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Ce n’est pas le moindre paradoxe que nos deux aliénés, ainsi, continuent à se proposer de désaliéner leurs prochains, victimes du nouvel ordre économique, et à défendre les hidalgos ruinés, les paysans chassés de leurs villages contre les trafiquants en proie à la fièvre de l’or et toute l’écume de voleurs, d’aubergistes, de muletiers, de comédiens, d’escrocs, de poètes, de bandits de grand chemin et d’oisifs, ridicules stratèges de la politique. Leur exemple est probant : ils sont parvenus à se désaliéner eux-mêmes ; ils ont vaincu les démons que les livres de chevalerie avaient installés dans leur esprit. Ils savent maintenant que l’homme s’aliène dès qu’il vit en so-ciété, que, s’il ne s’y soustrait, il ne

saurait désaliéner les autres. Seule subsiste une chance : la solitude du berger pacifique dans une communauté champêtre primitive et toute simple.

Il y avait bien une autre solution, qu’amorça un jour Sancho au cours d’un entretien avec son maître : la sainte vie de l’ermite. Mais Cervantès l’élude. Le fait est significatif. Entre la ferveur spirituelle du XVIe s. et le conformisme religieux du XVIIe, Cervantès maintient un humanisme ou ré-

ticent ou prudent à l’égard de l’Église.

Il y a même une troisième solution, la plus sûre, que notre pauvre héros et notre pauvre écrivain accueillent comme une délivrance, le « double »

en 1615, l’autre en 1616, la mort où ils vont se retrouver enfin tels que l’éternité les change, hommes quelconques — Alonso Quijano et Miguel Cervantès — et donc immortels, dignes d’exemple jusqu’au bout, jusqu’à cette grande et ultime aventure. Ils se retirent l’un et l’autre sur la pointe des pieds. Ils demandent pardon de leurs sottises et de leurs erreurs.

Ils ont parlé, ils parlent encore pour nous tous.

C. V. A.

F Espagne / Héros littéraire / Roman.

A. Castro, El pensamiento de Cervantes (Madrid, 1925) ; Hacia Cervantes (Madrid, 1967). / M. Bardon, « Don Quichotte » en France aux XVIIe et XVIIIe siècles (Champion, 1931 ; 2 vol.). / P. Hazard, Don Quichotte de Cervantès (Mellottée, 1931). / G. Hainsworth, Les

« Novelas ejemplares » de Cervantès en France au XVIIe siècle (Bibl. de la Revue de littérature comparée, 1933). / J. Casalduero, Sentido y forma del teatro de Cervantes (Madrid, 1951).

/ R. Marrast, Cervantès (l’Arche, 1957). / M. Robert, l’Ancien et le nouveau. De Don Quichotte à Franz Kafka (Grasset, 1963 ; nouv. éd., Payot, 1967). / E. C. Riley, Teoría de la novela en Cervantes (Madrid, 1966). / J.-M. Pelorson, Cervantès (Seghers, 1970). / P. Guénoun, Cervantès (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1971).

cerveau

Partie antérieure de l’encéphale et, par extension, ensemble de l’encéphale de

l’Homme et des Vertébrés. On peut également appeler cerveau la portion antérieure dorsale du système nerveux central des animaux céphalisés appartenant aux autres embranchements.

GÉNÉRALITÉS

Les animaux fixés ont générale-

ment une symétrie radiée (Cnidaires, Echinodermes) et sont dépourvus de tête et de cerveau. Les animaux mobiles ont une symétrie bilatérale, et le rassemblement, au voisinage de la bouche — presque toujours anté-

rieure quand l’animal se déplace —, des organes sensoriels nécessaires à l’exploration du milieu y entraîne une concentration du système nerveux central, formant les ganglions cérébroïdes ou le cerveau.

Chez les Mollusques Céphalopodes et chez les Vertébrés, le système nerveux central est enveloppé d’une paroi squelettique, cartilagineuse chez les premiers, cartilagineuse ou osseuse chez les seconds. La portion céphalique de ce squelette protecteur forme le crâne, et la partie du système nerveux central contenue dans le crâne est l’encéphale. Chez les Vertébrés, le nom vulgaire correspondant à l’encéphale est la cervelle : elle se subdivise en une portion antérieure, ou cerveau, et une portion postérieure, ou cervelet, unies entre elles et à la moelle épinière par le tronc cérébral.

