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Le socialisme, teinté d’anarchisme, ne touche guère que les Ardennes (J.-

B. Clément). Le patron catholique Léon Harmel du Val-des-Bois, à

Warmeriville, près de Reims, tente de résoudre le problème social en associant l’ouvrier à l’usine et en payant des allocations familiales. Il inspirera l’action de Léon XIII (v. catholicisme social).

Pendant tout le XIXe s., la politique champenoise est modérée : la gauche libérale l’emporte généralement. Les industriels libéraux se rallient mal à Napoléon III, que, pour d’autres raisons, combat H. Taine, né à Vouziers.

Sous la IIIe République, la classe moyenne montante sera radicale (Léon Bourgeois).

Malgré Sedan, où s’engloutit l’Empire, la guerre de 1870 ne s’était fait vraiment sentir que par l’occupation.

Celle de 1914 laisse d’énormes destructions : 8 000 ha de « zone rouge », 117 communes détruites à plus de 50 p. 100. La reconstruction n’efface pas toutes les ruines, surtout celles de la démographie : l’activité, revenue vers

1925, s’effondre en 1929. Le sort de la campagne de 1940 se joue à nouveau à Sedan... La Champagne d’aujourd’hui, dans le cadre d’une région « Champagne-Ardenne », s’adapte aux conditions d’une économie européenne.

G. C.

Les hauts lieux de

Champagne (1914-1918)

Entre la Montagne de Reims et l’Argonne, les larges plateaux crayeux au nord des vallées de la Suippe et de la Tourbe furent de 1914 à 1918 un des secteurs les plus

« chauds » du front français. Jalonnée par Souain, le Trou Bricot, Perthes, Mesnil-les-Hurlus, Beauséjour et la Main de Massiges, une solide position d’arrêt avait été établie par les Allemands dès l’automne de 1914. Cherchant à tout prix la percée, les Français y déclenchèrent dès février 1915

une série d’actions locales très meurtrières avant d’en faire l’objectif de leur offensive générale du 25 septembre, qui se heurta vainement à la deuxième position allemande à la ferme de Navarin et à la butte de Tahure. Transformé en un immense bourbier chaotique, le front de Champagne fut inactif en 1916 et ne connut d’autres combats en 1917 que l’attaque de la IVe armée Anthoine sur le massif de Moronvilliers et les Monts (Cornillet, Haut, Sans-Nom, etc.), destinée à appuyer la grande offensive du Chemin des Dames.

En 1918, la Champagne fut à nouveau en vedette, d’abord avec l’ultime offensive allemande du 15 juillet, de part et d’autre de Reims, qui échoua à l’est de la ville, alors totalement en ruine, devant l’habile défensive de la IVe armée Gouraud. Deux mois plus tard, celle-ci passa à son tour à l’attaque en direction de Vouziers et de Sedan, en liaison avec les Américains de Pershing, qui débouchèrent à Montfaucon du front de l’Argonne.

P. D.

L’art en Champagne

D’immenses destructions ont dé-

vasté le champ de batailles qu’était la « marche » des anciens comtes de Champagne. Elle n’en conserve pas moins, à côté des édifices majeurs, certains types régionaux d’architecture, les églises construites en colombage

de son Sud-Est forestier, les maisons de briques et de moellons de craie du Châlonnais et la vingtaine d’églises fortifiées des Ardennes, renforcées de créneaux et de mâchicoulis entre 1550

et 1650.

De son passé gallo-romain sub-

sistent l’arc triomphal de Reims* (dit

« porte de Mars ») et celui de Langres*, dont l’élégante porte du Pont de Vitry-le-François maintient le principe au XVIIIe s.

Du haut Moyen Âge, la Champagne

conserve les cryptes de Reims (cathé-

drale) et de Jouarre, ainsi que la nef de l’église de Montier-en-Der, ancienne abbatiale bénédictine reconstruite à la fin du Xe s. Deux édifices de grand prestige sont érigés durant la période romane : l’abbatiale Saint-Remi de Reims dans la première moitié du XIe s.

(admirable choeur gothique de la fin du XIIe) et la collégiale Notre-Dame-en-Vaux de Châlons* vers 1130 (également dotée d’un choeur à chapelles rayonnantes et de voûtes ogivales à la fin du siècle).

