Sous l’influence du christianisme, le recours à la césarienne post mortem se répandit, en vue de pouvoir baptiser le nouveau-né, attitude qui lut approuvée plus tard par les conciles. Ce n’est qu’en 1 500 environ que fut sans doute pratiquée la première césarienne sur une femme vivante : la tradition veut qu’un châtreur de porcs suisse, Jakob Nufer, la pratiquât sur son épouse avec succès. Néanmoins, pendant les trois siècles qui suivirent, elle devait rester une intervention effroyablement meurtrière, fréquemment suivie de péritonite, et, de ce fait, elle se trouva être en concurrence avec d’autres interventions, pourtant peu satisfaisantes, telles que la pelvitomie et l’embryotomie.
Ambroise Paré, puis François Mauriceau s’élevèrent contre elle, la jugeant cruelle et barbare. À partir de 1880, les progrès de l’asepsie lui permirent de se développer : Paul Bar (1853-1945) pratiqua à l’hôpital Tenon la première cé-
sarienne française avec mère et enfant vivants. La mortalité maternelle tomba.
Mais la topographie de l’incision (sur le fond de l’utérus) protégeait mal la cavité péritonéale contre la septicité du contenu utérin ; on ne pouvait opérer
que tant que le contenu de l’utérus était aseptique, c’est-à-dire avant le début du travail, et la césarienne ne pouvait donc qu’être « prophylactique ». À partir de 1920, on changea le lieu d’incision sur l’utérus. Au lieu de la faire sur le fond, on la fit sur une zone privilégiée, le segment inférieur. Sur cette partie de l’utérus, on peut rabattre une partie de péritoine qui isole parfaitement l’incision de la grande cavité abdominale.
Cette nouvelle technique, dite « de la césarienne segmentaire », fut généralisée en France à la suite de Brindeau et permit d’intervenir avec une sécurité très satisfaisante au cours même du travail. Les antibiotiques aidèrent ensuite à juguler ce qui restait comme risque infectieux postopératoire, et les techniques actuelles d’anesthésie et de réanimation rendent minimes le risque pour la mère et le retentissement sur l’enfant.
Le protocole opératoire est maintenant parfaitement codifié et ne semble susceptible d’être amélioré que sur quelques points de détail. L’incision de la paroi abdominale est le plus souvent médiane, étendue de l’ombilic au bord supérieur du pubis. On tombe ensuite sur l’utérus, dont on décolle le péritoine, qui le recouvre au niveau de son segment inférieur. Le segment inférieur de l’utérus est enfin incisé au bistouri, soit transversalement, soit verticalement, la poche des eaux est ouverte, et la main va à la recherche de la bouche de l’enfant, qu’elle amène en dehors avant d’extraire la tête. Après la sortie de l’enfant et l’extraction manuelle du placenta, l’incision utérine est suturée en utilisant du fil résorbable très fin.
Il est possible de grouper les raisons qui amènent à pratiquer une césarienne, de nos jours, en trois rubriques.
Raisons impératives, d’abord, lorsque l’accouchement est mécaniquement impossible (bassin très rétréci, obstacle downloadModeText.vue.download 570 sur 573
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praevia, présentation transversale du
foetus par exemple). L’intervention est alors pratiquée dans des conditions optimales de sécurité en fin de grossesse ou en début de travail. Raisons de nécessité, ensuite, où la décision intervient en cours d’accouchement pour soustraire l’enfant ou la mère à des risques graves (troubles dynamiques de la contraction utérine, souffrance du foetus). Raisons de sécurité, enfin, lorsque les risques foetaux et maternels ne sont pas certains, mais seulement possibles (primipare âgée, grossesse prolongée, utérus cicatriciel). Le souci majeur actuel de supprimer le traumatisme foetal conduit à multiplier les indications de la césarienne, dont la fréquence varie, selon les centres hospitaliers, entre 2 et 6 p. 100 de l’ensemble des accouchements.
Faire une césarienne est habituellement facile pour le praticien ; en poser l’indication à bon escient nécessite une longue expérience de l’art obstétrical.
Ph. C.
F Accouchement.
J. P. Pundel, Histoire de l’opération césarienne (Presses académiques européennes, Bruxelles, 1969).
césium ou caesium
F ALCALINS (éléments et composés).
Cestodes
Classe de Vers plats (embranchement des Plathelminthes), parasites du tube digestif des Vertébrés et dont les formes les plus connues sont les Ténias.
