la précédente dans sa critique, qui refuse d’admettre l’existence des agrégats et les dharma. Sa doctrine est fondée sur le Satyasiddhiśāstra (Jōjitsuron, « Livre de la perfection de la Vérité »), écrit vers le début du IIIe s.

par le moine indien Harivarman (Kari-batsuma en japonais).

Ces deux écoles ne furent pas considérées au Japon comme des sectes

véritablement indépendantes, celle du kusha étant identifiée à une branche de la secte hossō et celle du jōjitsu étant une branche de la secte sanron.

hossō-shū

École intermédiaire entre celles du hīnayāna et du mahāyāna, la secte downloadModeText.vue.download 576 sur 583

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

1673

hossō (madhyāyāna ou du « Moyen

Véhicule ») enseigne que rien n’existe en dehors de la pensée, qui, seule, est réelle. Elle est fondée sur la philosophie de l’école indienne des yogācārin, créée au Ve s. par Asaṅga (Muchaku),

et sur le texte, écrit par ce dernier, du Yogācāryabhūmiśāstra (Yugashi-jiron, « Traité sur le yoga »), traduit en chinois par Xuanzang, dont l’élève Dōshō (628-700) transmit les enseignements au moine Gyōgi.

sanron-shū

Adepte de l’école du madhyamika

(de la Voie du Milieu), fondée par le moine indien Nāgārjuna (Ryūju) au IIe s., la secte sanron fonde son enseignement sur quatre textes

principaux : le Madhyamikaśāstra

(Chūron) de Nāgārjuna, traduit en chinois en 409 par Kumārajīva ; le Dvādaśadvaraśāstra (Jūnimonron,

« Traité des onze portes »), traduit aussi par Kumārajīva ; le Śataśāstra (Hyakuron, « Traité des cent

vers »), écrit par Āryadeva, élève de Nāgārjuna ; le Prajnāpāramitāśāstra (Daichidoron, « Traité de la grande sapience ») de Nāgārjuna. La doctrine de cette école, dite encore « des enseignements de toute la vie du Bouddha »

(ichidaikyō-shū), fut, en 625, importée au Japon, au temple du Gangō-ji, par le moine coréen Ekan. Selon cette doctrine, « la vérité absolue n’est ni l’être ni le néant ; elle est indépendante de ce couple, c’est-à-dire qu’elle est insaisissable » (R. Fujishima).

ritsu-shū

Cette secte, qui relève à la fois du Petit et du Grand Véhicule, entre lesquels elle semble jeter un pont, met principalement l’accent sur la nécessité de la discipline (vinaya, ritsu), qui, seule, selon elle, peut permettre au fidèle d’atteindre l’état de bouddha. Elle se développa surtout en Chine, se réclamant de la Dharmaguptavinaya (Shibunritsu,

« Règle en quatre parties »), composée par Daoxuan (Tao-hiuan [596-667]), appelé Dōsen ou encore Nanzan Rishi en japonais. Le moine Ganjin, venu de Chine en 754, introduisit au Japon le rite de l’ordination monastique de cette secte au monastère du Tōdai-ji, à Nara, à celui du Kanzeon-ji, à Tsukushi, et à celui du Yakushi-ji, dans la préfecture de Tochigi.

kegon-shū

La « doctrine de l’argumentation

fleurie » (kegon-shū) traite surtout de l’état non conditionné des choses, toute chose provenant, selon elle, de la nature absolue de la bhūtatathāta,

« Nature absolue » ou encore « Nature du Bouddha ». Elle fut fondée en Chine par Fazhun (Fa-tchouen [557-640]) sur le texte de l’Avatamṣaka sūtra (Kegon-kyō). La secte kegon japonaise, quant à elle, se fonde sur une traduction du Daśabhūmivibhāṣaśāstra (Jūjibibasharon, « Śastra de l’explication en dix parties »). Elle fut introduite au Japon en 736 par le moine Dōsen (703-762), un maître chinois de l’école de Discipline (vinaya), bien qu’une tradition assure que ce fut par Bodhisena, un brahmane indien.

Les doctrines philosophiques de ces six sectes ou écoles, très ardues, ne furent vraisemblablement comprises, en dehors du milieu des moines, que par quelques personnes appartenant à l’aristocratie japonaise ; le peuple, il va de soi, se sentait étranger à leurs spéculations. Certaines notions, cependant, indépendantes des doctrines purement philosophiques, s’imposèrent à lui, comme celle de la rétribution des actes par la loi nécessaire de cause (in) à effet (ka), « la cause et l’effet n’étant pas séparables », ainsi que celle de la croyance en la puissance salvatrice des divinités, principalement de celle des grands bouddhas (Tathāgata, Nyorai en japonais) et des grands saints qui ont renoncé à l’état de bouddha pour aider l’humanité, les bodhisattvas (bosatsu).