Provins* a gardé son puissant donjon du XIIe s. (dit « tour de César ») et ses remparts ; la superbe salle à croisées d’ogives de la Grange-aux-Dîmes date de la fin du XIIe s. L’ancien donjon carré des comtes de Champagne à Chaumont (tour Hautefeuille) est du même siècle.

Château-Thierry conserve son enceinte fortifiée, Givet sa citadelle de Char-lemont, Crécy-en-Brie dix des tours qui assuraient sa défense. Démantelé en 1613, le château de Montaiguillon (XIIIe et XVe s.) montre encore des ruines imposantes.

Commencée vers 1130, la cathédrale de Sens*, à peu près contemporaine du choeur de Saint-Denis en Île-de-France, est la première des grandes cathédrales gothiques. Celle de Reims, la plus vaste des églises françaises (8 000 m2), réalise la seule expression totale de la conception architectonique du XIIIe s., et son décor sculpté présente une non moins magistrale unité. Par contre, la cathédrale de Troyes*, commencée en 1208, ne reçut sa façade ouest que trois siècles plus tard ; celle de Châlons fut pareillement marquée par les interruptions de son chantier.

En fait, la Champagne a été l’un des principaux terrains d’expériences de l’architecture gothique. Les églises de Troyes, notamment, apportent un exemple de son évolution : du XIIe s.

reste une partie de l’église Sainte-Madeleine, qui conserve d’autre part un beau jubé de 1517 ; à la fin du XIIIe s.

se construisaient les arcs-boutants de Saint-Urbain, chef-d’oeuvre du système gothique étudié pour contre-buter une force énorme ; l’architecte qui, au XVe s., dota la cathédrale de ses beaux arcs-boutants à double volée reliée par une arcature trilobée s’est montré moins hardi ; à Troyes encore se distinguait la petite église Saint-Gilles, élevée en pans de bois à la fin du XIVe s., mais que la Seconde Guerre mondiale a détruite.

De 1410 à 1470 a été bâtie l’église de pèlerinage Notre-Dame-de-l’Epine à Lépine, joyau du style flamboyant, complétée de 1520 à 1524 par ses chapelles rayonnantes. Plus anciennes, datant du XIIIe s. et construites sans interruption, sont la vaste abbatiale de Mouzon (Ardennes), l’église bénédictine d’Orbais, élevée de 1180 à 1210, et l’église Saint-Yved de Braine, dont une tour massive domine la croisée du transept, relié au choeur par l’échelonnement de chapelles orientées à 45° ; plus anciennes encore, remontant à la fin du XIIe s., sont les deux églises de Provins, Saint-Ayoul et Saint-Quiriace (à voûte octopartite sur le choeur). À la sévérité du style romano-gothique s’opposent la luxuriance de la chapelle cimétérale d’Avioth, la Recevresse, et l’ingénieux système des « clés pendantes » appliqué à Notre-Dame de Mézières. À la fin du XVIe s. se manifeste l’influence classique : l’avant-porche de l’église d’Hermonville (Marne) évoque le narthex des anciennes basiliques.

L’architecture civile offre des solutions non moins intéressantes. La Renaissance a laissé de beaux hôtels à Troyes, à Sens, à Reims, à Langres, tandis que le château du Pailly (Haute-Marne) était transformé à partir de 1563 dans un style savant qui n’exclut pas l’opulence du décor. Du XVIIe s. sont la Place ducale de Charleville* (1611), les hôtels de ville de Reims (v. 1630) et de Troyes (1624-1670), le château de Montmirail, bâti en pierre et en brique.

Au XVIIIe s. appartient l’hôtel des Inten-

dants de Champagne à Châlons.

La sculpture champenoise, comme

l’architecture, ressortit au style proprement français. Les statues-colonnes de Saint-Loup-de-Naud et de Châlons (ancien cloître de Notre-Dame-en-Vaux) dérivent de celles de Saint-Denis et de Chartres. Mais, à la cathédrale downloadModeText.vue.download 31 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5

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de Reims, la statuaire du XIIIe s. va trouver son expression la plus haute, témoin le tympan du Jugement dernier, le célèbre groupe de la Visitation et l’Ange au sourire. Le beau Jugement dernier de Rampillon s’apparente au précédent. L’étude du réel, la sincé-