y 1792 : le pouvoir échoit au New South Wales Corps, qui a pris la place de l’infanterie de marine en l’absence du successeur de Phillip. Alors que ce dernier avait voulu promouvoir une certaine égalité entre tous, créer un embryon de pouvoir civil, le « Corps » va diriger la colonie pour son propre profit, se réservant la plus grande partie des terres, forçant les convicts à les leur défricher. La fortune d’un de ces officiers, Macarthur, passe ainsi de 500 livres de dettes à 20 000 livres en 1801 ! Lorsque le remplaçant de Phillip arrive (John Hunter), il essaye de réagir : il va se heurter à l’hostilité du « Corps », au demeurant la seule force dont il dispose ; n’ayant pas de pouvoir, il ne peut rien contre cette caste qui détourne à son profit tout ce qui sort de la colonie. Ses deux successeurs, P. G. King (1800-1805) et William Bligh — l’ancien capitaine du Bounty — (1805-1808), n’ont pas plus de succès : le conflit s’aigrit, et les convicts se révoltent à plusieurs reprises.
y Lachlan Macquarie
Arrivé en décembre 1808, le nouveau gouverneur, Macquarie, est accompagné de son propre régiment, qui s’installe, tandis que le New South Wales Corps rentre en
Angleterre, où il devient un simple régiment de ligne. Toutefois, beaucoup de ses officiers restent en Australie en raison des grands domaines qu’ils y ont amassés. Macquarie va gouverner le pays avec une poigne de fer ; toutes les décisions passent par lui. Des routes, des bâtiments publics sont construits en grand nombre.
L’élevage du mouton est développé : dès ce moment, il a pris le pas sur la culture des céréales. John Macarthur fait venir en Australie des moutons mérinos, qui s’acclimatent à merveille et dont la laine atteindra des prix records en Europe : c’est la première source de la prospérité australienne. Une conséquence de ce fait est la reprise du mouvement d’exploration. En 1796 Matthew Flinders et en 1798 George Bass avaient dans de simples baleinières exploré les côtes sud et est : mais le besoin de terres nouvelles pour l’élevage du mouton amène Macquarie à lancer des expéditions à l’assaut des montagnes Bleues, qui ferment la plaine de Sydney. Celle de Gregory Blaxland, William Lawson et William Charles Wentworth, en 1813, réussit, et les convicts construisent une route à travers la montagne, qui permet d’exploiter les terres découvertes. Macquarie cherche aussi à modifier l’équilibre social de la colonie en favorisant la transformation des convicts en petits fermiers. Cela provoque le mécontentement des grands proprié-
taires : ils obtiennent en 1821 le rappel de Macquarie, remplacé par sir Thomas Brisbane.
AFFIRMATION ET EXPANSION
(1820-1860)
Alors commence en fait l’histoire de l’Australie en tant que colonie anglaise. Aux convicts s’opposent aussi bien les « exclu-sionnistes » (colons libres) et les « éman-cipistes » (convicts graciés et libérés). Ils veulent obtenir la suppression du transport des convicts, et voir l’Australie passer du rang de pénitencier à celui de colonie.
En même temps, la fortune du mouton provoque une grande vague d’exploration.
y 1823 : la Nouvelle-Galles du Sud est transformée en colonie de la Couronne.
À côté du gouverneur est créé un conseil législatif : il est vrai que les colons n’y sont guère représentés, ce qui provoque leur mécontentement (d’où une certaine agitation politique).
y 1825 : la terre de Van Diemen (Tasma-
nie) est séparée de Sydney et reçoit un gouverneur.
y 1829 : fondation de l’Australie-Occidentale par James Stirling. Mais la nouvelle colonie a du mal à croître, et Perth reste une petite bourgade.
y 1830 : Charles Sturt explore le bassin de la Murray River.
y 1831 : sous l’influence du théoricien Edward Gibbon Wakefield, on décide de ne plus distribuer les terres aux colons, mais de les leur vendre. Seuls les gens de qualité pourront ainsi s’établir, et le niveau de la civilisation ne sera pas trop menacé.
