L’industrie est apparue très tôt sous la forme du tissage des draps, de la tannerie et du travail du bois.
Aujourd’hui, les activités du secteur tertiaire occupent près des deux tiers de la population active dans les administrations publiques, le commerce, les banques et les assurances.
La ville compte près d’un millier d’établissements commerciaux, auxquels s’ajoutent, une fois par semaine, les forains. L’immense champ de foire est très animé le troisième mercredi de chaque mois et pendant les neuf jours de la Foire de printemps. Fondée en 1849, la Banque régionale de l’Ain est restée indépendante jusqu’à une date récente. Cependant, au sud et à l’ouest, la zone d’influence de Bourg est limitée par Lyon et par Mâcon.
Ville administrative et commerciale,
Bourg s’est industrialisé depuis le début du siècle. La moitié de sa population ouvrière travaille dans la métallurgie et la mécanique, où l’on compte trois grandes entreprises : une tréfilerie spécialisée dans les câbles d’acier, une usine de montage de poids lourds automobiles, une fabrique de câbles et de fils électriques. La première de ces entreprises résulte d’une initiative locale ; les deux autres constituent des décentralisations de l’industrie lyonnaise. Pour les autres secteurs d’activité — produits alimentaires (salaisons, quenelles), maroquinerie, confection, bâtiment, travail du bois (meuble bressan) —, il s’agit surtout d’entreprises petites et moyennes. Environ 20 p. 100
des salariés qui travaillent à Bourg ré-
sident dans les communes rurales des environs. Cependant, des milliers de nouveaux logements collectifs ont été construits depuis une vingtaine d’an-nées. Ils modifient assez profondément le paysage urbain traditionnel, formé de maisons basses, dont quelques-unes à colombages, datant du XVe s., font le charme des rues tortueuses de la vieille ville, serrée jadis dans ses remparts.
Mais le site naturel a favorisé l’extension de la ville moderne ; sur ces vastes espaces plats ou faiblement ondulés n’apparaissent que deux obstacles : les marais des bords de la Reyssouze, petite rivière très calme, et les voies ferrées. L’approvisionnement en eau est assuré par une nappe phréatique importante et de bonne qualité. De grands terrains peuvent être aménagés pour l’industrie. L’agriculture bressane libère de la main-d’oeuvre. Bien placé sur les grands axes de communication entre Lyon et Paris notamment, Bourg est appelé à développer encore ses activités.
M. L.
L’art à Bourg et à Brou
Les pays qui ont formé l’actuel département de l’Ain (Bresse, Dombes, Bugey, pays de Gex), très divers géographiquement, oscillant au long des âges entre les attractions de la Bourgogne, de la Savoie, du Lyonnais, n’ont jamais constitué un foyer d’art. Quelques églises romanes, satellites modestes de l’astre clunisien (Saint-André-de-Bâgé en Bresse, Saint-
Paul-de-Varax en Dombes, Nantua en Bugey), l’abbaye d’Ambronay (XIIIe-XVe s.), la petite cité médiévale de Pérouges et aussi les intéressantes fermes bressanes à toit de tuile peu incliné, à galerie extérieure en bois et à cheminée « sarrasine », voilà qui ferait un assez maigre bilan si Bourg-en-Bresse ne possédait un édifice de premier ordre, l’église de Brou, exceptionnelle par son histoire, son homogénéité, la diversité et la qualité de ses oeuvres d’art.
Au début du XVIe s., Marguerite d’Autriche (1480-1530), fille de Maximilien d’Autriche et de Marie de Bourgogne, éveille à l’activité artistique une petite ville un peu somnolente, châtellenie des ducs de Savoie, que ceux-ci avaient promue, un siècle plus tôt, capitale de leur province de Bresse. Un modeste couvent d’Augustins (que rappelle le « petit cloître » actuel) existait depuis le début du XVe s. au village voisin de Brou.
