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C’est dans cette optique qu’il faut pla-

cer le « Sinhalese Only Bill », qui fait du cinghalais la seule langue officielle, certaines nationalisations — notamment celle des moyens de transport

— et les négociations que le gouvernement entame avec le leader du parti fédéraliste Chelvanayagam.

Cependant se manifeste une oppo-

sition croissante au sein du gouvernement entre conservateurs et socialistes de tendance marxiste. La situation devient même explosive à partir de mai 1958 et entraîne la proclamation de l’état d’urgence (jusqu’au 13 mars 1959). En septembre 1959, assassiné par un moine, Bandaranaike est remplacé par sa femme, Srimavo Ratwatte Dias Bandaranaike (née en 1916), qui

« gauchise » sensiblement sa politique, notamment dans le domaine des nationalisations (écoles privées, assurances, moyens de transport, réseau de distribution des carburants, etc.), privant son pays de l’aide américaine et d’une partie du soutien de la bourgeoisie cinghalaise. Les élections de 1965 concré-

tisent ce recul et le retour en force de l’U. N. P. (66 sièges sur 152).

1965-1970 : le retour de D. Se-

nanayake. Dudley Senanayake est

accueilli favorablement par la droite cinghalaise et les milieux dirigeants occidentaux. Son action gouvernementale tend vers un double but : rassurer politiquement et économiquement (re-lâchement des relations diplomatiques avec Pékin, indemnisation des compagnies pétrolières nationalisées, réduction des impôts sur le revenu, etc.) ; tenter d’assurer l’indépendance économique de l’île, notamment en diversi-fiant son agriculture par la réduction des cultures de plantation, trop soumises aux fluctuations des cours mondiaux, et en développant les cultures vivrières.

Mais la rigueur budgétaire, les

impératifs de l’équilibre financier le contraignent à prendre des mesures impopulaires : ainsi la baisse de 50 p. 100

de la ration hebdomadaire gratuite de quatre livres de riz en 1968. Si l’on y ajoute un certain marasme économique, une mévente du thé et une hausse géné-

ralisée des prix, on comprend mieux le résultat des élections de mai 1970 :

le Sri Lankā Freedom Party obtient la majorité absolue (91 sièges sur 151) ; l’U. N. P. est écrasé (17 sièges).

En 1970, Mme Srimavo Bandara-

naike retrouve le pouvoir. Plusieurs tâches urgentes l’attendent : rajuste-ment de la ration de riz ; relance des nationalisations ; application de l’accord de 1964 prévoyant le rapatriement d’au moins 500 000 Tamouls indiens ; pratique, en politique extérieure, d’un neutralisme plus actif. Mais surtout se pose le crucial problème du sous-emploi, qui traque environ un habitant sur dix. Il s’agit bien là d’un problème qui conditionne la solution de tous les autres.

En mars 1971 éclate une révolte animée par un groupe d’extrême gauche, le Front de libération populaire, qui réclame des mesures radicales, telles que la nationalisation de la presse, des plantations et des banques. Cette insurrection voit, pour la première fois, une partie de la population se soulever sans qu’aucun problème ethnique soit en jeu : elle provoque une sanglante répression.

Le 22 mai 1972, aux termes d’une nouvelle Constitution, Ceylan devient la « République de Srī Lanka » et rompt ses liens institutionnels avec la Grande-Bretagne tout en demeurant dans le Commonwealth. L’ancien représentant de la Couronne, William Gopallawa, est nommé président de la République.

J. K.

Mais le régime de Mme Bandaranaike doit faire face à une très grave crise économique. Ebranlé par les événements de 1971, le gouvernement mit en oeuvre un programme de réforme agraire (comprenant notamment la nationalisation des plantations de thé et d’hévéas), mais il maintint l’état d’urgence. Aux élections de 1977, Mme Bandaranaike est battue par le downloadModeText.vue.download 8 sur 577

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5

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conservateur Junius Jayawardene, qui devient président de la République en 1978 et laisse ses fonctions de Premier ministre à Ranasinche Pramadasa.

