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peut-être la solution du problème alimentaire de Ceylan.

J. D.

L’HISTOIRE

La période précoloniale

L’histoire ancienne de l’île ne nous est guère parvenue que par de douteuses chroniques en pāli. Selon certaines de ces chroniques, le premier véritable souverain de Ceylan, Vijaya, des-cendait par sa mère de souverains de l’Inde du Nord et se serait installé dans l’île au Ve s. avant notre ère, y fondant notamment ce qui devint la capitale, Anurādhapura.

En fait, nos connaissances

ne deviennent précises qu’avec

Dēvānampiya Tissa (247-207 av. J.-

C.), sous le règne duquel, grâce au prosélytisme de l’empereur Aśoka, le bouddhisme* s’implante solidement dans l’île, formant avec le pouvoir royal une alliance du trône et de l’autel.

Dès lors, et jusqu’à l’arrivée des Européens au XVIe s., l’histoire de Ceylan se réduit à une série de luttes contre les invasions tamoules du royaume cola (ou chola) [v. Inde]. Ainsi, après son pillage, Anurādhapura est abandonnée en tant que capitale. 1070 voit néanmoins une revanche des Cinghalais sur les Tamouls et l’établissement d’une nouvelle capitale, stratégiquement mieux située, Polonnaruwa. Mais cet

« âge d’or » du XIe s. ne dure guère, et le royaume cinghalais recule devant la poussée des Tamouls, qui s’établissent dans le nord-est de l’île.

Les tentatives

portugaises

et hollandaises

(1505-1796)

Trois dates servent de repères : 1505 les premiers navires portugais apparaissent dans les eaux cinghalaises ; 1658 la chute du fort de Jaffna marque aussi celle de la présence portugaise dans l’île ;

1796 les Hollandais cèdent la place aux Britanniques.

y L’installation des Portugais. Deux sortes de motifs expliquent l’installation des Portugais : l’importance stratégique de Ceylan et son rôle en tant que producteur de cinnamone. Mais l’événement initial est une erreur de navigation qui, en novembre 1505, fait arriver près de Ceylan dom Lourenço de Almeida.

Dans un premier stade, les Portugais s’efforcent surtout de passer des accords commerciaux : ainsi celui qui est passé avec le roi de Kōttē Dharma Parākrama Bāhu VIII, qui leur garantit, en échange d’une « couverture navale », le paiement annuel d’un tribut de 400 bahars (mesures) de cinnamone.

L’infiltration proprement politique ne commence vraiment qu’après 1540, quand les Portugais profitent des rivalités des princes locaux. Ils réussissent, en 1551, à placer sur le trône de Kōttē

une de leurs créatures, Dharmapāla, qui devient dom Juan Dharmapāla

après son baptême en 1557. Cet acte achève de le déconsidérer aux yeux de ses sujets et favorisa momentanément son rival, le roi de Sitavāka : celui-ci parvient presque à refaire à son profit l’unité de Ceylan ; mais sa mort, en 1592, sonne le glas des velléités d’indépendance de l’île. La reconquête portugaise de Ceylan est aisée et, en 1597, à la mort de dom Juan Dharmapāla, Philippe II d’Espagne, roi du Portugal, est proclamé roi de Ceylan (l’île dépendant du vice-roi de Goa), les Portugais faisant même cautionner ce rattachement par une pseudo-assemblée cinghalaise.

Jusqu’en 1656, l’île va être gouvernée par un capitaine général assisté d’un ministre des Finances et d’un garde des Sceaux. Elle est divisée en provinces, celle de Jaffna gardant une certaine autonomie. Enfin, cet encadrement administratif est complété par de nombreux monopoles commerciaux octroyés aux Portugais. Mais cette suzeraineté portugaise ne doit néanmoins pas cacher que deux pouvoirs se partagent Ceylan : celui des Portugais et celui du souverain autochtone de Kandy. Entre ces deux puissances, l’antagonisme est tel qu’un conflit devient inévitable, d’autant plus que

le souverain kandyen a dans les Hollandais des alliés potentiels ; la supré-

matie maritime des Portugais décline sans cesse.

Initialement mal accueillis, les Hollandais n’en seront pas moins les arbitres de la situation, en s’imposant comme un allié du roi de Kandy contre les Portugais. Leur aide est officiellement demandée en 1636, et, deux ans plus tard, est signé un traité entre l’amiral Westerwolt et le roi de Kandy Rājasinha II, aux termes duquel, en échange de leur aide militaire contre les Portugais, le souverain kandyen garantit aux Hollandais des avantages commerciaux constituant en fait un véritable monopole. Cette aide est efficace et, avec la prise de Jaffna, en 1658, prend fin la domination portugaise sur Ceylan.

y La colonisation hollandaise. Peu différente dans le fond et dans la forme de celle des Portugais, la colonisation hollandaise a été préparée dès 1602 par la création de la compagnie néerlandaise des Indes orientales (dotée de véritables droits régaliens par les états généraux) et par les négociations entamées avec le roi de Kandy, Vimala Dharma Surya, par

l’amiral Sebald de Weert. Tout cela préfigure le traité de 1638 et la victoire hollandaise de 1658.

Jusqu’en 1796, deux options essentielles caractérisent cette colonisation : la nécessité d’assurer le monopole commercial et, pour ce faire, au prix d’une dangereuse escalade, d’obtenir le contrôle de plus en plus étroit de la région du golfe du Bengale ; les essais en vue de procurer à l’île de nouvelles ressources commerciales en y développant certaines cultures (textile dans le district de Jaffna, chaya [garance indienne], tentatives de culture du poivrier, du caféier, développement de la canne à sucre, du cocotier, du tabac et du riz). Ces transformations agraires entraînent la constitution d’une nouvelle classe de propriétaires fonciers dévoués aux Hollandais.

À son apogée, vers 1770, la domination hollandaise va ensuite décliner, non pour des causes internes, mais plus simplement dans la mesure où Ceylan

représente un atout dans le conflit qui opposait les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et la France. Il devient d’autant plus difficile aux Hollandais, déjà dépassés en Europe, de se maintenir à Ceylan que la Révolution française ne tarde pas à bouleverser toutes les données. Primitivement alliés des Britanniques, les Hollandais deviennent, avec la fondation de la République batave, alliés de la France. Leur position à Ceylan s’en ressent. En 1796, ils subissent l’assaut des Britanniques : l’appui de la France et du souverain de Mysore, Tippu Sahib, leur faisant défaut, ils ne peuvent que s’incliner, et Colombo capitule le 15 février 1796.

Le 1er janvier 1797, Ceylan est rattachée à la présidence de Madras.

Evincés, les Hollandais n’en ont pas moins apporté une contribution essentielle en jetant un pont administratif et politique entre l’époque médiévale et le XIXe s. colonial, héritage que les Britanniques se contenteront bien souvent de moderniser.

L’implantation

britannique (1797-1947)

y Les débuts. Rattacher une partie de Ceylan à la présidence de Madras ne règle pas le problème des rapports avec le royaume de Kandy. Dès 1800, les relations se tendent. De violences en répressions, l’affrontement est fatal au prince cinghalais, dont la déchéance héréditaire est proclamée en mars 1815. Le royaume de Kandy connaît le sort du reste de Ceylan, qui, en 1802, avait été rattachée directement à la Couronne britannique.

Évitant les maladresses commises en Inde à la même époque, les Anglais s’efforcent, par le respect de leurs droits et privilèges, de faire des indigènes des alliés sûrs en même temps qu’ils observent une stricte neutralité religieuse.