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« chlorure d’hexamine cobalt (III) » ou

« de cobaltihexamine », est un sel cristallisé qui, par dissolution dans l’eau, fournit, à côté de 3 ions Cl–, un cation complexe dans lequel l’ion

central Co3+, de coordinence 6, est uni à 6 molécules NH3, la liaison de chacune d’elles au cobalt étant assurée par le doublet libre d’électrons de l’azote dans NH3 (liaison de covalence dative ou semi-polaire).

La formation des complexes peut

s’effectuer en solution. Si, à une solution de AgNO3, on ajoute peu à peu de l’ammoniaque, le précipité Ag(OH) d’abord formé disparaît progressivement : c’est la conséquence de la réaction qui

forme l’ion complexe diamine argent, déplaçant ainsi vers la gauche l’équilibre jusqu’à dis-

parition du précipité. Quand ce résultat est atteint, il est évident que l’ion Ag+

ne précipite plus par l’ion OH– ; on dit qu’il est dissimulé à ce réactif. Il précipite cependant par addition d’un chlorure (; AgCl) ou par passage de H2S (; Ag2S) ; la dissimulation de Ag+ n’est donc pas complète, ce qu’on explique par l’équilibre

Ag+ + 2 NH3 Ag(NH3)2.

À celui-ci correspond la constante d’action de masse

dite « constante de stabilité » de l’ion complexe ici,

K = 107 mole– 2 . litre 2.

La dissimulation est complète, même vis-à-vis de réactifs très sensibles, pour certains complexes. Ceux-ci sont dits « parfaits », par exemple

ferrocyanure, ferricyanure,

il en est beaucoup d’autres

qui sont plus ou moins imparfaits.

Alfred Werner

Chimiste suisse (Mulhouse 1866 - Zurich 1919). Il a édifié en 1893 la théorie des downloadModeText.vue.download 570 sur 577

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complexes, notamment ceux du fer, du cobalt et du chrome, grâce à l’emploi des coordinences et les a représentés par des formules stéréochimiques. (Prix Nobel de chimie, 1913.)

Stéréochimie des

complexes

L’établissement de liaisons entre les ligands et l’atome central met en jeu pour ce dernier un certain nombre d’orbitales atomiques ; la plus grande stabilité de l’édifice est obtenue, comme dans le cas du carbone en chimie organique, par une hybridation de ces orbitales, laquelle entraîne, en même temps que l’équivalence des orbitales hybridées, une disposition symétrique des ligands autour de l’atome central.

Cette disposition dépend du nombre d’orbitales hybridées, c’est-à-dire de la coordinence ; à la valeur 2 de celle-ci correspond un édifice linéaire où les ligands sont opposés ; à 4 correspond ou bien une disposition carrée, donc plane, ou bien la structure tétraédrique des composés du carbone ; à 6 correspond une structure octaédrique (fig. 1).

Ces symétries structurales, déjà affirmées par Werner (1893), qui fonda sa théorie des complexes sur la notion d’indice de coordination, permettent d’interpréter les isoméries, et en particulier l’isomérie cis-trans (fig. 2) et l’isomérie optique (fig. 3) ; ces isomé-

ries sont analogues à celles qui sont rencontrées en chimie organique.

Depuis Werner, l’étude des com-

plexes se poursuit dans divers domaines, notamment celui de la ciné-

tique de leurs réactions en solution.

R. D.

comportement

Manifestations objectives de l’activité des animaux et des hommes.

Histoire du concept de

comportement

Le terme — qui se trouvait déjà chez Pascal — a été réintroduit en 1907 par H. Piéron dans le langage de la psychologie ; il est l’équivalent de l’américain behavior — ou de l’anglais behaviour.

Il est également utilisé par extension pour décrire certains traits stables des mouvements ou des changements qui affectent des objets non vivants lorsque ceux-ci possèdent des caractéristiques d’individu : on parlera ainsi du comportement d’une voiture, d’un avion, d’un électron, etc.

La psychologie scientifique est née en fait lorsque s’est constituée la notion de comportement. Celle-ci correspond en effet essentiellement à l’exigence, que rencontre toute science, de dissocier les événements observables et ce que l’on peut construire à partir d’eux : concepts, lois, théories, etc.

La notion de comportement re-

groupe ainsi la classe des événements observables relatifs à l’activité d’un organisme individuel dans son milieu.

Ce sont originellement des événements physiques, plus particulièrement des mouvements et des modifications du milieu. La démarche consiste à ne laisser apparaître ou subsister dans la description de ces événements aucune hypothèse ou connotation subrep-tice anticipant sur une interprétation psychologique.

La notion de comportement s’est

historiquement constituée par opposition à celle de conscience, ou, selon un terme plus moderne, de subjectivité ; encore actuellement, elle ne peut être correctement comprise que dans cette opposition. La vie psychologique quotidienne entraîne non à percevoir les comportements d’autrui dans leur nudité objective, mais bien plutôt à appréhender dans une même saisie les actes et les interprétations auxquelles ils peuvent donner lieu, les gestes ou les paroles et leurs significations ; ainsi on ne voit pas de façon

naturelle l’extension d’un bras suivie d’une flexion des doigts en opposition avec le pouce, mais plus simplement —

en fait de façon plus construite — un homme qui prend un objet. La prise en considération des seuls comportements implique donc une abstraction qui va à l’encontre des habitudes communes de perception et de connaissance des êtres vivants ; elle impose de ce fait un véritable ascétisme cognitif.

Il est intéressant de relever la part prise par la psychologie animale dans l’élaboration de la notion de comportement. C’est en effet à propos de l’animal que la contradiction s’est d’abord développée de la façon la plus visible entre une interprétation spontanée de ses activités en termes de psychologie anthropomorphique subjective et les données réellement observées. Les controverses qui se sont établies à la fin du XIXe s. et au début du XXe entre les tenants d’une psychologie traditionnelle, prêtant aux animaux toute une gamme de sentiments, de connaissances, de volitions dérivés de l’introspection, et les novateurs, soucieux de ne fonder leurs conclusions que sur des observations objectives, ont largement contribué à ce que se dégagent de leur gangue subjectiviste les phénomènes de comportement. Encore aujourd’hui, l’exemple des animaux permet de comprendre plus aisément qu’on ne peut connaître l’individu qu’à partir de ce qu’il fait ou manifeste.

Comportement et

béhaviorisme

La constitution de la notion de comportement s’est effectuée dans un contexte philosophique et idéologique qui en a largement marqué le destin ultérieur ; le principal trait en est sa confusion fréquente avec la conception béhavioriste de la psychologie.

En fait, on pourrait trouver les racines du concept de comportement, sous sa forme d’ailleurs la plus méca-downloadModeText.vue.download 571 sur 577

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niste, dans la conception cartésienne des animaux-machines et dans les idées qui en découlèrent chez les philosophes français matérialistes du XVIIIe s. Le dé-

veloppement de la physiologie scientifique au XIXe s. et notamment l’importance accordée à la notion de réflexe préparèrent ensuite son avènement : on peut considérer que la première étude scientifique du comportement fut celle qui fut effectuée par I. P. Pavlov, dans le prolongement des conceptions de I. Setchenov, sur les réflexes conditionnels. Mais, dans ces travaux, le concept de comportement n’était pas explicitement utilisé ; il ne le fut que lorsque J. B. Watson reprit au compte de la psychologie béhavioriste tous les apports de l’étude du conditionnement.