F Bouddhisme / Empire britannique / Inde.

G. C. Mendis, The Early History of Ceylon (Calcutta, 1932). / W. I. Jennings, Nationalism and Political Development in Ceylon (New York, 1950). / W. H. Wriggins, Ceylon, Dilemmas of a New Nation (Princeton, 1960). / E. F. C. Lu-dowyk, The Story of Ceylon (Londres, 1962) ; The Modern History of Ceylon (Londres, 1966). /

Notes et études documentaires, nos 982 et 3442

(la Documentation française, 1948 et 1967).

/ R. Dumont, Paysanneries aux abois (Éd. du Seuil, 1972).

L’art

Souvent considéré comme un simple prolongement de l’art de l’Inde, avec lequel il a d’ailleurs d’étroits rapports, l’art de Ceylan révèle toujours, en dépit du rôle joué par un fonds religieux commun et par les périodes de sujétion politique, une indé-

niable et constante originalité, préservée, surtout dans le domaine des arts mineurs, jusque durant la période coloniale. Comme l’histoire, l’art est d’abord lié aux progrès du bouddhisme, progrès tels que l’île, point d’aboutissement, deviendra très tôt un centre de rayonnement vers l’Asie du Sud-Est et l’Extrême-Orient. Spécialement concentrée autour des anciennes capitales, qui sont à juste titre les sites les plus célèbres de Ceylan, la richesse archéologique et artistique de l’île est considérable.

L’ART ET L’HISTOIRE

L’activité de Ceylan, durant la préhistoire, ne diffère pas sensiblement de celle de l’Inde contemporaine. L’âge de la pierre s’y termine par la même phase microli-thique ; le Chalcolithique et l’âge du fer marquent le passage à la protohistoire.

Quelques caves comportent des gravures et des peintures antérieures à la période historique. Des dolmens et des cistes se rencontrent dans les provinces est et nord-centrale. La céramique est représentée, dès le Mésolithique, par une poterie noir et rouge, puis par des poteries en terre grossière, à décor sommairement gravé. Remaniés, les vestiges contemporains de l’introduction du bouddhisme sont localisés grâce aux chroniques ; les contacts avec

le commerce romain ne sont attestés que par les monnaies impériales découvertes, assez nombreuses, au cours des fouilles.

À la première période historique doit être rapporté le début des travaux d’irrigation et de construction de barrages qui, jusqu’à la conquête chola du XIe s., assureront à l’île sa prospérité.

y La période d’Anurādhapura

Au coeur d’une région autrefois savamment aménagée du point de vue hydraulique, l’ancienne capitale, mentionnée dès le IIIe s.

av. J.-C., doit son renom à son importance politique et surtout religieuse. Son rôle politique prend fin en 992, lorsqu’elle est ravagée par les Colas (ou Cholas), mais les souverains y procéderont à de nombreuses restaurations jusqu’en 1290. Les premiers travaux de l’époque moderne répondaient d’abord à un sentiment religieux que légitiment les fondations les plus vénérables de la cité : stūpa élevés pour des Reliques corporelles du Bouddha, temple abritant une bouture de l’Arbre de la Bodhi de Bodh-Gayā*.

Deux phases peuvent être distin-

guées. Des origines à la fin du règne de Mahāsena (v. 300) apparaissent les premières constructions en brique ou en pierre : stūpa, de dimensions souvent considérables (Anurādhapura, Mihinṭalē, Mahāgāma, etc.) et progressivement enrichis ; trônes de pierre (āsana) évoquant le Vajrāsana ; prāsāda, constructions mixtes à étages, dont ne subsistent que les bases et les piliers du rez-de-chaussée (Lohapāsāda, ou Palais d’airain, restauré par Parākrama Bāhu Ier). La sculpture, presque exclusivement en bas relief, est de caractère souvent symbolique et trahit une forte influence de l’art Andhra. Dans la seconde phase, qui s’achève en 992, les stūpa restent les fondations les plus fré-