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Appartient encore à cette période une des nouvelles les plus connues de Bounine, le Monsieur de San Francisco (1915) : ce millionnaire a sacrifié sa vie à l’édification d’une fortune, mais, aux approches de la soixantaine, il décide de se donner du bon temps ; embarqué avec sa femme et sa fille pour un voyage autour du monde, il meurt à l’escale de Capri, et c’est son cercueil que l’on charge dans les soutes du même paquebot qui l’avait amené en cabine de luxe.

Émigré en France en 1920, Bou-

nine continue de produire, mais se détache de l’actualité. Ses écrits en prose adoptent alors les formes les plus diverses — conte, légende, récit fantastique ou réaliste —, mais presque tous se rattachent à un thème unique : même s’il doit n’être qu’éphémère, conduire à la souffrance et à la mort, un amour authentique est la seule force capable de triompher de la grisaille environnante et de transfigurer le monde. Tels sont l’Amour de Mitia (1925), l’Affaire du cornette Elaguine (1927) et les trente-huit récits du recueil de 1946,

Allées sombres.

Conduit par la nostalgie de la patrie à un retour au passé, Bounine travaille de 1927 à 1938 à la composition de la Vie d’Arseniev, relation des souvenirs de ses vingt-quatre premières années : il y dit l’émerveillement frémissant devant la vie qui préside à la formation de son univers enfantin, l’éveil de sa vocation d’écrivain, son amour pour Lika. Le thème de la mort se fait entendre dès les premières lignes et traverse toutes les pages jusqu’à l’ultime. Cet ouvrage devait être, dans la littérature russe, la dernière autobiographie d’un écrivain noble.

A. G.

K. I. Jaissev, I. A. Bounine, la vie et l’oeuvre (en russe, Berlin, 1934). / C. Ledré, Trois Romanciers russes (Nouv. Éd. latines, 1936). / V. N. Afa-nassev, I. A. Bounine (en russe, Moscou, 1966). /

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

1695

O. N. Mikhailov, Ivan Alekseïevitch Bounine (en russe, Moscou, 1967).

Bourbaki

(Nicolas)

Pseudonyme collectif adopté par un groupe de jeunes mathématiciens, pour la plupart français.

Né avant la Seconde Guerre mon-

diale, ce groupe est surtout connu par ses Éléments de mathématiques, publiés depuis 1939 en une trentaine de fascicules de 100 à 300 pages chacun dans la collection « Actualités scientifiques et industrielles » de la librairie Hermann. Ces Éléments, qui s’appel-leraient mieux Fondements, car ils ne constituent nullement un ouvrage élé-

mentaire, sont d’ailleurs l’objet de ré-

visions et de mises au point continues.

Le groupe Bourbaki lui-même ne

présente pas de structure définitive.

Il se renouvelle de façon permanente par cooptation, ses membres s’en retirant lorsqu’ils atteignent un âge limite, fixé au départ à la cinquantaine. Si, au début, les adhérents au groupe étaient de nationalité française, il comprend actuellement quelques membres étrangers. L’anonymat, d’ailleurs souvent percé, est de rigueur. On peut comparer le groupe Bourbaki, anonymat mis à part, aux académies libres qui, se groupant au XVIIe s. autour du P. Marin Mer-senne (1588-1648) ou d’Henri Louis Habert de Montmort (1600-1679), sont à l’origine de l’Académie des sciences.

À ses débuts, Bourbaki publie des articles dans les revues comme tout mathématicien. Sa candidature est même proposée à l’American Mathematical Society, mais n’est pas maintenue lorsque sa structure est mieux comprise. Aujourd’hui, sa renommée, considérable et méritée, repose uniquement sur ses Éléments. Ce qui les caractérise est l’accent mis sur l’approche strictement axiomatique de la mathématique et l’utilisation d’une terminologie personnelle, leur succès entraînant d’ailleurs une atténuation progressive de ces caractères originaux.

