lité ; les rendements, en riz notamment, sont médiocres (15 q à l’ha). Dans ces conditions, la moitié des paysans ne peuvent tirer des revenus suffisants de la terre (50 p. 100 d’entre eux ont un revenu non agricole, dans les régions downloadModeText.vue.download 4 sur 577
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basses surtout, et, pour 25 p. 100, ce revenu non agricole est prépondérant).
Les grandes propriétés supérieures à 20 ha (Estate Sector) occupent 30 p. 100 des terres. Parmi elles, il y a les « Estates » à proprement parler, les plantations de théiers, d’hévéas et de cocotiers (à faire-valoir direct, avec main-d’oeuvre salariée). Dans les régions de cultures commerciales, les paysans n’ont, de ce fait, que de très petites parcelles. Mais il y a surtout des propriétés, qui ne sont pas réellement grandes, entre les mains de propriétaires non cultivateurs. Tel est notamment le cas en zone de ri-zières. Nombre de paysans, outre les salariés des plantations, n’ont donc pas de terre : les métayers représentent 29 p. 100 des paysans dans le district de Colombo, 44 p. 100 dans le district de Matara, 43 p. 100 dans celui de Kandy et 49 p. 100 dans celui de Ratnapura. Il faut ajouter un nombre non négligeable de copropriétaires : chaque copropriétaire exploite la terre un an à tour de rôle et se trouve sans terre le reste du temps. 35 p. 100 de la terre de la Wet zone sont exploités totalement ou partiellement par des non-proprié-
taires ; 11 p. 100 des terres sont en métayage (mais 42 p. 100 des rizières et même 51 p. 100 de celles du district de Matara), et le métayer doit donner la moitié de la récolte. Si l’on ajoute que les terres sont très morcelées, on voit que la paysannerie ceylanaise de la Wet zone est dans une situation très difficile, qui se traduit en particulier par l’endettement.
La mise en valeur
L’économie est dominée par l’importance de trois plantes commerciales : le cocotier (360 000 ha), l’hévéa
(230 000 ha) et le théier (240 000 ha), toutes trois en Wet zone. Le coprah, le caoutchouc et le thé doivent servir non seulement à payer les importations de produits finis, mais aussi les importations de riz, dont la production est fortement déficitaire. La Dry zone joue un rôle économique très limité.
La grande région du cocotier s’étend dans le triangle Colombo-Chilaw-Ku-runegala, sur basses collines à versants convexes ; le cocotier couvre toutes ces collines en petites exploitations familiales, bien qu’il y ait aussi des plantations ; les rizières sont confinées aux vallons à fonds plats ; le peuplement est récent (il date de 1900 environ), lié au « boom » du cocotier. Cet arbre est également fréquent dans la région côtière, au sud de Colombo, entre cette ville et Galle, et même Tangalla, mais il est ici mêlé sur les collines aux arbres fruitiers et à d’autres plantes commerciales (hévéas, théiers, etc.), tandis que les rizières sont plus importantes (riz Yala, semé en mars et récolté en juillet ; riz Maha, semé en octobre et récolté en janvier).
L’hévéa est cultivé au pied occidental des montagnes centrales, notamment au nord de Ratnapura, en région très humide (2 900 mm), sur sols ferralitiques ; il s’agit tantôt de plantations (appartenant pour 45 p. 100 à des étrangers), tantôt de petites exploitations. Cette zone, qui dessine une sorte de croissant de Ratnapura à Kegalla, n’était pas vide : elle était peuplée de Cinghalais de Kandy, cultivateurs de rizières et de champs sur brûlis à longue jachère (chena) ; les chena, considérés comme terres vides, furent confisqués par la Couronne et concédés à des planteurs à partir de 1904. Dé-
possédés de leurs chena, les Cinghalais quittèrent la région, cependant qu’arrivait une main-d’oeuvre tamoule.
L’hévéa obtient des rendements assez faibles et n’a guère connu les remarquables progrès techniques réalisés ailleurs (Malaisie, Cambodge).
Le théier couvre 240 000 ha, dans les montagnes du centre de l’île, entre 600 et 1 300 m (thés « d’altitude moyenne ») et au-dessus de
1 300 m (thés « des hauteurs », les
plus renommés). Les pluies sont très abondantes : pluies en toutes saisons à l’ouest (Nuwara Eliya), pluies surtout d’octobre à janvier à l’est (Badulla).
