La vallée de la Saône est bien faite aussi pour attirer les hommes : elle est remarquablement desservie par la voie ferrée, par la voie navigable déjà jusqu’à Chalon, par l’autoroute aussi.
Mâcon et, plus encore, Chalon attirent sans mal des industries nouvelles.
Mais Dijon voit se dessiner une évolution d’une tout autre ampleur : une région urbaine d’une quarantaine de kilomètres de rayon est en train de s’y former ; les bourgs et les petites villes somnolentes reçoivent les établissements des groupes industriels qui ont choisi de s’implanter à Dijon : toute une zone tournée vers l’électronique existe déjà. La vieille capitale régionale attire, elle aussi, les ateliers et les usines ; elle se tourne vers la mécanique ou vers l’optique. Toutefois elle reste pour l’essentiel un centre de services, le mieux équipé du Centre-Est : ce centre rayonne au loin sur une bonne partie de la Région de programme, comme sur l’ouest de la Franche-Comté ; à distance plus courte, il commande un espace urbanisé assez dense, le coeur de la Bourgogne économique moderne.
La Région apparaît ainsi en un sens comme un habit trop vaste pour la puissance actuelle de sa métropole : Nevers est mal rattaché à l’ensemble ; l’Yonne vit au rythme des franges externes de
l’énorme agglomération parisienne, reçoit des ateliers décentralisés et voit ses villages transformés par la multiplication des résidences secondaires.
Toutes proportions gardées, la ré-
gion mâconnaise subit une attraction semblable de la part de Lyon.
Est-ce à dire que la Bourgogne actuelle soit une région de programme inutile ? Il ne semble pas : en facilitant l’essor du noyau urbain dijonnais, elle contribue à structurer ces espaces de l’Est qui ont tendance à mal résister à l’attraction croissante de Paris.
P. C.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1710
L’histoire
Les origines et le royaume
burgonde
De nombreux vestiges témoignent de la vie de la Bourgogne, en particulier à l’âge du bronze. La tribu gauloise la plus importante qui s’y établit est celle des Éduens ; ceux-ci construisent l’oppidum de Bibracte. Dans la guerre des Gaules, César s’appuie sur eux, dont un contingent prend part au siège de Gergovie. Mais les Éduens se rallient à Vercingétorix, qui, après des succès, subit le désastre d’Alésia en 52. La domination romaine assure la paix et la prospérité (développement des cités gallo-romaines, des voies commerciales, introduction de la culture de la vigne) malgré quelques révoltes, surtout au temps de Néron. Le Bas-Empire romain ramène l’insécurité avec les grandes invasions germaniques, en particulier celle des Alamans (276).
Les Burgondes, venus de la vallée du Rhin, s’établissent en Bourgogne après la mort du général romain Aetius (454). Le roi burgonde Gondebaud († 516), familiarisé avec la culture gréco-romaine, rédige la loi Gombette, qui s’efforce de tenir la balance égale entre les sujets burgondes et gallo-romains, notamment en ce qui concerne
le partage des terres. Son royaume s’étend de l’Auxerrois à la Suisse et de la Champagne à la Provence.
Le christianisme est introduit en Bourgogne vers le IIe s. Saint Sympho-rien († 179) est martyrisé à Autun, et saint Valérien († 179) à Tournus. Un haut fonctionnaire de l’Administration devient évêque d’Auxerre : saint Germain († 448). Saint Martin (316-397) évangélise la région. Les diocèses s’organisent en fonction des cités gallo-romaines. Gondebaud fait épouser sa nièce Clotilde par Clovis à la suite de la bataille de Tolbiac. En 534, le royaume burgonde tombe entre les mains des rois francs.
La Bourgogne mérovingienne
Le petit-fils de Clovis, Gontran (roi de 561 à 592), reçoit la Bourgogne et lui donne l’aspect de province franque.
Son successeur (de 593 à 595) est son neveu Childebert, roi d’Austrasie, qui laisse gouverner la reine Brunehaut.
Puis c’est l’anarchie. Ébroïn, maire du palais de Neustrie, se heurte à saint Léger, évêque d’Autun, qui est vaincu et mis à mort (668). L’Église affermit ses positions. Les évêques sont puissants et exercent fréquemment un rôle civil. Le monachisme se développe : monastère Saint-Bénigne de Dijon, fondé vers 515 par Grégoire de Langres, ancêtre de Grégoire de Tours ; monastère de Flavigny, fondé au VIIIe s. par Virey.