En fait, la terre est vendue à un prix très bas, mais par lots très étendus seulement.
Ainsi, les grands capitalistes peuvent se former d’immenses domaines, tandis que les pauvres sont contraints d’occuper illé-
galement les terres (vides) du gouvernement, qu’ils ne peuvent acheter (ce sont les « squatters »).
y 1836 : Thomas Mitchell parcourt le sud-est de l’Australie. Il trouve des colons établis à l’insu de Sydney dans la région de Port Phillip (Melbourne) : aussitôt, le district de Port Phillip est créé (futur Victoria) et soumis à Sydney, au vif mécontentement des habitants. En outre, l’Australie-Méridionale est fondée (ville d’Adélaïde) conformément aux principes de Wakefield.
y 1840 : le transport des convicts en Nouvelle-Galles du Sud est supprimé. La population australienne atteint alors environ 200 000 habitants. Surtout, puisqu’il n’y a plus de convicts en Australie (il n’y en aura plus que 7 000 en 1847), rien ne s’oppose plus au « self-government » de la colonie.
y La marche vers le
« self-government » et
la découverte de l’or
y 1840-1846 : une profonde dépression économique s’abat sur l’Australie-Méridionale, et de là sur les autres colonies.
y 1847 : manquant de main-d’oeuvre, les squatters font venir des coolies chinois.
Londres l’interdit, affirmant la vocation
« européenne » de l’Australie : par contre, on essaye d’envoyer de nouveaux convicts, baptisés « exilés ». C’est un tollé général,
et les navires ne peuvent débarquer leurs passagers ni à Sydney ni à Melbourne (ils le feront à Perth).
y 1850 : l’« Australian Colonies Government Act » établit des conseils législatifs partiellement élus dans les quatre colonies (Nouvelle-Galles du Sud, Victoria, Australie-Méridionale, Tasmanie). Le droit de vote est censitaire.
y 1851 : Edward H. Hargraves, revenu de Californie, découvre de l’or dans la région de Bathurst (Nouvelle-Galles du Sud) ; bientôt, on découvre des gisements plus riches encore dans le Victoria. C’est la ruée : en deux ans (1852-1853), 190 000
immigrants arrivent en Australie, dans le Victoria surtout.
y 1853 : cette nouvelle prospérité amène Londres à reconsidérer sa politique à l’égard de l’Australie, et on propose aux colonies de rédiger elles-mêmes leurs Constitutions. Ce sont les grands proprié-
taires qui s’en chargent. Néanmoins, l’enrichissement de la population grâce à l’or amène une forte opposition radicale à se manifester.
y 1859 : une nouvelle colonie, le Queensland, est formée. Une Australie riche, mais dispersée, existe donc.
VERS L’UNION ET LA PROSPÉRITÉ
(1860-1900)
y Libéraux et conservateurs
Les Constitutions des nouveaux États australiens, pour imiter l’exemple anglais, établissent partout deux chambres ; l’ancien conseil législatif, maintenu, joue un peu le rôle de chambre haute dans un Parlement où l’autre assemblée est élue, d’abord avec un cens beaucoup moins élevé, et vite au suffrage universel. Le conseil est en géné-
ral tenu par les grands propriétaires-éleveurs, l’assemblée par les libéraux, élus par les fermiers, les commerçants, etc. : d’où une série d’obscures querelles constitutionnelles. Les libéraux réussissent dans l’ensemble à faire adopter leurs vues.
y 1860 : la construction des chemins de fer se développe. Le blé australien, facilement transporté, devient compétitif ; à la laine et aux produits miniers s’ajoute ainsi une troisième source de richesse, les céréales,
que le Victoria et l’Australie-Méridionale exportent.
y 1865 : « Colonial Laws Validity Act » ; cette loi permet aux colonies d’établir une législation qui peut, si besoin est, contredire la loi anglaise.
y 1865 : « Grant Act » ; obtenu par les libéraux, il permet aux gens désireux de devenir fermiers de « sélectionner » une partie de la terre occupée jusque-là par les