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Cependant, la route Laon-Reims-Châ-

lons-Vitry connaît les plus forts accroissements et doit être réaménagée.

Ces routes souffrent du gel. Les voies fluviales sont à petit gabarit (280 t) et relient mal le système de la Seine à celui de la Moselle. Elles comptent : la Meuse, qui n’est au gabarit européen qu’en aval de Givet, en Belgique ; le canal des Ardennes, qui relie la Meuse au canal de l’Aisne ; le canal de l’Aisne et le canal de l’Aisne à la Marne par Reims ; la Marne, avec, en amont, deux sorties vers l’est (Marne au Rhin) et le sud (Marne à la Saône, peu fréquenté) ; la Seine, qui n’est guère utilisée que jusqu’à Nogent-sur-Seine et n’est plus navigable en amont de Romilly. La plupart de ces voies ont un trafic de l’ordre de 2 Mt seulement et sont néanmoins à la limite de la saturation.

Pourtant, les conditions actuelles ont beaucoup changé : le bouleversement de la stratégie rend désuet la notion de glacis ; l’élargissement des relations européennes met en valeur une position désormais privilégiée à proximité des régions fortes de l’économie européenne ; les difficultés de la Lorraine ont atténué et même renversé le gradient économique ; les efforts de dé-

centralisation des activités parisiennes ont profité à la Champagne ; les techniques modernes et le faible prix initial des terres ont permis à l’agriculture de progresser rapidement. L’économie

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5

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régionale a déjà connu une première phase de mutation, qui pourra se développer avec la réalisation des grandes infrastructures modernes de communication. L’autoroute A 4 Paris-Reims-Lorraine, l’autoroute Calais-Dijon, la liaison fluviale Seine-Est, probablement par l’Aisne, Reims et Châlons, concrétiseraient une situation de carrefour qui n’avait jamais été véritablement retrouvée depuis les foires médiévales.

L’agriculture

La Région Champagne-Ardenne ac-

corde plus de place à l’agriculture que la moyenne française. On y compte 40 p. 100 de ruraux (France, 30 p. 100).

L’agriculture emploie 16 p. 100 des actifs (France, 15 p. 100), mais produit 18 p. 100 de la valeur ajoutée régionale, soit une proportion supérieure des deux tiers à la moyenne française. Il s’agit d’une agriculture profondément rénovée par la mécanisation et l’emploi des engrais. On compte 1 470 000 ha exploités, dont 1 040 000 de labours (deux tiers en céréales) et 430 000

d’herbages (plus de 540 000 bovins).

Le vignoble de Champagne y tient une place de choix, avec quelque 15 000 exploitations, 20 000 ha et une vente annuelle de 100 millions de bouteilles (15 p. 100 du produit agricole).

Épernay et Reims se partagent à peu près les ventes, qu’alimente pour un dixième le vignoble annexe du sud-est de l’Aube. La Champagne crayeuse est devenue une région riche, où de très grands exploitants produisent des cé-

réales, des betteraves et de la luzerne.

Les bois de pins plantés au XIXe s. sont en train de disparaître, et des fermes nouvelles ont été créées. Les plateaux sont surtout céréaliers aussi, mais les autres parties de la région sont plus tournées vers l’élevage, essentiellement laitier : la Haute-Marne et la région de Vitry ont d’importantes fromageries.

Dans l’ensemble, les structures sont saines : l’exploitation moyenne est deux fois plus étendue qu’en France (38 ha contre 18), et 70 p. 100 de la surface sont cultivés dans des exploitations de plus de 50 ha. Le remembrement y est très avancé. La mécanisation ne va pas jusqu’au sur-équipement.

Toutefois, la transformation des produits est insuffisante, les industries agricoles et alimentaires n’intervenant que pour 37 p. 100 de la valeur ajoutée par l’agriculture (France, 66 p. 100).

La Région est la première en France pour le rapport exportations-importations agricoles.

Les produits végétaux l’emportent largement (58 p. 100 contre 45 en France) : la Région produit 10 p. 100

des céréales françaises (28 p. 100 du produit agricole régional), 16 p. 100

des betteraves et 55 p. 100 de la luzerne déshydratée. Elle compte le premier département français pour les récoltes de blé, d’avoine et la consommation d’engrais (Marne). Les progrès du maïs sont importants, surtout depuis 1969. La Région est également la première en France pour les plantations de peupliers, dans les fonds de vallées. Les structures de l’élevage sont plus concentrées que dans la moyenne française, et, surtout dans les secteurs de grande agriculture, se développe l’élevage de taurillons, qui permet à la Région de réduire son retard dans les productions animales.

La population agricole est de

85 000 actifs pour 39 000 exploitations, dont 20 000 salariés. Elle diminue moins vite que dans le reste de la France, alors que la production agricole s’accroît plus vite. Cela tient surtout à ce qu’elle a atteint un certain équilibre dans le Vignoble et la Champagne crayeuse, les secteurs herbagers de la périphérie connaissant encore l’exode.

L’industrie

La Région est mal pourvue en ressources naturelles. On n’y exploite plus le fer. L’industrie du bois est active (cinquième Région française), mais morcelée, malgré l’extension d’usines de contre-plaqués et d’agglomérés (Épernay, Saint-Dizier).

Il y a seulement un peu de pétrole à Saint-Martin-de-Bossenay (départ.

de l’Aube) et deux installations électriques notables : la centrale nucléaire franco-belge de Chooz (270 MW) et l’usine de Revin, qui pompe ses eaux dans la Meuse (600 MW). La Région est toutefois alimentée par le gaz de Groningue et possède une puissante station d’interconnexion électrique à Creney (près de Troyes). Son sous-sol n’offre guère que des carrières : du calcaire, de la craie (Omey), un peu de tourbe (marais de Saint-Gond) et surtout d’abondantes nappes de graviers dans les vallées, dont l’exploitation pose des problèmes de coordination et d’aménagement.

L’industrie, qui occupe 165 000 salariés auxquels s’ajoutent 42 000 travailleurs du bâtiment (branche en forte croissance), a du mal à progresser, même si son taux d’expansion est égal à la moyenne française. En effet, la dé-

centralisation parisienne, qui a profité à la Région entre 1955 et 1963, s’est bien ralentie depuis. Elle a, cependant, eu pour conséquence de réussir certaines conversions (le travail de la laine a presque disparu à Reims et bien diminué à Sedan) et de diversifier les industries régionales.

C’est désormais la métallurgie qui domine (71 000 actifs, dont 5 000

dans la sidérurgie, surtout dans les Ardennes, 38 000 dans la première transformation des métaux, 20 000 dans les constructions mécaniques) ; textile et habillement, généralement en régression, occupent 37 000 salariés. Deux branches encore sont mieux représentées que dans la moyenne française : les bois et l’ameublement (13 000 salariés), les matériaux de construction et le verre (10 000 salariés), mais la première régresse. La chimie est très peu développée (4 000 salariés), mais progresse, ainsi que les industries agricoles et alimentaires (18 000 salariés).

En dehors de la bonneterie troyenne (un quart de la production française, 15 000 salariés), de la métallurgie des Ardennes (fonderie et estampage surtout) et de la Haute-Marne (forges et coutellerie), on ne peut citer une orientation prédominante tant est grande la

diversité. Mais les progrès récents ont surtout introduit des ateliers d’entreprises dont le siège n’est pas dans la région. Aussi, l’industrie de Champagne-Ardenne est-elle peu pourvue en cadres, en main-d’oeuvre qualifiée, en laboratoires et son avenir dépend-il largement de décisions extérieures.