Les installations portuaires, longtemps médiocres, ne durent leur essor qu’aux travaux d’envergure entrepris de 1800 à 1804, puis complétés par les réalisations de la chambre de commerce aux XIXe et XXe s.
Il est peu d’événements de notre histoire contemporaine auxquels la cité boulonnaise n’ait été mêlée. Sous la Révolution et l’Empire, ses marins participent à la guerre de course contre l’Angleterre. Napoléon Ier, lorsqu’il prépara une descente en Angleterre (camp de Boulogne), établit son quartier général au château de Pont-de-Briques et, le 16 août 1804, il vint procéder lui-même à la distribution des aigles de la Légion d’honneur. Une colonne à la gloire de la Grande Armée perpétue ces événements. Les 5 et 6 août 1840, la garde nationale boulonnaise fit échouer la seconde tentative de pronuncia-miento de Louis Napoléon Bonaparte.
Lieu de débarquement des forces
anglaises pendant la Première Guerre mondiale, Boulogne reçut en juin 1917
le général Pershing et l’état-major
américain. Occupée par les Allemands le 24 mai 1940 après une héroïque mais vaine résistance, la ville subit les bombardements très meurtriers de mai-juin 1944. Libérée en septembre 1944 par l’opération « Welhit », sinistrée à 80 p. 100, sa population ramenée de 52 371 (1936) à 35 112 habitants (1946), elle s’engagea ensuite dans un important travail de reconstruction et d’expansion économique.
J. C.
F Artois / Boulonnais / Picardie.
Boulonnais
Région historique correspondant à l’arrondissement de Boulogne-surMer et à une partie de celui de Montreuil-sur-Mer dans le département du Pas-de-Calais.
L’ancienneté de l’habitat est attestée par la découverte de sites préhistoriques, du Paléolithique à l’âge des métaux. Avec les Morins, petit peuple issu des migrations celtiques du IIIe s.
av. J.-C., le Boulonnais entre dans l’histoire. En 56 et 55 av. J.-C., les Morins opposent à César une résistance qui faiblira après la défaite de Vercingétorix pour renaître sous le principat d’Auguste, en 29 av. J.-C.
Mais la romanisation de la « cité des Morins », incluse dans la IIe Belgique, ne fut effective qu’après l’incorporation, sous le règne de Claude, de la Bretagne à l’Empire. Conquis par les Saxons et les Francs-Saliens au Ve s., partie du royaume franc de Neustrie, le Boulonnais connut une existence propre quand, après avoir été rattaché au Ponthieu sous les Carolingiens, il forma, autour de sa capitale Bononia, le Pagus Bononiensis. Sa transformation en comté héréditaire à la fin du IXe s. fut le résultat des convulsions de l’Empire après la mort de Charlemagne. Illustré par les fils d’Eustache II, Godefroi de Bouillon et Baudouin, premiers rois de Jérusalem, il passa en 1192 de la mouvance de la Flandre à celle de l’Artois.
En 1261, la maison d’Auvergne le reçut en héritage, mais Philippe le Bon s’en empara en 1422. Le Boulonnais devint donc possession des ducs de Bourgogne (1435), jusqu’au jour où
Louis XI, vainqueur de Charles le Té-
méraire, s’en attribua la suzeraineté et, par un ingénieux tour de passe-passe, en fit, pour lui-même et ses successeurs, hommage à Notre-Dame (1478).
Jusqu’à l’incorporation au domaine royal par le traité d’Arras (1482), l’histoire du Boulonnais, « le plus précieux anglet de la chrétienté », avait été dictée par sa position de pays frontière (sur les plans politique et linguistique).
Il n’en alla pas autrement quand les rois succédèrent aux comtes. Champ clos des luttes de la France et de la downloadModeText.vue.download 14 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1693
maison de Habsbourg, tour à tour dé-
vasté par les Anglais (siège et prise de Boulogne, 1544) ou par les Impériaux (destruction de Thérouanne, 1553), le Boulonnais ne fut libéré de ses ennemis qu’après le traité de Nimègue (1678).
