Préfaçant en 1905 le catalogue de sa première exposition particulière (à la galerie Hébrard), Elie Faure le louera de posséder « le sens du symbolisme supérieur ».
L’oeuvre d’Antoine Bourdelle est de près de mille sculptures, plusieurs milliers de dessins, de pastels, de peintures et de fresques. Le musée municipal Antoine-Bourdelle, fondé en 1949 autour des ateliers du sculpteur, donne de cette énorme production un aperçu très large (876 plâtres originaux). En voici les principales étapes : buste d’Ingres (1908) ; Héraklès archer (1909) ;
bas-reliefs et fresques du Théâtre des Champs-Élysées (1910-1912) ; la Mort du dernier centaure (1914) ; monument du général Alvear, à Buenos Aires (commencé en 1915, terminé en 1923) ; Sainte Barbe (1916) ; la Danse du voile (1917) ; bustes d’Anatole France et de James Frazer (1919) ; Vierge à l’Enfant (1920) ; Bacchante portant Éros (1921) ; Victoire au bouclier votif (1922, Chambre des dépu-tés) ; buste d’Auguste Perret (1923) ; bandeau pour l’Opéra de Marseille et monument aux mineurs de Montceau-les-Mines (1924) ; Sapho et masque de Bourdelle (1925) ; le Temple d’Héraklès (stade de Toulouse, 1927) ; monument à Mickiewicz (Paris, 1928).
Tant à l’académie de la Grande-
Chaumière que dans ses ateliers, Bourdelle eut de nombreux élèves (dont Alberto Giacometti* et Germaine
Richier*), qu’il enchantait par son éloquence poétique. Deux livres té-
moignent de sa pensée : la Sculpture et Rodin (Émile-Paul, 1937) et Écrits sur l’art et la vie (Plon, 1955). Bourdelle définissait l’art comme « une émotion qui a saisi les nombres ». Sa devise était : L’ordre et la liberté, le feu et la raison mêlés.
M. G.
F. Fosca, E. A. Bourdelle (N. R. F., 1924).
/ A. Fontainas, Bourdelle (Rieder, 1930). /
M. Denis, Discours sur la tombe de Bourdelle (Association du Livre d’art français, 1934). /
G. Varenne, Bourdelle par lui-même (Fasquelle, 1937). / M. Gauthier, Bourdelle (les Gémeaux, 1951). / I. Jianou et M. Dufet, Bourdelle (Arted, 1965 ; nouv. éd., 1970).
Bourdon
(Sébastien)
Peintre français (Montpellier 1616 -
Paris 1671).
Peintre d’histoire, de scènes de genre et de paysages, portraitiste et graveur, il participe étroitement à l’élaboration de l’art classique français.
Fils d’un peintre verrier de confession calviniste, il est envoyé en apprentissage à Paris, dès l’âge de sept ans, chez un peintre nommé Jean Barthé-
lémy. Il retourne dans le Midi lors de sa quatorzième année. Sans ressources, il travaille à Bordeaux et à Toulouse avant de partir pour l’Italie en 1634. À
Rome, il subvient à ses besoins en livrant aux amateurs des répliques et des imitations d’après les tableaux d’artistes italiens en renom. Il copie aussi des oeuvres de Claude Lorrain*
et de Poussin*.
Il connaît bientôt la faveur d’amateurs français, tel Hesselin, avec lequel il rentre à Paris en 1637. Il peint alors des scènes de chasse ou de bataille ainsi que des bambochades, petits tableaux de genre dans l’esprit de Pieter Van Laar (ou Laer), dit il Bamboccio (1599-1642). Une première consécration lui vient en 1643 : il reçoit commande, à l’occasion du « mai » de la corporation des orfèvres, d’un Martyre de saint Pierre pour Notre-Dame de Paris. Le prestige de cette oeuvre trouve un écho dans le Sacrifice de Noé (musée d’Arras) ainsi que dans Salomon sacrifiant aux idoles (Louvre).
Enfin, en 1648, Bourdon est l’un des douze membres fondateurs de l’Acadé-
mie* royale de peinture et de sculpture.
En 1652, pendant la Fronde, il se rend à Stockholm sur l’invitation de Christine de Suède, qui fait de lui son premier peintre et le portraitiste de la Cour. En 1654, il revient à Paris, où il partagera désormais son temps entre ses activités de peintre et de recteur de l’Académie royale.