La terminologie et les notations bour-bakistes sont de plus en plus tombées dans le domaine public, tant en France qu’à l’étranger. Quant à la conception axiomatique, elle tend actuellement à envahir l’enseignement, même élémentaire, ce que Bourbaki n’envisageait nullement à ses débuts. Sans prétendre procéder à des recherches originales ou à des explorations d’avant-garde, ce dont se chargeaient les individualités qui le constituaient, ce groupe se propose un but de clarification et de systé-

matisation. Il répond ainsi à un besoin

profond qui se faisait sentir après les conquêtes considérables, mais assez anarchiques du XIXe s. et du début du XXe s. On pourra le rapprocher à cet égard du groupe des géomètres grecs qui rédigea au IIIe s. av. J.-C. les Élé-

ments d’Euclide. L’axiomatique de la géométrie euclidienne, esquissée par les Grecs et complètement dégagée par David Hilbert (1862-1943), comme celle de Giuseppe Peano (1858-1932) pour l’ensemble N des entiers naturels, se propose de trouver un ensemble d’axiomes caractérisant avec précision la théorie pour laquelle elle a été formulée. L’axiomatique de Bourbaki procède d’un autre état d’esprit.

Ses axiomes sont énoncés de façon abstraite, et l’ensemble maximal des mathématiques qui satisfait à un certain nombre d’entre eux s’appelle une structure. Ainsi apparaissent les structures de groupe, d’anneau, de corps, etc. Il serait erroné de croire que ces structures n’étaient pas connues avant Bourbaki. Celui-ci serait le premier à se récrier devant une telle naïveté, ayant en effet un sens aigu de l’histoire. Plusieurs chapitres de ses Élé-

ments comprennent des commentaires historiques très riches et fort précis.

L’éditeur les a rassemblés en des Élé-

ments d’histoire des mathématiques, dont la première édition est de 1960 et la seconde de 1969.

J. I.

F. Le Lionnais, les Grands Courants de la pensée mathématique (Blanchard, 1962).

Bourbon

Maison souveraine dont les membres ont régné en France (XVIIe-XIXe s.), en Espagne (XVIIIe-XXe s.), à Naples, dans les Deux-Siciles (XVIIIe-XIXe s.) et à Parme (XVIIIe-XIXe s.).

Elle tire son nom de la ville de Bourbon-l’Archambault (auj. dans l’Allier), ancienne capitale de la seigneurie, devenue par la suite capitale du duché de Bourbon. D’abord vassaux des comtes de Bourges, les seigneurs de Bourbon devinrent, à partir du Xe s., vassaux directs de la Couronne royale de France.

Les « rois de France de la 3e race »

sont issus de la 4e maison de Bourbon, formée au XIIIe s. Vers 1278, ROBERT DE

CLERMONT (1256-1317), sixième fils de Louis IX, roi de France, épouse Béatrice de Bourbon et Charolais († 1310), fille unique d’Agnès de Bourbon et de Jean de Bourgogne, seigneur de Charolais. Par ce mariage, il acquiert la seigneurie de Bourbon, dont hérite son fils aîné, LOUIS Ier, au profit de qui, en 1327, Charles IV érige la seigneurie de Bourbon en duché-pairie.

De cette maison de Bourbon sont

issues de multiples branches.

Deux branches ont porté le propre nom de Bourbon : la branche aînée et la maison de Bourbon Marche-Vendôme.

La branche aînée est issue de

PIERRE Ier, 2e duc de Bourbon de 1341 à 1356, fils aîné de Louis Ier et de Marie de Hainaut. Son fils, LOUIS II LE BON, 3e duc de Bourbon (1356-1410), fut le compagnon de Du Guesclin. JEAN Ier, 4e duc de Bourbon (1410-1434),

fut l’un des chefs des Armagnacs.

CHARLES Ier, 5e duc de Bourbon (1434-1456), plus connu sous le nom de comte de Clermont, négocia le traité d’Arras downloadModeText.vue.download 17 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

1696

en 1435. JEAN II, 6e duc de Bourbon (1456-1488), réclama la régence à la mort de Louis XI : celle-ci ayant été dévolue à Anne de Beaujeu, il prit part contre elle à la « Guerre folle » ; il ne laissa que des filles. PIERRE II, sire de Beaujeu, 7e duc de Bourbon (1488-1503), frère de Jean II, épousa Anne de France (Anne de Beaujeu) en 1474