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de l’enseignement du shingon. Cette doctrine est essentiellement fondée sur l’interprétation du « maṇḍala des Deux-Mondes » (Ryōkai mandara),

que Kūkai a exposée dans ses essais critiques.

D’après les doctrines du shingon, le fidèle peut obtenir dès cette vie-ci l’état de bouddha, à la condition qu’il se livre aux pratiques dites « du triple mystère » (sanmitsu). Les écrits de Kūkai, qui constituent l’un des fondements de ces doctrines au Japon, s’appuient sur de nombreux sūtra, mais ils sont principalement axés sur l’étude et l’explication du « maṇḍala des Deux-Mondes », qui consiste en deux maṇḍala complémentaires : le Taizōkai mandara, qui représente les aspects manifestés de Dainichi Nyorai et le monde phénoménal, impermanent, matériel ; et le Kongō-kai, qui représente l’Esprit, l’aspect principe idéal, indestructible (Kongō signifie

« diamant »), stable, permanent, de la Divinité.

Par ces deux maṇḍala, les doctrines du shingon proposent une sorte de panthéisme dans lequel tout l’univers est une manifestation, une émanation du grand bouddha solaire central Mahāvairocana (Dainichi Nyorai).

Elles donnèrent naissance au Japon à une éclosion de formes d’art nouvelles, dans lesquelles les représentations des divinités sont extrêmement diversifiées

et où les gestes symboliques (mudrā, in-zō) ainsi que les postures sont significatives de la nature et des fonctions de chaque divinité.

Ce panthéisme tantrique devait, lui aussi, admettre en son sein les nombreuses divinités, ou kami, du shintō

et favoriser le syncrétisme shintō-

bouddhique sous une forme particu-lière au shingon, le ryōbu-shintō, ou

« shintō des deux parties de l’univers ».

jōdo-shū

La secte du jōdo tire son nom de

celui de la « Terre pure » de l’Ouest ou du « Monde » (Paradis) occidental, qui est censé être la demeure du bouddha Amida (Amitābha), le Gokuraku Jōdo. Cette secte aurait été rapportée de Chine en 847 par le moine Eun (798-869) et se serait développée surtout au début de l’époque des régents Fujiwara, c’est-à-dire aux Xe et XIe s., avec les écrits de Genshin ou Eshin (942-1017) [l’Ojōyōshū, ou

« Questions et réponses sur la mort », en 984], de Ryōnin (1071-1132) et surtout de Hōnen (appelé aussi Genkū

[1133-1212]).

Bien que cette secte n’ait pas été tout d’abord reconnue comme indé-

pendante de celle du tendai, elle tendit à populariser le bouddhisme au Japon en simplifiant à l’extrême les doctrines de salut de celui-ci. La seule adoration du bouddha Amida et la répétition constante (japa, litanies) de son nom sous forme d’invocation (« Namu Amida Butsu », parfois abré-

gée en « Nammanda Butsu »), appe-

lée « nembutsu », doivent suffire pour assurer à l’être humain, après sa mort, l’entrée dans le « Paradis de l’Ouest »

(Sukhāvatī, Gokuraku Jōdo), où il pourra se perfectionner pour atteindre finalement l’état de bouddha. C’est une doctrine purement piétiste, selon la définition de Nāgārjuna : « Dans le grand océan de la loi du Bouddha, le seul moyen d’entrer est la foi. »

Le bouddhisme de

l’époque de Kamakura

(1192-1333)

Avec la décadence du régime des Fujiwara et les troubles qui s’ensuivirent,

la croyance à l’entrée dans la période du mappō, ou « ère finale de dégéné-

rescence de la loi du Bouddha », prit un caractère de plus en plus dramatique. L’avènement du gouvernement militaire de Kamakura et les luttes de celui-ci avec le pouvoir impérial et les aristocrates de Heian-kyō allaient profondément marquer l’évolution du bouddhisme au Japon. De nouvelles sectes apparurent plus ou moins en réaction contre les autres, considérées comme trop aristocratiques, comme celle du zen, qui eut la faveur des guerriers, ou celles du jōdo-shinshū et de nichiren, qui s’adressèrent principalement au peuple ignorant des campagnes et aux bushi, ou guerriers des classes moyennes et inférieures.

