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À l’encontre des pratiques parlementaires, les tendances de gauche dans le mouvement ouvrier avec Lénine à leur tête plaident la nécessité d’organisations clandestines, d’actions illégales.

Le problème de la guerre sera l’épi-centre du séisme qui va secouer toute la IIe Internationale.

Malgré les réticences du parti social-démocrate allemand, le parti socialiste français, notamment avec Edouard Vaillant et Jaurès, est parvenu à faire adopter son point de vue de « guerre à la guerre » par le Bureau socialiste international : point de vue internationaliste, sans doute, qui réclamait la conjonction de toutes les forces ouvrières pour faire échec à la guerre impérialiste menaçante, mais point de vue essentiellement pacifiste, dénué de toutes propositions précises quant à l’action possible au cas où la guerre éclaterait.

La gauche révolutionnaire (Lénine-Rosa Luxemburg) fait accepter le manifeste de Bâle (1912), qui dénonce d’avance le caractère impérialiste de la guerre et préconise la guerre civile et la fraternisation des peuples dès son dé-

clenchement. Ce manifeste est pourtant abandonné dès la déclaration de guerre, et la majorité des socialistes s’engage dans l’Union sacrée.

C’est la IIe Internationale qui, selon Lénine, « fait faillite », et non pas le communisme, qui, grâce à la révolu-

tion d’Octobre, va transformer la vie du pays et des hommes russes.

Le communisme à l’étape

de la IIIe Internationale

D’abord idéal, utopie, rêve, le communisme est devenu, avec le marxisme, théorie et guide pour l’action ; la IIe Internationale lui a donné la force de l’organisation ; il s’est fait parti, institution de la révolte. Enfin le voici société et même État, si bien que son histoire même en est à son tour transformée.

Les défaites, les lendemains sanglants des assauts du mouvement ouvrier, les aventures de 1848, de la Commune cessent d’un seul coup d’apparaître comme des déroutes, des folies inutiles et désespérées pour devenir les étapes d’une longue marche d’épreuves vers la victoire.

Malgré les hésitations, les reculs, l’incrédulité des dirigeants de la IIe Internationale, Lénine a donné vie au communisme. Le communisme vivant du premier État socialiste s’est emparé de tout le passé du mouvement ouvrier, et l’Union soviétique s’est réservé le droit d’exercer pour tous la mémoire collective.

Le mouvement ouvrier se redéfinit par rapport à l’Union soviétique. La dispersion de la IIe Internationale fait place à un immense effort de concentration, d’unification ; le mouvement prend l’aspect d’un bloc monolithique, uni, aride, qui fait oublier les cours divers et renouvelés de l’histoire.

La IIIe Internationale* se constitue sous la direction du parti bolchevique. Issue du courant hostile à la guerre, qui regroupait une fraction de la IIe Internationale et qui s’était réuni en Suisse, d’abord à Zimmerwald du 5

au 8 septembre 1915, puis à Kienthal en avril 1916, elle s’organise non pas pour imposer la paix, mais pour transformer dans toute l’Europe la « guerre impérialiste » en révolution, puis, après l’échec immédiat de cette tentative, pour édifier dans tous les pays d’Europe des partis organisés sur le modèle bolchevique, destinés à instaurer partout des pouvoirs « soviétiques ».

Après une invitation adressée à

trente-neuf partis ouvriers sympathi-sants du pouvoir soviétique (24 janv.

1919), la IIIe Internationale est fondée le 4 mars et prend le nom d’Internationale communiste. C’est, de fait, la première Internationale purement et seulement communiste.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5

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Les débuts de l’Internationale

communiste :

l’illusion de la révolution

imminente

La naissance du pouvoir des soviets déclenche un grand espoir dans les partis ouvriers, provoque un immense désarroi dans les gouvernements occidentaux. C’est, coup sur coup, la dé-

claration de la République soviétique de Hongrie en mars 1919, celle de la République soviétique de Bavière en avril, un grand mouvement anti-im-périaliste en Chine le 4 mai. Malgré l’échec sanglant des spartakistes allemands, les dirigeants de l’Internationale communiste sont convaincus que la révolution est en marche sur le monde et qu’il faut le plus rapidement possible la doter des organisations nationales et de l’armature internationale qui seront ses instruments. D’où son double objectif : d’une part, éliminer les réformistes « social-traîtres » et rompre avec ceux qui freinent et trahissent la lutte ; d’autre part, constituer des partis de type nouveau, conformes au parti bolchevique, qui a démontré ses capacités révolutionnaires et dont les exigences sont développées avec force dans les « 21 conditions » d’ad-hésion à l’Internationale communiste.

Mais, si la révolution se consolide en Union soviétique, elle recule partout ailleurs : en Hongrie, au bout de cent trente-trois jours, c’est une dictature militaire qui se met en place avec Horthy.

La contre-offensive de l’armée

rouge est stoppée à Varsovie (août 1920), après une nouvelle défaite des forces révolutionnaires en Allemagne (mars 1920). Surtout, la première ac-

tion entreprise sous la direction exclusive du parti communiste allemand et avec l’appui direct du Comité exécutif du Komintern se solde par une écrasante défaite. Enfin, les grèves en Italie, en Tchécoslovaquie et en France sont réduites à néant.

Les partis communistes nouveaux

La révolution russe et l’Internationale communiste provoquent l’apparition des partis communistes, les uns issus de la social-démocratie, les autres absolument neufs, comme le parti chinois.

Malgré le rattachement à l’Internationale et la sévérité des « 21 conditions »

d’adhésion, qui imposent un filtrage très sélectif, les partis qui la composent sont très divers.

La majorité de l’ancien parti social-démocrate ou socialiste va former un parti communiste. C’est ainsi que le parti social-démocrate tchécoslovaque se scinde au mois de décembre 1920, et sa fraction majoritaire adhère à l’Internationale communiste. De même, la majorité du parti social-démocrate allemand fusionne avec le groupe spartakiste. En France, au congrès de Tours (déc. 1920), la majorité de la S. F. I. O.

adhère à l’Internationale communiste et constitue le parti communiste, Section française de l’Internationale communiste (S. F. I. C.).

Le parti socialiste italien, en revanche, ne voit qu’une minorité de ses membres adhérer à l’Internationale communiste.

En 1921, la IIIe Internationale comprend plus de 60 sections et près de 3 millions de membres, avec 700 journaux quotidiens.

Toute une série de partis désertent la IIe Internationale, mais certains, se refusant à entrer dans la IIIe Internationale, constituent l’Internationale II et demie.

L’organisation de

l’Internationale communiste :

la tactique du front unique

« Il faut en finir avec les assauts et passer au siège. » Telle est la leçon que

tire Lénine des premières défaites de l’Internationale communiste. Il faut définir une nouvelle tactique, capable d’entamer à long terme la résistance acharnée dont la bourgeoisie faisait preuve. En juin 1921, le IIIe Congrès de l’Internationale communiste lance le mot d’ordre « allez aux masses », concluant que le prolétariat seul ne peut vaincre. L’accent est mis sur les tâches communes à tout le prolétariat pour faire face dans l’immédiat au péril réactionnaire. L’Internationale communiste lance un appel « aux prolétaires de tous les pays pour l’unité du front prolétarien afin d’obtenir plus de pain et la paix ».