Embryologie et structure

Développement embryonnaire

Le système nerveux est une formation d’origine ectodermique. Alors qu’il reste intra- ou basi-épithélial chez les animaux primitifs, chez les autres groupes il s’isole de l’ectoderme et forme des structures pleines (ganglions et cordons : Annélides, Mollusques et Arthropodes) ou un tube creux (Verté-

brés). Dans ce dernier cas, la mise en place du système nerveux a lieu très tôt au cours du développement embryonnaire, juste après la mise en place des feuillets germinatifs ; c’est la neuru-lation. La portion dorso-médiane de l’ectoderme s’épaissit en une plaque neurale, qui se creuse ensuite en une downloadModeText.vue.download 558 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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gouttière nerveuse. Les bords de cette gouttière viennent se souder dorsalement et ferment ainsi le tube nerveux ; il subsiste pendant un temps très court un orifice antérieur (neuropore) et un orifice postérieur communiquant parfois avec l’intestin (canal neurenté-

rique). La portion antérieure du tube nerveux se renfle en une vésicule encéphalique : la portion postérieure reste mince et rectiligne, et deviendra la moelle épinière.

La vésicule antérieure reste indivise chez les Procordés, notamment chez Amphioxus. Chez les Vertébrés, elle se subdivise, par des étrangle-ments d’aspect métamérique, en trois vésicules, appelées, d’avant en arrière, prosencéphale, mésencéphale et rhom-bencéphale. Rapidement, la première et la dernière de ces vésicules se subdivisent à leur tour dans leur seule portion dorsale, si bien qu’il existe au total cinq vésicules encéphaliques, qu’on retrouve, bien que difficilement, chez l’adulte ; ces vésicules sont, d’avant en arrière, le télencéphale (hémisphères cérébraux et corps striés), le diencéphale (couches optiques et hypothalamus), le mésencéphale (toit optique et tegmentum), le métencéphale (cervelet) et le myélencéphale (tronc cérébral pro parte, moelle allongée ou bulbe rachidien chez les Mammifères).

Courbures, cavités, enveloppes

Au cours de la différenciation des diverses vésicules encéphaliques se produisent des flexures qui transforment le tube encéphalique rectiligne de l’embryon en un organe dont l’axe longitudinal est très altéré, notamment chez les Oiseaux et les Mammifères. Chez ces derniers, les flexures encéphalique et nucale courbent l’encéphale ventralement, tandis que les flexures pontique et cérébrale ont l’orientation inverse.

Ce sont les parois du tube nerveux qui fournissent la substance nerveuse ; la lumière est emplie du liquide

céphalo-rachidien. Elle forme dans la moelle épinière un canal étroit, l’épen-dyme. Dans l’encéphale, elle constitue deux renflements, que sépare un pédoncule, l’aqueduc de Sylvius, ou canal mésencéphalique. Le renflement postérieur, ou 4e ventricule, est ventral au cervelet ; le renflement antérieur, ou 3e ventricule, est diencéphalique, et il communique par deux orifices latéraux, les trous de Monro, avec les ventricules latéraux, ou ventricules 1 et 2, situés dans chacun des hémisphères cérébraux. Des organes épithélio-vasculaires, les plexus choroïdes, situés au plafond des ventricules 3 et 4, sécrètent le liquide céphalo-rachidien.

L’encéphale est isolé du crâne par une enveloppe intermédiaire, formant les méninges. La portion externe, ectoméninge ou dure-mère, est d’origine mésenchymateuse ; entre les diverses vésicules, elle forme des plis rentrants : la tente du cervelet (entre cerveau et cervelet) et la faux du cerveau (entre les deux hémisphères), qui, de plus, peuvent s’ossifier, par exemple chez les Mammifères carnivores. La portion interne, ou leptoméninge, est d’origine nerveuse ; elle participe à la formation des plexus choroïdes. Chez les Mammifères, la leptoméninge se subdivise en pie-mère, au contact direct du tissu nerveux, et en arachnoïde, tissu mésen-chymateux lâche et vascularisé.