Aussi, chez les Protozoaires, peut-on observer la division en deux de l’appareil nucléaire et la répartition de chromosomes équivalents entre l’individu initial et la cellule fille, tandis que chez les Métazoaires, dans la majorité des cas, tous les feuillets participent à la constitution des bourgeons, ainsi qu’un certain nombre de cellules indifférenciées à aspect embryonnaire. Celles-ci jouent un rôle fondamental : elles sont totipotentes, c’est-à-dire susceptibles de former les divers tissus du corps (ou soma), ectodermiques, endodermiques, musculaires, nerveux, ou les cellules germinales (germen). En elles, germen et soma ne sont pas distincts. Sans elles, dans bien des cas, non seulement le bourgeonnement, mais même une vie normale ne sont plus possibles, car
l’animal perd la possibilité de régéné-
rer ses tissus usés ou malades.
En ce qui concerne la spécialisation des feuillets chez les Kamptozoaires et chez les Bryozoaires, animaux fixés, souvent coloniaux, doués d’un intense pouvoir de bourgeonnement, c’est à partir d’un massif cellulaire ectoblas-tique recouvert d’un feuillet mésoblas-tique que se fait toute l’organogenèse, y compris celle des tissus normalement dérivés de l’endoderme. Chez les Ascidies composées, on observe des phéno-mènes du même ordre. Les feuillets des bourgeons ont donc la possibilité de se dédifférencier pour acquérir des potentialités nouvelles. L’existence précoce d’une lignée germinale, totalement indépendante des cellules somatiques, est également mise en défaut, puisque, souvent, des cellules indifférenciées restent totipotentes ; il arrive même que des cellules somatiques d’un bourgeon se dédifférencient pour retrouver leur totipotentialité et donner des cellules reproductrices.
R. M.
F Dédifférenciation / Développement et diffé-
renciation / Embryonnaire (état).
P. Brien, Biologie de la reproduction animale (Masson, 1966).
Bourges
Ch.-l. du départ. du Cher, dans le centre de la France, à 220 km de Paris ; 80 379 hab. (Berruyers). L’agglomération compte environ 90 000 habitants.
L’histoire
Bourges remonte à une très haute antiquité. Importante cité gauloise, puis romaine (Avaric, latinisée en Avaricum), elle ne dispose pourtant pour site, dans l’atonie de relief de la Champagne berrichonne, que de la légère retombée (20 m) d’un éperon calcaire sur une confluence marécageuse (zone attractive ou répulsive selon les besoins de la défense ou du négoce) où quatre petites rivières du bassin du Cher, Yèvre, Yèvrette, Auron et Moulon, mêlent leurs eaux. Mais là se croisent, favorisées par les facilités du passage, deux
grandes voies terrestres, de la Bourgogne vers l’Aquitaine, de Lyon vers l’Armorique.
Avaricum soutient, au cours des
campagnes de César, un siège mémorable qui se termine par la destruction de la ville et le massacre de ses défenseurs (52 av. J.-C.). Ville d’étape, marché agricole, capitale de la civitas des Bituriges, métropole de l’Aquitaine Première au IVe s., Bourges passe ensuite aux mains des Wisigoths, puis des Francs. L’organisation de l’évêché par saint Ursin semble avoir eu lieu vers 250. Marche d’Aquitaine, Bourges est, comme le Berry, constamment tirail-lée, à l’époque carolingienne, par des influences rivales. Aux compétitions politiques s’ajoutent les incursions normandes, qui ravagent la ville (857, 867, 873). Durant cette longue période de troubles (IXe-XIe s.), l’action des archevêques est prépondérante, d’autant que ceux-ci disputent à Bordeaux la primatie d’Aquitaine. Peu à peu, cette prépondérance diminue au profit des vicomtes de Bourges.
La ville est réunie au domaine royal au début du XIIe s. Le Berry est érigé en apanage au profit de plusieurs fils de France, le plus célèbre restant Jean de Berry*, 3e fils de Jean II le Bon, qui fait de Bourges un foyer artistique de renommée européenne. Par ailleurs, Bourges — l’une des grandes villes du royaume — possède d’importantes industries textiles et du cuir.