La Bourgogne carolingienne
L’invasion musulmane permet aux
Carolingiens (Charles Martel) d’intervenir, puis de s’établir en Bourgogne.
Leur tradition de partage provoque le démembrement de celle-ci au traité de Verdun (843). La lutte contre l’invasion normande conduit Richard le Justicier († 921) à prendre le titre de duc et à fonder ainsi le duché de Bourgogne.
Pendant cent ans, les descendants de Richard le Justicier et les Robertiens se disputent le pouvoir.
La Bourgogne capétienne
Après la mort du duc Henri Ier, le roi de France Robert le Pieux, malgré Otte
Guillaume, revendique la Bourgogne et en devient duc (1002-1031), donnant naissance à une dynastie dont le dernier représentant sera Philippe de Rouvres.
À partir de Hugues III (1162-1192), qui est vaincu par Philippe Auguste, les ducs de Bourgogne ne sont plus que de simples vassaux du roi de France.
La Bourgogne connaît à cette époque un extraordinaire développement monastique : Cluny, Cîteaux avec Robert de Molesmes ; Clairvaux, avec la puissante personnalité de saint Bernard*, qui contribue aussi à la fondation des Templiers. Le recul de l’insécurité favorise le renouveau économique : le défrichement des terres se fait dans le cadre de la seigneurie. L’agriculture est prospère : culture du froment, qui remplace les céréales pauvres, mais surtout exploitation de la vigne, qui fait vivre une population importante de vignerons et d’artisans. L’industrie métallurgique se développe avec les forges et les ateliers de cuivre. Les fabriques de tuiles sont nombreuses (tuiles vernissées). Mais surtout l’industrie textile est prospère ; Châtillon en est le centre principal. La renommée des foires de Chalon est internationale.
La Bourgogne des Valois
C’est le temps des grands ducs de Bourgogne, qui développent un immense État : celui-ci garde le nom de la Bourgogne, mais n’en a plus les limites. Le duc Philippe de Rouvres meurt sans postérité en 1361. Avec lui s’éteint la dynastie capétienne. Jean le Bon revendique la succession, rattache la Bourgogne à la Couronne, puis la donne à Philippe* le Hardi. Cette disposition est confirmée par Charles V
en 1364. En 1369, Philippe le Hardi épouse Marguerite de Flandre. Il fonde une puissante dynastie, qui sera illustrée par Jean* sans Peur (1404-1419), Philippe* le Bon (1419-1467), Charles* le Téméraire (1467-1477).
Dévorés d’ambitions personnelles et profitant de la faiblesse du royaume de France, dévasté par la guerre anglaise, les ducs de Bourgogne en sont les adversaires acharnés. L’assassinat de Louis d’Orléans, chef des Armagnacs, en 1407, et celui de Jean sans Peur en 1419 créent une situation irré-
versible. Philippe le Bon, au traité de
Troyes (1420), reconnaît la légitimité d’Henri V d’Angleterre comme roi de France. Une réconciliation avec Charles VII au traité d’Arras (1435) est sans lendemain, car la rivalité reprend, acharnée, entre Louis XI et Charles le Téméraire. Il faut toute la ruse de Louis XI pour déjouer les entreprises de son redoutable adversaire et la mort de celui-ci devant Nancy (1477) pour que s’effondre le dangereux État bourguignon.
L’expansion de la Bourgogne, en
effet, a pris au XVe s. des proportions considérables. Son centre de gravité se déplace alors vers la mer du Nord, et le duché proprement dit n’en est plus qu’un des territoires. La politique matrimoniale d’abord, puis les achats, les donations, les marchandages jouent leur rôle. Par son mariage avec Marguerite de Flandre, Philippe le Hardi reçoit en 1384 l’Artois, la Flandre, les comtés de Bourgogne (Franche-Comté), de Rethel et de Nevers, qui forment l’apanage de son dernier fils, Philippe. Le mariage de sa fille Marguerite avec Guillaume de Bavière lui donne des prétentions sur l’héritage des Wittelsbach dans le nord de l’Europe.