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tendance se trouve officialisée par la fondation du L. S. S. P. (Lankā Sama Samāja Party) par Philip Gunavardena et N. M. Perera, entre autres : ce parti est plutôt représentatif des masses urbaines. En 1937, c’est la petite et moyenne bourgeoisie qui se regroupe au sein du Sinhala Maha Sabha, fondé par Solomon West Ridgeway Dias

Bandaranaike.

Comme celle de 1914-1918, la Se-

conde Guerre mondiale est un remarquable accélérateur de l’évolution historique. Ceylan est déclarée en état de belligérance avec l’Allemagne. En compensation, le gouvernement britannique prosmet, en 1941, de procéder à de larges réformes après la fin de la guerre. Promesses renouvelées en 1943. Ainsi, d’échéance en échéance, on aboutit : à la Constitution de mai 1946 (très proche de la Constitution britannique) ; à l’Acte d’indépendance de Ceylan de décembre 1947 ; à l’ouverture solennelle, le 4 février 1948, par le duc de Gloucester, du premier Parlement de Ceylan indépendant.

Ceylan depuis

l’indépendance

L’Acte d’indépendance donne à l’île un statut de dominion au sein du Commonwealth. Passé l’euphorie de l’indé-

pendance, le jeune État se trouve vite confronté à une série de difficultés économiques, ethniques et politiques.

Les difficultés économiques tiennent à trois causes principales : des difficultés naturelles ; la généralisation, au XIXe s., d’une économie de plantation à caractère spéculatif ; le contraste entre une agriculture commerciale capitaliste et une agriculture traditionnelle aux tenures exiguës et à peine inté-

grée à l’économie monétaire. Si l’on ajoute un potentiel de ressources exploitables assez faible, on comprend aisément les problèmes économiques auxquels Ceylan se trouve confrontée.

C’est en 1950 qu’est adopté le plan de Colombo, qui tend à promouvoir le développement économique des pays du Commonwealth.

D’une grande importance, ces difficultés ne doivent, néanmoins, pas cacher celles qui découlent de la multi-

plicité ethnique et religieuse. L’un des problèmes essentiels de Ceylan réside dans la présence d’un fort contingent downloadModeText.vue.download 7 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5

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de Tamouls indiens. Avec moins d’intensité, ce problème ressemble à celui des Indiens du Natal, dont Gāndhī*

s’était fait le défenseur. Les dirigeants cinghalais doivent s’efforcer d’établir un équilibre entre deux communautés se craignant mutuellement. Les griefs sont nombreux : crainte des Cinghalais devant le dynamisme démographique des Tamouls ; présence, dans le nord du pays (région de Jaffna), d’une zone à prépondérance dravidienne, qui, à certains Cinghalais, semble être une atteinte à l’intégrité territoriale du pays ; rivalité linguistique entre le cinghalais et le tamoul dans l’Administration, et surtout présence d’un million de travailleurs indiens des plantations. En 1964, un accord entre le Premier ministre indien L. B. Shastri et Mme Bandaranaike est conclu. Il prévoit que, sur ce million d’Indiens, 525 000 devront réintégrer l’Inde en quinze ans et que 300 000 se verront octroyer une pleine citoyenneté cinghalaise ; quant aux 175 000 restants, rien n’est envisagé.

Mais cet accord ne règle rien en fait. Le problème de ces travailleurs tamouls reste entier, et c’est dans ce double contexte de difficultés économiques et d’antagonismes ethnico-religieux que s’est déroulée la vie politique de Ceylan depuis 1948.

y Gouvernement de l’U. N. P. (1948-1956). De 1948 à 1956, il y a véritablement identification du gouvernement cinghalais et de l’U. N. P. (Parti national uni), fondé en 1947. Ce dernier sera d’ailleurs souvent accusé de népotisme. À vrai dire, plus que dans ce reproche, la faiblesse essentielle du parti au pouvoir est d’être seulement un rassemblement de personnalités et non pas l’émanation d’une ou de plusieurs couches sociales. Dominé par la forte personnalité de Don Stephen Senanayake (1884-1952), l’U. N. P.

se trouve confronté à des problèmes qui dépassent parfois sa représentati-

vité : ainsi le problème des Tamouls indiens. Après l’indépendance, des rencontres ont lieu avec Nehru pour tenter de régler cette délicate question. Aucun résultat positif n’en découle. Pire, en 1948 et en 1949, le gouvernement cinghalais décide de trancher lui-même entre ceux des Tamouls indiens qui pourront obtenir la nationalité, donc le droit de vote, et les autres.

