quentes et évoluent vers un aspect plus original. D’abord colossaux, ils en viennent à des dimensions plus modestes aux VIIIe-IXe s. et s’enferment parfois dans une enceinte circulaire (cetiyaghara). Deux types de sanctuaires se développent : l’un de plan carré, avec cella isolée par un couloir pourtournant ; l’autre de plan barlong, avec piliers intérieurs. Comme les jardins d’agrément du Palais, les grands monastères s’ornent de nombreux bassins aménagés dans un souci évident de
composition. À Sīgiriyā, la forteresse-palais construite par le roi Kassapa Ier (473-491) affirme cette volonté avec ses perspectives savantes et ses terrasses étagées. À côté de la terre cuite et du stuc, le bas-relief joue un rôle prépondérant dans la sculpture et acquiert sa parfaite originalité dans la distinction : stèles ornées de gardiens, pierres de seuil... La sculpture rupestre, avec des downloadModeText.vue.download 9 sur 577
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5
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images monumentales (Avukana, Buduru-vegala, etc.), connaît une vogue certaine.
Les statues en ronde bosse, pierre ou bronze, sont des images du Bouddha ou des divinités mahāyāniques. La peinture murale est représentée par les « fresques »
de Sīgiriyā et des chambres reliquaires des stūpa (Mihinṭalē).
y La période de Polonnaruwa
Avec la conquête chola, responsable de la ruine du système d’irrigation, le pouvoir administratif passe à Polonnaruwa, dont l’importance est attestée dès le VIIIe s. Durant le XIe s., la soumission de Ceylan aux Cholas réduit les ateliers cinghalais (ou, mieux, singhalais) à l’inaction, et les seules fondations de Polonnaruwa sont les temples śivaïques élevés par les occupants dans le style dravidien pour des idoles qui semblent avoir été importées (bronzes). Avec la restauration de la souveraineté cinghalaise (Vijaya Bāhu Ier
[1056-1110]), l’Administration demeure à Polonnaruwa, suscitant restaurations et fondations nouvelles (Aṭadāgē, temple de la Dent-Relique). Après quarante années de luttes intestines, la véritable renaissance débute avec le règne de Parākrama Bāhu Ier (1153-1186). Le souverain et son successeur s’efforceront de restaurer les fondations utilitaires et religieuses, et développeront un vaste programme de construction qui répond à une politique de grandeur. Les stūpa, la salle d’audience du Palais, les grands temples de Tivaṅka et de Laṅkātilaka, l’ensemble rupestre de Gal-Vihāra comptent parmi les réalisations les plus remarquables de cette époque, dont les stucs, les bois sculptés, la peinture murale ont exercé une très forte influence sur l’art du Sud-Est asiatique.
L’attaque de Māgha, avec des forces du Kerala, met fin à cette période (1236). Marquée par l’instabilité politique, la longue période de déclin qui s’ensuit voit encore élever, dans les capitales éphémères, des ensembles remarquables, tels que les fortifications de Yāpahuva (XIIIe s.) et leur cé-
lèbre porche précédé de terrasses étagées.
y La période de Kandy
Siège de la royauté indépendante de 1592
à 1815, dans un site admirable, Kandy est le dernier centre où se sont épanouies les traditions cinghalaises. Les édifices, au charme coloré, n’ont plus, néanmoins, la classe des constructions antérieures. Tous font une place importante au décor de bois sculpté (ancienne salle d’audience, temple de la Dent-Relique). La sculpture et la peinture acquièrent un caractère plus populaire, une certaine sécheresse et s’accommodent de diverses influences indiennes et occidentales ; mais les arts mineurs conservent une remarquable vitalité.