Au XVe s., elle est la ville de Jacques Coeur*, dont les opérations commerciales et financières contribuent à son enrichissement.
Mais, auparavant, elle a été le
centre des médiocres possessions de Charles VII, « le petit roi de Bourges », rival malheureux de la puissante maison d’Angleterre. Après la victoire définitive sur les Anglais, le roi de France reste fidèle à Bourges, où il réside volontiers. C’est là qu’en 1438
il promulgue la pragmatique sanction, qui fait de lui le véritable maître de l’Église gallicane. Louis XI, comme son père, vient souvent à Bourges, où il est né en 1423 et qu’il dote (1463) d’une université qui devient au XVIe s.
l’un des principaux foyers réformistes
en France : la protection de Marguerite de Navarre, duchesse de Berry depuis 1517, favorise d’ailleurs la Réforme dans le Berry. Melchior Volmar,
professeur de grec à l’université de Bourges, est le précepteur de Théodore de Bèze ; Calvin étudie à Bourges. Plus tard, Bourges devient ligueuse, puis le diocèse est fortement marqué par le jansénisme : l’abbaye bénédictine de Saint-Cyran n’est-elle pas sur son territoire ?
P. P.
La ville et ses fonctions
Historiquement brillante, la position de Bourges n’est pourtant pas, géographiquement, sans faiblesses. Victime de la centralisation capétienne, qui ôtait progressivement, au profit de Paris, leur primauté aux vieux courants de relation interprovinciaux, laissée à l’écart des grandes communications modernes par la route au XVIIIe s., par le chemin de fer au XIXe (Paris-Toulouse à l’ouest par Vierzon, Paris-Clermont-Ferrand à l’est par Nevers), privée, par la réforme administrative de 1790, de son hinter-land bas-berrichon, qui constituait le département de l’Indre, Bourges, qui avait pu compter 40 000 habitants aux downloadModeText.vue.download 29 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1708
premiers siècles de notre ère, n’en avait plus que 12 000 à la fin du XVIIIe s.
Sa fonction régionale ne s’exerce guère aujourd’hui que dans le
cadre d’un département peu peuplé (316 000 hab. ; 44 hab. au km2). L’animation d’une foire-exposition suivie, l’essor d’une banque locale, la diffusion d’un quotidien, l’exploitation par le tourisme d’un riche et prestigieux patrimoine monumental et artistique, son audience juridique (cour d’appel) et ecclésiastique (archevêché) rehaussent son appareil tertiaire, sans le sortir fondamentalement d’un rôle d’exécution courante (17 500 emplois sur 37 000, soit 47 p. 100).
Mais Bourges devait trouver dans
l’industrie, aux XIXe et XXe s., les éléments d’un profond renouveau.
Héritière de vieilles activités rurales (forges dispersées sur les concrétions ferrugineuses des plateaux, travail de la laine alimenté par l’élevage du mouton), elle voyait s’installer en 1847, avec la concentration des entreprises, une importante fonderie, et dans les années 1850 des ateliers de confection et de lingerie. Servie par sa position à l’écart des frontières du pays, elle obtenait de l’État, entre 1861 et 1870, l’implantation d’établissements de fabrications militaires (arsenal d’artillerie, École centrale de pyrotechnie, expérimentation du matériel) destinés à remplacer des fonderies vétustés ou exposées (Toulouse, Strasbourg, Douai) et auxquels s’adjoignait en 1946, transférée de Fontainebleau, l’École supérieure d’application du matériel.
L’effort de décentralisation poursuivi en France entre les deux guerres y amenait en 1932 l’installation d’une usine parisienne d’aéronautique spé-
cialisée dans la fabrication d’avions, d’avions-cargos, de voilures et, depuis 1958, d’engins téléguidés. Bourges accueillait en 1953, sur sa commune limitrophe de Saint-Doulchard, une grosse usine de pneumatiques (Michelin).