Vie parasitaire
Les Cestodes adultes vivent fixés dans l’intestin de Mammifères (Té-
nias, Bothriocéphales), d’Oiseaux (Ligules), de Poissons d’eau douée ou marins (Tétrarhynques), plus rarement d’Amphibiens ou de Reptiles. Ils manifestent une spécificité parasitaire plus ou moins stricte : le Ténia armé et le Ténia inerme ne se rencontrent que chez l’Homme ; Dipylidium caninum se trouve habituellement chez le Chien, mais parfois chez le Chat ou même chez l’Homme ; d’autres espèces sont inféodées à un groupe animal plus étendu (Ligula intestinalis parasite les Palmipèdes sauvages ; Tetrarhynchus lingualis, les Sélaciens).
On désigne souvent les grands Cestodes qu’héberge notre espèce sous le nom de Vers solitaires ; cette expression n’est valable, en toute rigueur, que pour Toenia solium, dont on ne trouve qu’un individu chez chaque personne atteinte ; par contre, plusieurs Ténias inermes ou plusieurs dizaines de Bothriocéphales peuvent cohabiter ; mais jamais on n’observe chez un même hôte deux Cestodes appartenant à des espèces différentes.
État adulte
Si le corps rubané et blanc de certains Cestodes atteint une longueur de 10 m (Bothriocéphale de l’Homme), il ne dépasse pas quelques millimètres chez d’autres (Échinocoque, par exemple).
Il comporte toujours un appareil de fixation, ou scolex, et le corps propre-downloadModeText.vue.download 571 sur 573
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ment dit, ou strobile, divisé en segments, ou proglottis.
Fixé vers le début de l’intestin de l’hôte, le scolex est considéré comme la partie antérieure du Ver. Sa morphologie variée correspond en général à l’un des trois types suivants : a) type cyclophyllidien, montrant quatre ventouses munies d’un bourrelet musculaire ; b) type pseudophyilidien, chez lequel la fixation est assurée par deux pseudobothridies, petites dépressions à contours variables et dépourvues de musculature ; c) type tétrarhynque, portant quatre trompes mobiles rétractiles et deux ou quatre pseudo-bothridies. Dans les trois types, on peut trouver en outre de minuscules crochets disposés en couronne ou garnissant les trompes.
En arrière du scolex, une zone de croissance assure la formation continuelle des proglottis, ce qui éloigne les plus anciens vers l’autre extrémité du strobile ; au cours de cette migration, chaque anneau grandit, développe un appareil génital mâle, puis un appareil femelle et, après la fécondation, se détache bourré d’oeufs embryonnés et est rejeté à l’extérieur avec les matières fécales de l’hôte.
Chaque proglottis possède une
grande autonomie ; cependant, des nerfs longitudinaux s’étendent dans le strobile, reliés à deux ganglions des scolex, et des canaux excréteurs parcourent le corps dans sa longueur. Il n’y a aucun appareil digestif : baignant dans le chyle de l’hôte, le Ver absorbe, par toute sa surface, des aliments déjà digérés, tout en résistant à l’action des sucs qui l’entourent.
État larvaire et
classification
Le cycle évolutif général des Cestodes parasites peut être schématisé de la façon suivante : l’oeuf, pondu et éliminé dans la nature, renferme un embryon (sauf pour le Bothriocéphale) et demeure dans le milieu extérieur jusqu’à son ingestion par un hôte inter-
médiaire favorable. L’action des sucs digestifs de celui-ci libère l’embryon, qui mesure en moyenne 20 microns et présente six crochets (embryon hexacanthe). Cet embryon perfore la paroi digestive, passe dans la circulation, gagne le coeur, puis se dissémine dans l’organisme. Il perd alors ses crochets, grossit et devient une forme larvaire contenant un scolex invaginé ; cette larve s’appelle cysticerque si elle est arrondie et si le scolex baigne dans un liquide, et cysticercoïde si elle est munie d’une queue ; dans l’hôte définitif, le scolex se dévagine, se fixe et prolifère un strobile. Dans d’autres groupes, l’embryon nage parfois vers le premier hôte grâce à une enveloppe ciliée et s’appelle alors coracidie ; il donne une première forme larvaire (procercoïde), qui se transforme en larve plérocercoïde dans un second hôte ; celle-ci donne l’adulte quand elle atteint l’hôte définitif.