L’ARCHITECTURE
Porté par trois terrasses étagées, le stūpa (dāgāba) est d’abord hémisphérique, et ce n’est que tardivement que seront définis six types différents. Le yūpa octogonal du sommet fera place à une flèche conique évoquant l’empilement des para-sols (VIIIe s.). Autour du stūpa apparaissent des retables (vāhalkaḍa) de plus en plus importants, des petites chapelles, des autels pour les offrandes. À l’intérieur, une chambre reliquaire, généralement à trois étages, au plafond soulagé par des vides de la maçonnerie, abrite les dépôts précieux. Certains stūpa comportent un soubassement carré, avec emmarchements ; d’autres s’enferment à l’intérieur d’enceintes de piliers et d’une muraille, sans doute associées à des toitures légères (Anurādhapura : Thūpārama ; Polonnaruwa : Thūpārama ; Vaṭadāgē). Pour les sanctuaires, la construction à étages, sur piliers, associant pierre et bois, joue un rôle important.
L’architecture de la première période ne liaisonne la brique qu’au mortier d’argile et assemble la pierre suivant des procédés de charpenterie. Au XIe s., les monuments dravidiens élevés par les Cholas seront sans influence sur l’architecture locale, qui, dans la période de Polonnaruwa, revient
aux compositions traditionnelles. L’utilisation du mortier de chaux lui permettra de réaliser de vastes salles voûtées pour les images monumentales (Laṅkātilaka).
Constamment, l’architecture de Ceylan attache un prix particulier aux perspectives comme à la beauté et à la sobriété du décor.
LA SCULPTURE
C’est dans l’art du bas-relief et dans ses ensembles rupestres que la sculpture révèle ses qualités de distinction, de douceur et d’esprit. Après une première phase très indienne et un peu raide, elle connaît son âge d’or dans la période d’Anurādhapura, et les réalisations des VIIIe et IXe s. sont d’une qualité que ne retrouvera plus l’art de Polonnaruwa, déjà un peu maniéré, en dépit de la grandeur mesurée de certaines oeuvres (« Parākrama Bāhu » de Polonnaruwa). Sauf dans l’art du bronze, très libre, la ronde-bosse paraît souvent hiératique, et une tendance à la stylisation s’impose à partir du XIIIe s. pour aboutir à l’art conventionnel de la période de Kandy, la vie se réfugiant alors dans la sculpture sur bois et dans l’art des ivoiriers.
LA PEINTURE
L’élégance de l’art du bas-relief se retrouve, alliée à un graphisme très sûr, dans les célèbres peintures de Sīgiriyā, proches de l’art d’Ajaṇṭā*, et dans celles des chambres reliquaires. Les unes et les autres témoignent de la qualité des oeuvres de la période d’Anurādhapura, comme les
« fresques » deTivaṅka caractérisent l’art de Polonnaruwa. La période de Kandy se fait moins raffinée, mais, très active, pleine de verve, elle donnera à sa production la saveur de l’imagerie.
J. B.
F Inde / Thaïlande.
A. K. Coomaraswamy, Medieval Sinhalese Art (Broad Campden, 1908 ; 2e éd., New York, 1956). / S. Paranavitāna, The Stūpa in Ceylon (Colombo, 1946) ; Art and Architecture of Ceylon (Colombo, 1954). / D. T. Devendra, Classical Sinhalese Sculpture, c. 300 BC to 1 000 AD
(Londres, 1958). / N. Wijesekera, Early Sinhalese Sculpture (Colombo, 1962). / H. Mode, Die buddistische Plastik auf Ceylon (Leipzig, 1963). / D. B. Dhanapala, Peintures de temples
et de sanctuaires à Ceylan (Flammarion, 1964).
Cézanne (Paul)
Peintre français (Aix-en-Provence 1839 - id. 1906).
Introduction
Il n’est sans doute aucun artiste moderne qui ait été aussi méprisé par la grande masse de ses contemporains pour devenir ensuite un inspirateur commun à tant de courants divers durant un demi-siècle, et dont l’oeuvre ait suscité de pareilles difficultés d’interprétation. Parfois taxée de beso-gneuse platitude, elle est pour la plupart des « connaisseurs », en dépit de ses maladresses réelles ou apparentes, d’une richesse et d’une plénitude exceptionnelles.