Le pays était vide à l’arrivée des Anglais, couvert de forêts et de savanes (patana) ; les pentes furent plantées d’abord en caféiers (1830-1880), puis en théiers ; ceux-ci forment la seule couverture des versants, et l’érosion des sols est considérable. Bien que l’on compte plus de 110 000 petites exploitations (« small holdings » : moins de 4 ha), l’essentiel de la production est le fait d’environ 3 000 plantations, appartenant pour 80 p. 100 à des Européens, surtout en sociétés ; la main-d’oeuvre est tamoule. Soigneusement cueillies, les feuilles sont traitées en usine et donnent un produit de haute qualité.
Un institut de recherches se trouve à Talawakele.
Les cultures commerciales ne jouent qu’un rôle secondaire dans ce qui fut le coeur de l’île, la région de Kandy, très fortement peuplée. Toutes les vallées et bassins sont en rizières ; mais les rizières escaladent aussi les pentes en terrasses, portant du riz Maha et du riz Yala. Ailleurs, les pentes sont livrées aux chena, où la longue jachère a dû être raccourcie sous la pression démographique : ils portent millets, maïs, manioc, patates douces. Enfin, autour des villages, toujours dirigés par leurs conseils, se trouvent les jardins ; ils présentent un grand mélange d’arbres et d’arbustes, de plantes annuelles, mais, en réalité, chaque plante a sa place suivant ses exigences écologiques pour assurer à la famille vitamines, protides, sels minéraux nécessaires et pour pallier une éventuelle mauvaise récolte de riz.
La zone sèche ne porte que des
cultures alimentaires, et principalement du riz. La région la mieux cultivée et la plus peuplée est la presqu’île de Jaffna, où les « Ceylon Tamil »
cultivent du riz et, dans des jardins soigneusement irrigués par des puits, du tabac, des piments, des oignons, du manioc, des légumes verts. Le reste de la zone sèche était presque vide et très peu exploité (la pêche est assez active toutefois, notamment autour de Puttalam). Or, cette zone sèche avait été
celle des grands royaumes cinghalais, dont l’agriculture reposait sur un ré-
seau d’irrigation alimenté par des tanks (wewa). Dans ces conditions, dès 1870, mais surtout à partir de 1931, l’idée se fit jour de tenter une véritable colonisation de la zone sèche. Avec la prise de conscience du surpeuplement de la zone humide, il apparut que la conquête de la zone sèche était la seule solution.
L’idée, ingénieuse, fut de remettre en état l’ancien réseau d’irrigation ! Dès avant 1914, une partie du réseau des wewa était restaurée (Kalawewa, Yoda Ela, Minneriya, etc.), mais la population restait à peu près nulle. Les travaux furent poursuivis entre 1914 et 1939, la superficie irriguée atteignant 68 000 ha. Des « colonies » furent installées (la première à Nachaduwa en 1920). Mais les résultats ne vinrent qu’après guerre, lorsque l’utilisation du D. D. T. eut permis de vaincre le paludisme. De 1948 à 1953, seize « colonies », groupant 90 000 personnes, furent installées, et la surface irriguée atteignit 110 000 ha. En 1949, enfin, était constitué le Gai Oya Development downloadModeText.vue.download 5 sur 577
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Board, sur le modèle de la Tennessee Valley Authority, visant à la mise en valeur totale d’un vaste secteur de la région est ; 30 000 personnes ont été implantées (5 800 familles), pratiquant une riziculture intensive à double récolte (une récolte de riz Maha, une récolte de riz Yala) avec emploi d’engrais ; les rendements atteignent parfois 50 quintaux à l’hectare. Ce vaste effort a eu des résultats : la North Central Province, qui avait 97 000 habitants en 1931, en comptait 553 000 en 1971. Cependant, les travaux ont coûté fort cher, et les résultats ne sont pas suffisants : la zone sèche est encore une vaste forêt. Il est permis de se demander si elle n’est pas handicapée par la médiocrité des sols et si la mise en valeur n’est pas réellement aléatoire. Par contre, l’introduction du « riz miracle », l’IR 8, dans les rizières de la zone humide permet d’espérer une forte augmentation des rendements et