Chef-d’oeuvre du flamboyant tardif, le grand édifice qui lui succède reflète un destin hors série, les mélancoliques alternances de « Fortune, infortune, fortune »
(devise souvent répétée dans le décor de l’église) d’une princesse intelligente, aimante et artiste. Mariée à trois ans à Charles VIII, roi de France, répudiée à onze ans, veuve à seize, après un an de mariage, de l’infant Juan, fils des Rois Catholiques, Marguerite retrouve le bonheur en épou-sant, en 1501, Philibert II le Beau, duc de Savoie et chevalier réputé dans toute l’Europe, qui meurt en pleine jeunesse, en 1504. Désormais, Marguerite n’a plus qu’un désir : élever un grand sanctuaire votif et funéraire pour y reposer avec son mari et sa belle-mère Marguerite de Bourbon.
Gouvernante des Pays-Bas (1507-1515 et 1518-1530), régente de la Franche-Comté et de la Flandre pendant la minorité de son neveu Charles Quint, elle peut réaliser ce programme en faisant appel à des artistes flamands en même temps qu’aux praticiens locaux. La rapidité d’exécution vaut à Brou sa rare unité de style. Le monastère est élevé de 1506 à 1512 ; il est ample, mais d’un style régional très simple. L’église se construit à partir de 1512 sur les plans du Flamand Lodewijk Van Boghem (v. 1470-1540), qui supplantent ceux du maître français Jean Perréal, d’abord acceptés.
Parallèlement, depuis 1516, le décor s’exé-
cute en Flandre ou à Bourg. En 1532, tout est terminé.
L’ensemble frappe à la fois par l’harmonie et le contraste. Harmonie générale due au ton doré de la pierre, aux lignes amples et paisibles de ce vaisseau à trois nefs baigné de lumière : flamboyant sans aspé-
rités et sans surcharge, comme détendu par l’approche d’une Renaissance encore invisible. Contraste ou, plus encore, « cres-cendo » entre les deux parties que divise un des rares jubés conservés en France : la nef sobre, le choeur très richement décoré.
Le couloir du choeur — bordé de 74 stalles, chef-d’oeuvre de fantaisie pittoresque exécuté par l’atelier bressan de Pierre Terrasson — débouche sur l’alignement majestueux des trois tombeaux devant l’autel. Dessinés par Jan Van Roome en 1516, sculptés sous la direction de l’Allemand Conrad Meit de 1526 à 1531, tous trois relèvent, avec leurs deux étages, où
« vivants » et « gisants » se superposent, et leurs processions de pleurants, de la tradition flamingo-bourguignonne. Mais, alors que celui de Marguerite d’Autriche est dans un enfeu, celui de Philibert occupe le milieu du choeur et celui de la fondatrice, orné de multiples statuettes de saints, se place sous un grand dais luxuriant. On retrouve le même décor au retable des Sept Joies de la Vierge, qui orne au transept nord l’oratoire privé de Marguerite. Sept grands vitraux — aux cinq pans de l’abside et au transept nord — donnent aux tombeaux une toile de fond éclatante et grave.
Exécutés par un atelier bressan sur des mo-dèles tracés en Flandre, ils sont — avec les enfants nus qui portent des écussons sur le tombeau de Philibert — le seul élément du décor où paraisse la Renaissance.
Ce grand ensemble, somptueusement anachronique, se complète par des cloîtres dans lesquels est installé le musée de l’Ain.
On y trouve un ensemble remarquable de meubles et de costumes bressans —
exemples d’un art populaire resté très vivant jusqu’au début de notre siècle.
L’ombre bienfaisante de Brou s’étend jusqu’à la ville de Bourg. Celle-ci possède
— outre quelques maisons à colombages et deux bons édifices du XVIIIe s., l’hôtel de ville et l’hôpital — une remarquable église, Notre-Dame, légèrement postérieure à Brou et, hors la façade, gothique comme elle. Le choeur conserve un ensemble de stalles plus sobre et plus monumental que celui de Brou, mais presque d’égale qualité.
P. G.
V. Nodet, l’Église de Brou (Laurens, 1914).
/ F. Baudson, Brou, l’église et le monastère (Alpina, 1952).
bourgeoisie
Il serait tentant de commencer par la définition des termes de bourgeois et de bourgeoisie ; c’est ce qu’ont fait certains historiens (Ponteil). Une telle méthode apparaît plus propre au théoricien qu’à l’historien, pour lequel ces termes ne sont aucunement des concepts, mais désignent des personnes, des groupes sociaux connus à travers des faits concrètement vécus.