jōdo-shinshū

Un des disciples de Hōnen, Shin-

ran (appelé aussi Zenshin et Shakku

[1173-1262]), provoqua à la mort

de son maître (1212) un schisme au sein de la secte du jōdo en publiant son enseignement du Kyō-gyōshinhō

(doctrine, pratique, foi et réalisation) en 1224. Trente ans après la mort de Shinran, un fidèle auditeur de ce dernier résuma cet enseignement dans un opuscule intitulé Tannishō (opuscule sur les hétérodoxies déplorables). Ce texte devait devenir l’un des plus importants de la nouvelle secte, qui prit alors le nom de « jōdo-shinshū » ou

« vraie secte de la Terre pure ». Dans ses enseignements, Shinran préconisait une vérité double (shintai, zoku-tai : foi et moralité) ; il affirmait que le seul fait d’avoir foi dans le voeu originel d’Amida (lequel était de sauver tous les êtres quels qu’ils soient) et de réciter le nembutsu avec sincérité suffisait à assurer la renaissance dans le paradis d’Amida. La Vérité est alors de se reposer de tout coeur sur le pouvoir supérieur du voeu originel d’Amida en laissant de côté toute idée personnelle.

Une originalité de la nouvelle secte était que ses religieux avaient le droit de se marier, afin d’effacer la division traditionnelle existant entre le clergé et le monde laïque. Ippen Shōnin (appelé parfois Yūgyō Shōnin [1239-1289]), un ancien moine du tendai, déclara à son tour que, les kami shintō étant des manifestations des bouddhas et des

bodhisattvas, on pouvait aussi bien leur adresser le nembutsu. Il prêchait un abandon total en Amida et, de ce fait, ajouta le mysticisme au piétisme du jōdo. Au XVe s., Rennyo (1415-1499), continuateur de Shinran, assurera de même que la récitation du nembutsu sans foi est inutile. Ceux qui s’opposaient à ses vues, notamment pendant la période de guerres civiles qui ensan-glantèrent le Japon du milieu du XVe s.

jusqu’au milieu du XVIe (Sengoku-jidai,

« époque du pays en guerre »), don-nèrent à ses partisans le nom d’« ikkō »

(ceux qui se tournent d’un seul côté).

Ces ikkō, organisés en ligues (ikkō-

ikki), s’armèrent afin de résister aux attaques des autres sectes et à celles des puissances séculières. La foi des prédicateurs du jōdo-shinshū était intense, et leurs prédications étaient énergiques.

À cette époque, cette secte connut une extension prodigieuse. Les adeptes de la secte shin (comme on appelait alors par abréviation le jōdo-shinshū), bien que mêlant à leur foi des principes confucianistes et politiques, refusaient de vénérer les nombreuses divinités du panthéon bouddhique et, en principe, n’admettaient que l’image du bouddha Amida.

zen-shū

La doctrine du zen (chan, ou tch’an en chinois), abréviation de zenna, transcription japonaise du sanskrit dhyāna (méditation), peut être résumée en ces mots : « C’est une transmission d’une nature spéciale en dehors de tout enseignement et qui ne s’appuie sur aucun mot ; il faut donc bien reconnaître la nature de la pensée humaine en soi-même si l’on veut devenir un bouddha » (R. Fujishima). Cette doctrine fut importée de Chine en 1191

par le moine Eisai (Senkō Kokushi

[1141-1215]), qui établit au Japon la secte Rinzai (Huang-long, ou Linji en chinois), et par le moine Dōgen (Buppō Zenji, mort en 1253, de son nom posthume Shōyō Daishi), qui, à son retour de Chine en 1227, établit la secte sōtō (ou sōdō, caodong, ou ts’ao-tong en chinois). Vers 1650, un religieux chinois importa au Japon une autre secte, appelée « ōbaku », se réclamant, elle aussi, des doctrines du zen. L’enseignement du dhyāna aurait

été, selon la tradition, transmis par un des grands disciples du bouddha Śākyamuni, Kaśyapa (Makakashō), à un autre disciple, Ānanda (Ananda), et, à travers vingt-huit patriarches successifs, jusqu’à Bodhidharma (Bodaida-ruma), qui, toujours selon une tradition historique douteuse, l’aurait introduit d’Inde en Chine en 520. Le zen propose une méthode de libération origi-downloadModeText.vue.download 578 sur 583