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Lorsque les poussées ont été plus énergiques, les plis sont souvent compliqués de failles plus ou moins che-vauchantes. Il en résulte des reliefs dissymétriques, les escarpements de chevauchement. Dans les structures rigides, ce type d’accidents devient pré-

pondérant et peut engendrer un relief d’écailles, blocs plus ou moins dissymétriques délimités par des failles inverses, dont l’Apennin calcaire donne un bon exemple.

Certains massifs présentent un relief de dômes et de cuvettes : des chaînons courts, monts ou crêts, divergent de dômes anticlinaux et entourent des cuvettes synclinales ou des combes grossièrement circulaires. Lié à des structures à anticlinaux et synclinaux courts, ce type de relief est réalisé dans le massif préalpin du Diois par exemple.

Les formes développées en structure charriée sont d’une grande diversité : chaque nappe de charriage imprime en effet au paysage un cachet particulier en fonction de sa nature lithologique et de son style tectonique. Parfois, le relief de la nappe, régulièrement plissée, ne se distingue en rien de celui qui caractérise les plis de couverture autochtones : c’est le cas de la nappe des Préalpes médianes dans le massif du Chablais. Cependant, les efforts tectoniques enregistrés par les nappes sont souvent si intenses que les accidents s’y sont multipliés, particulièrement dans les séries rigides : les Préalpes calcaires des Alpes orientales sont un véritable chaos de blocs au sujet duquel on a proposé l’expression de « style en glaçons ». Lorsque le matériel charrié présente à l’origine une structure len-ticulaire, les décollements se généralisent et engendrent un grand désordre tectonique : dans ces conditions, le relief semble échapper à toute analyse logique. Tel est le cas des nappes de flysch du Campo de Gibraltar, où des chicots rocheux surgissent çà et là d’un moutonnement de collines sur lesquelles flottent des paquets gréseux.

Quelques formes sont spécifiques des structures charriées. Ainsi, lorsque la masse charriée est plus résistante que son substratum autochtone, le front de la nappe dresse un escarpe-

ment appelé front de chevauchement ; à l’avant de ce relief peuvent exister des lambeaux de charriage en relief : ce sont les « klippes », qui peuvent être des fragments de nappe ayant glissé à l’avant de la masse principale ou bien des reliefs résiduels témoignant du recul du front de la nappe sous l’action de l’érosion. Enfin, dans le domaine recouvert par la nappe, l’érosion, en creusant, peut remettre à jour le substratum au sein d’une « fenêtre » : si le matériel de la nappe est le plus résistant, la fenêtre s’inscrit en une dépression plus ou moins digitée aux rebords abrupts ; inversement, lorsque le substratum est le plus résistant, il se trouve mis en saillie : il y a alors inversion de relief.

La genèse du relief

Constater les rapports entre le relief et la structure ne suffit pas : il importe d’envisager l’aspect dynamique du problème en recherchant les étapes de la genèse des formes. Divers cas peuvent être réalisés (se reporter à la figure, dans laquelle, pour la clarté, les phases tectoniques et les phases d’érosion alternent schématiquement, alors qu’en fait plissement et érosion sont concomitants).

y Relief dérivant d’un plissement unique. Ce cas, que l’on peut observer dans les Préalpes françaises du Nord par exemple, est le plus simple.

Cependant, il ne faudrait pas croire, comme on l’a trop souvent répété, que le plissement a mis en place des formes originelles (ou primitives) et que l’érosion a ensuite dégagé des formes dérivées, voire inversées. Dès les premières déformations tectoniques, l’érosion attaque les anticlinaux naissants, et les combes peuvent être esquissées bien avant que

s’achève le plissement, si bien que les formes originelles dont semble dériver le relief actuel n’ont en fait bien souvent jamais existé. D’autre part, l’évolution se poursuivant, les formes inversées n’apparaissent pas nécessairement : leur existence suppose des conditions structurales bien précises qui sont loin d’être fréquemment réalisées.

y Cas d’un plissement suivi d’un

soulèvement en bloc. Suivant le temps dont a disposé l’érosion durant la phase de répit intermédiaire, des aplanissements plus ou moins étendus ont pu être modelés. Dans les monts Ibériques, par exemple, la chaîne a été à peu près intégralement nivelée ; après une surrection d’ensemble, l’érosion, exploitant l’iné-

gale résistance des terrains tranchés par l’aplanissement, remet en valeur de nouvelles formes structurales.

C’est une évolution de type « appalachien ». Au contraire, le massif de l’Aurès (Algérie sud-orientale) n’avait été que partiellement aplani avant d’être envahi par la mer au Miocène : les principales crêtes qui restèrent émergées sont des reliefs résiduels, tandis que l’érosion ulté-

rieure a dégagé une nouvelle génération de formes structurales en contrebas des aplanissements miocènes. On a proposé pour ce type d’évolution l’expression de « para-appalachien ».

y Cas d’un plissement suivi de bombements à moyen rayon de courbure.

C’est un type d’évolution fréquent downloadModeText.vue.download 15 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5

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dans les zones internes des chaînes géosynclinales. Là aussi l’érosion, durant la phase de rémission, nivelle plus ou moins parfaitement les reliefs mis en place par le plissement. La seconde phase tectonique individualise des massifs et des bassins dont les contours sont indépendants des structures plissées antérieures ; mais l’érosion, en s’attaquant aux massifs, remet en valeur des formes structurales en exploitant ces structures plissées. Tel est le type d’évolution des sierras littorales des cordillères Bétiques dans le sud de l’Espagne. Il arrive souvent que les déformations à moyen rayon de courbure se traduisent dans un matériel relativement rigide par des fractures plus que par des flexures : c’est le cas des chaînons

du Grand Bassin de la cordillère Rocheuse dans l’Ouest américain.

y Cas de deux plissements. C’est le type de genèse le plus difficile à analyser, car le second plissement rend souvent méconnaissables les formes qui ont été modelées durant la phase de calme tectonique. Diverses évolutions sont possibles : dans le Jura, par exemple, les monts portent la trace du rabotage de la voûte des anticlinaux de faible élévation structurale mis en place lors de la première phase tectonique et que la seconde phase de plissement a réindividualisés. Le type provençal est déjà plus complexe : l’érosion avait ouvert des combes dans les plis de la première génération ; ces combes ont créé des discontinuités, localisant, lors du second plissement, des chevauchements.

Plus complexes encore sont les cas où les deux plissements n’ont pas eu la même orientation : ainsi, le Diois doit son style en dômes et cuvettes à l’interférence de deux directions de plissements successifs.

Quel que soit le type d’évolution morphologique, la mise en valeur des formes structurales est commandée par le creusement du réseau hydrographique. Or, celui-ci est rarement adapté à la structure plissée : s’il comporte des tronçons longitudinaux empruntant des vaux (adaptation aux données de la tectonique) ou des combes (adaptation à la lithologie), il présente des sections transversales qui traversent les plis par des cluses. Parfois, ces dernières exploitent des brèches naturelles, telle la cluse de l’Isère, qui utiliserait une dé-