De plus, en 1949, les actes de citoyenneté indien et pakistanais font de la majorité des travailleurs de plantations de véritables apatrides, ce qui provoque une scission au sein du Tamil Congress, les éléments les plus intransigeants formant le Fédéral Party (ce titre constitue à lui seul tout un programme).

1951 est une année noire pour le gouvernement, qui enregistre la démission du ministre de la Santé S. W. R. D.

Bandaranaike. Celui-ci, en désaccord avec la majorité, fonde le S. L. F. P.

(Sri Lankā Freedom Party).

En 1952, le Premier ministre,

D. S. Senanayake meurt accidentellement, et son fils Dudley (né en 1911) lui succède en mars. Il prononce la dissolution du Parlement, et de nouvelles élections ont lieu en mai. Elles consacrent le triomphe de l’U. N. P.

(54 sièges de députés sur 92). Vide politique au sein de l’opposition, fidélité électorale quasi sentimentale, plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cet accaparement électoral du pays par l’U. N. P.

Ce succès ne doit d’ailleurs pas faire illusion : les difficultés économiques en limitent la portée.

Certes, en 1952, le gouvernement signe un accord commercial avec la Chine (malgré les pressions des États-Unis) particulièrement avantageux pour Ceylan, mais, en 1953, le gouvernement, en supprimant le « prix politique du riz » (en n’offrant plus de primes à l’importation), provoque une hausse de cette denrée de base et une baisse du niveau de vie. Le mécontentement populaire est grand, et le Lankā

Sama Samāja Party appelle à un Hartal

(grève générale) pour le 12 août : les incidents, nombreux, font une dizaine de morts et contraignent peu après Dudley Senanayake à démissionner.

Le leader de la Chambre des dépu-tés, sir John Kotelawala, lui succède.

Mais l’antagonisme entre Tamouls et Cinghalais le contraint à dissoudre la Chambre par anticipation.

C’est sur cet antagonisme que se cristallisent les prises de position. Un regroupement politique s’opère entre le Sri Lankā Freedom Party, une organisation de Bhikkhus (moines), la Eksath Bhikkshu Peramuna et la fraction dissidente de P. Gunavardena.

Ce Front unifié du peuple (Mahājana Eksath Peramuna [M. E. P.]) passe des accords électoraux avec le Lankā Sama Samāja Party et le parti communiste.

Aux élections de 1956, le M. E. P.

triomphe (48 sièges contre 8 à

l’U. N. P.), et Bandaranaike forme le gouvernement ; pour la première fois depuis l’indépendanee, il n’y a aucun représentant tamoul au sein du Cabinet, et le F. P. (parti fédéraliste), avec dix sièges, devient la seule organisation représentative des Tamouls.

1956-1965 : l’ère Bandaranaike. À

propos de cette ère, on parle aussi de révolution bouddhiste dans la mesure où l’on peut considérer qu’il s’agit d’une réaction cinghalaise contre certains éléments trop anglicisés ou trop

« tamoulisés ».

Solomon West Ridgeway Dias Ban-

daranaike (1899-1959), le Premier ministre, est bien représentatif de l’aristocratie cinghalaise anglicisée. Il s’est, dès son retour d’Oxford, initié à l’action politique ; abandonnant son vernis occidental, il a fondé très vite une organisation, le Sinhala Maha Sabhā, dans laquelle la classe moyenne peut se reconnaître. Ministre depuis 1936, il a démissionné en 1951, et sa tâche de Premier ministre s’annonce doublement difficile : tenter de résoudre les problèmes économiques et communalistes en même temps que préserver un minimum de la plate-forme électorale.