Tout au long de ces périodes troublées, les troupes boulonnaises, héritières de l’ost féodal, avaient assumé la défense du pays. En contrepartie de cet « impôt du sang », le Boulonnais exigea de ses suzerains le respect de ses immunités et privilèges. Doté — quoique dépendant de l’intendance et de la généralité d’Amiens — d’une assemblée provinciale depuis 1786, on conçoit qu’il n’ait pas admis sans résistance sa réunion à l’Artois dans le département du Pas-de-Calais en 1790.
J. C.
F Artois / Boulogne-sur-Mer / Picardie.
J. Lestocquoy, Histoire de la Picardie et du Boulonnais (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962).
Boumediene
(Houari)
Homme d’État algérien (Guelma
1925).
Après l’école primaire dans sa ville natale, il poursuit ses études d’abord à Tunis, à l’université al-Zaytūna, ensuite au Caire, à l’université al-Azhar.
Nommé instituteur dans la capitale égyptienne, il quitte l’enseignement dès le début de l’insurrection algé-
rienne pour rejoindre Ben Bella, alors chef de la délégation extérieure du F. L. N. Très vite, Boumediene décide de regagner l’Algérie pour participer aux combats contre les Français.
En 1955, à partir du Maroc, il entre clandestinement en Oranie avec un groupe de neuf hommes. D’abord
simple combattant, il gagne très vite la confiance du chef de la willaya V
(Oranie), Boussouf. Devenu membre du G. P. R. A., ce dernier lui confie le commandement de sa willaya. Il l’appelle par la suite à l’état-major de l’A. L. N. à Tunis. Au début de 1960, Boumediene est promu chef d’état-major de l’Armée de libération nationale.
Ses nouvelles responsabilités vont bientôt le fixer sur les frontières al-géro-tunisiennes. L’armée française ayant sévèrement contrôlé le passage de l’A. L. N., Boumediene se trouve condamné à l’inactivité. Il exploite cette situation pour parachever sa formation. À défaut d’activités militaires, son P. C., installé dans le petit village tunisien de Ghardimaou, connaît une intense activité intellectuelle et politique. On commente avec passion et application Lénine, Mao Zedong (Mao Tsö-tong), Fidel Castro et Che Guevara, discutant du rôle révolutionnaire de l’armée, du devenir de l’A. L. N.
après l’indépendance et de la transformation de ses unités en milices politiques.
Une telle effervescence idéologique n’est pas sans inquiéter le G. P. R. A., soucieux de conserver le pouvoir après l’indépendance et craignant d’être dé-
bordé par l’A. L. N. C’est ainsi que, avant même la signature des accords d’Évian, le G. P. R. A. manifeste sa volonté de neutraliser le colonel Boumediene et les autres chefs de l’armée ex-térieure. Le 30 juin 1962, il proclame la destitution de Boumediene ainsi que de ses adjoints, les commandants Mendjli et Slimane.
L’état-major de l’A. L. N. exploite alors les rivalités des leaders civils de la révolution. Dans le conflit qui oppose
Ben Bella à la majorité du G. P. R. A., le colonel Boumediene prend le parti de l’ancien chef de la délégation ex-térieure ; il met à son service la seule force véritablement organisée, lui permettant ainsi de conquérir le pouvoir contre ses rivaux.
Il est alors promu ministre de la Défense (1962) et vice-président du gouvernement (1963), et il devient, à côté de Ben Bella, le personnage le plus influent de la jeune République algérienne. L’homme est pourtant très discret et fait très peu parler de lui-même. Mais, alors que le chef de l’État consacre le plus clair de son temps aux discours, aux audiences et aux visites, le colonel Boumediene s’attelle avec beaucoup d’application à l’organisation de l’A. L. N., devenue, à la suite de l’indépendance, l’A. N. P. (l’Armée nationale populaire).
Il décide de prendre le pouvoir et parvient, avec une facilité déconcertante, à éliminer Ben Bella en dépit de son prestige international et de son audience auprès des masses populaires (19 juin 1965). Le pays passe entre les mains de l’A. N. P. Le Conseil de la ré-