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Cette nouvelle tactique n’a pas que des partisans. Les partis italien et fran-

çais, notamment, après avoir exprimé leur désapprobation devant un tel revirement et malgré les promesses de s’y tenir, la sabotent dans les faits.

Le 2 avril 1922, pour la première fois depuis 1914 et pour la dernière, l’Internationale communiste se réunit à Berlin avec la IIe Internationale et l’Internationale II et demie. Un programme de lutte y est adopté : pour la journée de huit heures, pour la lutte contre le chômage, pour l’action unie du prolétariat contre l’offensive capitaliste, pour la reprise des relations avec l’Union soviétique, pour l’établissement d’un front unique prolétarien national et international. Cette tentative reste sans lendemain. Le front unique au sommet a vécu.

Une nouvelle réunion du Comité

exécutif de l’Internationale communiste préfère la poursuite du front unique à la base. On y saisit l’occasion de réprimander les délégués italiens et français pour leur dérogation aux ordres de l’Internationale. Ils promettent de s’amender. On lance alors la directive de construire un bloc ouvrier en gagnant à la cause bolchevique les masses influencées par le réformisme.

L’effet de ce revirement est le départ définitif des derniers tenants du socialisme d’avant la guerre qui figuraient encore dans les partis communistes européens.

La bolchevisation :

1923-24

Après l’écrasement des derniers soulèvements communistes en Allemagne (en Rhénanie, à Berlin, à Munich et à Hambourg), en Bulgarie (sept. 1923) et en Pologne (nov. 1923), l’ensemble des partis vont s’engager dans la consolidation organisationnelle. Sous le nom de bolchevisation, ils éliminent tout libéralisme « réformiste » pour adopter les rigueurs du « centralisme démocratique ». Le mécanisme d’épuration mis en marche dans le parti russe après la mort de Lénine en janvier 1924, qui va rejeter Trotski*, puis. Zinoviev et Boukharine*, a son parallèle dans les partis européens : le groupe brandlé-

rien dans le parti allemand, le groupe des trois W. dans le parti polonais, le groupe Bubuik du parti tchèque, le groupe d’Alfred Rosmer et Pierre Mo-natte dans le parti français. À gauche, les dissidents sont aussi frappés : le « groupe anarcho-syndicaliste »

d’Amadeo Bordiga en Italie, le groupe

« ultra-gauche » de Ruth Fischer en Allemagne ou celui d’Albert Treint et Suzanne Girault en France.

Classe contre classe (1928-1933) L’opposition de gauche une fois battue, l’Internationale communiste s’oriente vers une politique nettement plus à gauche. Les mots d’ordre visant à dissocier les ouvriers social-démocrates de leurs leaders « social-fascistes »

sont remis à l’honneur. La tactique

« classe contre classe », inaugurée par le parti communiste français, qui se présente seul aux élections législatives de 1928, est appliquée avec la plus grande rigidité en Allemagne. La direction de l’Internationale communiste déclare que « la social-démocratie, en soutenant que le danger fasciste exige un bloc de la classe ouvrière avec la fraction « démocratique » de la bourgeoisie, constitue le principal obstacle au passage des larges masses ouvrières sur une position révolutionnaire. Le combat contre la social-démocratie pour arracher les ouvriers socialistes à son influence et organiser, sous la direction du parti communiste, le front unique des travailleurs, communistes et socialistes, est donc la condition pré-

alable d’une victoire sur la bourgeoisie et le fascisme [...]. Il est absurde de

s’inquiéter du fait que l’affaiblissement des socialistes renforce les chances de l’entreprise fasciste : le fascisme liqui-dera la social-démocratie, ce qui laissera la voie libre à la révolution prolé-

tarienne, dont l’heure sonnera quand le fascisme se sera écroulé ».

