Avec ses autres activités industrielles, bâtiment, chaudronnerie, décolletage, appareils de chauffage, robinetterie, électronique, fraises dentaires, imprimerie, engrais, huilerie, biscuiterie, confiserie, liqueurs, elle emploie dans son secteur secondaire 51 p. 100 de sa population active, l’une des plus fortes proportions de la région.
Les ambitions de Bourges vont plus loin. Soucieuse d’affermir sa position régionale, elle s’efforce de développer ses activités culturelles. Après la création d’une École nationale des beaux-arts (1881), d’une École nationale de musique (1921), d’un Conservatoire national des arts et métiers (1959), d’une École de droit (1961), elle se distinguait en 1961 par celle d’un Centre dramatique national, la « Comédie de Bourges », en 1964 par celle d’une Maison de la culture, la première fondée en France ; elle aspire aujourd’hui à un rôle universitaire. Mal à l’aise, face à Orléans et à Tours, dans une région de programme (Région Centre)
où elle assistait, impuissante, en 1960, au partage des instances supra-départementales entre ses deux voisines, elle envisagerait volontiers un nouveau dé-
coupage territorial où, son département grossi de ceux de la Nièvre et de l’Allier dans le cadre d’une communauté d’intérêts Berry-Nivernais-Bourbonnais, elle pèserait d’un meilleur poids.
Elle mise sur l’établissement d’un grand itinéraire international ouest-est, Atlantique-Suisse, qui, brisant la puissance des courants centralisateurs parisiens, ferait d’elle une importante étape routière, ferroviaire, voire fluviale (projet de liaison à grand gabarit Nantes-Saône par la Loire et le Cher).
La ville s’étend. Tout autour de la cité ancienne, ville-musée où reste concentré le commerce et que ceinture, à l’emplacement d’un rempart du XIIe s., une ligne de boulevards ombragés, se développent depuis un siècle des quartiers modernes. Vers le sud-est, Bourges s’ouvre de plain-pied sur le plateau (établissements militaires prolongés sur 32 km par le camp d’Avord, quartier de Gionne, où, sur 35 ha, s’érigent 1 400 logements). Vers le nord, derrière la gare, se sont installés, débordant sur Saint-Doulchard, usines et zone industrielle (52 ha), lotissements et grands ensembles (Chancellerie-Gibjoncs : 5 000 logements), établissements d’enseignement. Vers l’est et vers l’ouest, de part et d’autre des routes de La Charité-sur-Loire et de Marmagne, deux autres zones industrielles sont en cours d’aménagement. Autant de signes d’une évolution nouvelle, propre à effacer les effets d’un destin longtemps capricieux.
Y. B.
Bourges, ville d’art
La ville a conservé la majeure partie de ses remparts du IVe s. ; par ailleurs, les riches collections gallo-romaines du musée permettent d’évoquer la vie publique et privée dans la cité des Bituriges.
La ville du Moyen Âge s’est étendue autour de l’oppidum, protégée par l’enceinte de Philippe Auguste, dont il ne reste que deux tours. De l’église Saint-Aoustrille et du sanctuaire dédié à saint Ursin, il sub-
siste une porte du XIe s. et un tympan du XIIe, signé Giraldus.
La cathédrale
Sous les deuxième et troisième travées du choeur de la cathédrale se trouve une salle perpendiculaire à l’axe de l’édifice par laquelle on parvient au petit caveau dit « des archevêques ». Cet ensemble est antérieur à l’église romane, dont les meilleurs témoins sont les deux belles portes latérales abritées sous des porches de la fin du XIIIe s.
La cathédrale gothique semble avoir été édifiée en deux campagnes : l’une concerne la crypte et le choeur (1195-1214) ; l’autre intéresse la nef et la façade (1225-1255). L’élévation intérieure à cinq étages et l’évasement du vaisseau central vers le rond-point, auquel correspond la disposition inverse des bas-côtés, donnent à la cathédrale de Bourges un caractère exceptionnel. Par ses voûtes sexpartites qui font alterner piles fortes et piles faibles, c’est un édifice de transition entre les ca-thédrales à tribunes et à double bas-côté du type de Notre-Dame de Paris et celles de Reims ou d’Amiens. Les vitraux des XIIIe, XVe et XVIIe s. constituent un merveilleux musée de la peinture sur verre. Des déplo-rables travaux du XVIIIe s., qui supprimèrent le jubé et tout le mobilier du choeur pour les remplacer par une décoration rocaille de Michel-Ange Slodtz*, il ne reste presque rien.