La conférence académique que
Bourdon prononce le 9 février 1669
sur la Lumière selon les différentes heures du jour témoigne d’une de ses principales préoccupations : « La lu-mière, dit-il, fait partie du sujet que le peintre doit traiter. » C’est dans l’art du paysage qu’il donne les plus heureuses applications de ses théories.
Son Paysage historique (Montpellier, musée Fabre) et son Retour de l’Arche (Londres, National Gallery) reprennent les sources d’inspiration héroïque de Poussin, mais leur originalité réside dans l’emploi d’un coloris à dominante froide (bleu et blanc) ainsi que dans une savante construction des plans, menée parfois jusqu’à l’épure.
L’éclectisme et la virtuosité de Bour-
don se retrouvent dans ses tableaux de genre : les Mendiants (Louvre), le Four à chaux (Munich), où l’artiste s’inspire de ses contemporains nordiques Teniers* et Brouwer*. De même, l’élé-
gance de Van Dyck* avait marqué ses portraits suédois : ceux de la reine Christine (Stockholm) ou du comte Adolph Johan l’aîné (Montpellier).
L’ascendant de Poussin et de Le
Brun, mais aussi d’Italiens comme Pierre de Cortone*, triomphe finalement dans ses oeuvres de matu-
rité : la Chute de Simon le Magicien (1657-58), peinte pour la cathédrale de Montpellier, l’Eliézer et Rébecca du château de Blois ou les peintures de la galerie de l’hôtel de Bretonvilliers à Paris, aujourd’hui détruit (Histoire de Phaéton, à partir de 1663). Ainsi, Bourdon incarne un moment du classicisme français où dominent encore des influences étrangères, italiennes et autres, auxquelles se réfèrent de nombreux artistes de cette génération, tels Louis Boullongne (1609-1674), qui fut le condisciple de Bourdon à Rome, ou downloadModeText.vue.download 20 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1699
Jean Tassel (1608-1667), qui s’inspire, lui aussi, de Pieter Van Laer.
P. H. P.
C. Ponsonailhe, Sébastien Bourdon, sa vie et son oeuvre (chez l’auteur, 1884).
Bourg-en-Bresse
Ch.-l. du départ. de l’Ain ; 44 967 hab.
(Bressans ou Burgiens).
Préfecture, ville de foires, carrefour ferroviaire et routier, centre industriel, Bourg-en-Bresse est le type de ces petites villes de province dont la population s’accroît rapidement depuis 1954.
La ville s’est développée au contact de trois pays différents : au nord, la Bresse, plaine bocagère où domine la petite exploitation de polyculture intensive ; au sud, la Dombes, avec ses
forêts, ses étangs, ses grands domaines de chasse et d’agriculture ; à l’est, le Revermont, premier contrefort du Jura méridional, montagne d’élevage et d’exploitation forestière. Le commerce du bétail et spécialement des volailles représente l’activité essentielle des marchés-foires de Bourg ; en général, ce sont les Bressans et Dombistes qui vendent, tandis que les Jurassiens et les Savoyards achètent. Cette fonction commerciale de Bourg, très ancienne, fut liée jadis à la fonction politique : dès le XIIIe s., la maison de Savoie réunissait le pays de Gex, le Bugey, la plus grande partie de la Bresse, de manière à contrôler le plus loin possible la route des Alpes. Bourg assurait le contact avec les pays de Bourgogne. La ville fut une véritable capitale au début du XVIe s., lorsque Marguerite d’Autriche, veuve du duc de Savoie, Philibert II le Beau, gouvernait les Pays-Bas. C’est l’époque de la construction de Brou.
Bourg devint chef-lieu du département de l’Ain en 1790. Au XIXe s., les grands itinéraires routiers, puis ferroviaires, de Paris à l’Italie par Modane, de Marseille à l’Allemagne par Strasbourg, font de Bourg l’un des principaux carrefours du Sud-Est. Ce rôle fondamental du commerce et du transit apparaît aussi bien dans le plan en étoile de la ville que dans le nom des faubourgs développés au-delà des boulevards : faubourgs de Lyon, de Mâcon, du Jura.