En France, cette politique isole le parti communiste et provoque même en son sein de graves hémorragies. En Allemagne, elle laisse le mouvement ouvrier disloqué face à l’offensive fasciste. L’Internationale communiste a bien jugé l’existence d’une crise grave dans le système capitaliste et le début d’une période de troubles, mais elle n’a pas su combattre à temps la solution fasciste de la crise. Pourtant, l’installation des régimes fascistes en Europe va conduire l’Internationale communiste à réorienter sa politique, d’autant que les socialistes sont, eux aussi, conduits à remettre en cause leur attitude devant la montée du fascisme. Malgré l’extension de la menace, la conférence socialiste convoquée en août 1923 reste divisée et hésitante quant à la perspective d’une alliance avec les communistes.

La politique de Front* populaire Au VIIe Congrès de l’Internationale communiste (août 1935), l’ensemble des partis tirent la leçon du développement impressionnant du fascisme.

Après une autocritique (« Dans plusieurs pays, on substituait à la nécessité de déployer la lutte de masse contre le fascisme des raisonnements stériles [...] et une étroitesse sectaire »), l’Internationale communiste trace les perspectives, sur la base du

« front unique prolétarien », d’un vaste

« front populaire », incluant l’alliance avec les forces socialistes. Sur un ton décidément nouveau, Georgi Dimitrov interroge le Congrès dans son rapport : « N’est-il pas clair que l’action commune des adhérents des partis et organisations des deux Internationales

— de l’I. C. et de la IIe Internationale

— faciliterait la riposte des masses à downloadModeText.vue.download 556 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5

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la poussée fasciste et augmenterait le poids politique de la classe ouvrière ? »

Par-delà les socialistes, on s’adresse aux ouvriers catholiques, anarchistes et inorganisés, et même à « ceux qui sont devenus momentanément victimes de la démagogie fasciste », et, par-delà la classe ouvrière, à toutes les couches du peuple.

La fin de l’Internationale

communiste

L’échec des fronts populaires en France et en Espagne isole les communistes, qui en reviennent à une politique plus sectaire à l’approche de la guerre. Les sections de l’Internationale communiste sont désorganisées ou décimées par leurs défaites et par la répression.

L’U. R. S. S., en tant qu’État, s’enferme dans une politique d’autodéfense qui confine à la collusion avec l’Allemagne. Tandis que les partis communistes se rétablissent dans la résistance à l’occupation étrangère, en comptant principalement sur leurs forces propres, le praesidium du Comité exé-

cutif de l’Internationale communiste, dans l’impossibilité de convoquer un congrès, propose, le 15 mai 1943, la dissolution de la IIIe Internationale.

Le communisme

aujourd’hui

L’expansion du communisme

dans le monde

Comme doctrine, le communisme

est diffusé dans tous les continents.

Comme parti, ou organisation politique, il est étranger à peu de pays.

Comme régime, il concerne le tiers de l’humanité, dont le plus grand pays du monde, la Chine, mais il est replié dans certains continents, et on ne le trouve ni en Amérique ni en Afrique.

Aujourd’hui comme hier, le communisme est divisé, et de bien des façons sans doute, mais, indiscutablement, la déchirure débute aux points de divergence de deux régimes communistes différents, les deux plus grands ré-

gimes communistes, ceux de l’Union soviétique et de la Chine.

Le débat sino-soviétique

y Les circonstances. Le XXe Congrès du parti communiste de l’Union so-viétique (févr. 1956). Il est marqué par le célèbre rapport de Khrouchtchev qui engage l’Union soviétique à la fois dans la dénonciation « du culte de la personnalité » pratiqué sur la personne de Staline et dans une nouvelle politique internationale fondée sur l’idée de passage pacifique au socialisme et appuyée sur un appel à l’ouverture lancé aux États-Unis. Les Chinois révisent leur position franchement critique mais nuancée, inspirée par Mao Zedong (Mao Tsö-tong) à propos de l’expérience historique de la dictature de prolétariat.