La façade occidentale est percée de cinq portes surmontées de gables et entourées de profondes archivoltes : les portes Saint-Ursin et Saint-Étienne datent de 1250 ; celle du centre, où figure un admirable Jugement dernier, est de 1265 ; la porte de la Vierge a été complétée au XVIe s. ; la porte Saint-Guillaume a été reconstruite après l’écroulement de la tour nord en 1506. Le centre de la façade est occupé par une énorme fenêtre, le « Grand Housteau », due aux libéralités de Jean de Berry* et exécu-tée sous la direction de Gui de Dammartin vers 1390.
L’architecture civile
Du palais élevé à Bourges par le duc Jean, il ne subsiste qu’une belle salle ; la Sainte-Chapelle, oeuvre de Drouet de Dammartin, qui a été détruite en 1757, abritait le tombeau du mécène, commandé par
Charles VII à Jean de Cambrai entre 1422
et 1438 (restes conservés dans la crypte de la cathédrale).
Le XVe s. est représenté à Bourges par un des plus beaux édifices civils gothiques qui soient parvenus jusqu’à nous : l’hôtel Jacques-Coeur, achevé en 1453, au moment même de la disgrâce du grand argentier. Sa façade occidentale, de caractère militaire, contraste avec la cour d’honneur, entourée de portiques, et avec la décoration raffinée de l’ensemble. L’ancien hôtel de ville, devenu le petit lycée, est de peu postérieur : on y retrouve les guetteurs figurés se penchant à l’appui de fausses fenêtres.
La Renaissance berrichonne a enrichi la ville de l’hôtel Cujas (construit par l’architecte Guillaume Pelvoysin vers 1515), qui abrite le musée gallo-romain et les collections de peinture, et de l’hôtel Lallement, où se voient des ensembles mobiliers des XVIIe et XVIIIe s.
Enfin, le XVIIe s. a marqué de son empreinte un peu lourde le couvent des Augustins, la maison des Ursulines, le grand séminaire, devenu la caserne Condé, et le palais de l’Archevêché, transformé en hôtel de ville.
M. B.
G. Hardy et A. Gandilhon, Bourges et les abbayes et châteaux du Berry (Laurens, 1912).
/ A. Boinet, la Cathédrale de Bourges (Laurens, 1954). / R. Branner, la Cathédrale de Bourges et sa place dans l’architecture gothique (Tardy, 1963).
F Berry / Centre / Cher (département du) / Coeur (Jacques).
Bourgogne
Région économique constituée par les départements de la Côte-d’Or, de la Nièvre, de Saône-et-Loire et de l’Yonne ; 31 600 km 2 ; 1 571 163 hab.
(Bourguignons).
La formation de la région
La Bourgogne a toujours constitué une province prestigieuse ; dans le domaine religieux, dans le domaine artistique, elle a marqué de manière décisive le
génie national français. Ses vins ont fait connaître son nom dans le monde entier.
La Région est, après le Limousin, l’ensemble le moins densément occupé de France : il y a une opposition curieuse entre la richesse de l’histoire et la faiblesse actuelle de l’emprise humaine. Dijon n’a pas une dimension suffisante pour équilibrer l’attraction de Lyon au sud, de Paris à l’ouest et au nord-ouest. Les zones de peuplement urbain et industriel sont peu étendues.
La difficulté des liaisons entre Dijon et le Nivernais renforce les tendances centrifuges manifestes dans cet espace.
Tous les territoires de l’actuelle Région de programme ont été, à des époques diverses, intégrés dans la construction bourguignonne. Mais les hésitations de l’histoire montrent la difficulté qu’il y avait là à construire un ensemble fortement cohérent. La Bourgogne s’est bâtie autour d’une série de seuils : passages entre la Saône et la Marne, la Saône et la Seine au nord (mais la Bourgogne ne les contrôle que partiellement), routes faciles de la Saône à la Loire à travers les collines de l’Autunois, du Mâconnais et du Charolais. Les voies enjambaient les downloadModeText.vue.download 30 sur 573