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D’après la subordination objective qui caractérise la hiérarchie générale des phénomènes, l’ordre universel devient essentiellement réductible à l’ordre humain, dernier terme de toutes les influences appréciables. » Et encore :

« L’unité humaine s’établit irrévocablement sur des bases entièrement puisées dans une saine appréciation de notre condition et de notre nature. »

Ainsi la notion d’humanité, définie comme l’ensemble et l’unité non seulement de tous les hommes et de tous les événements humains mais aussi de tous les phénomènes du réel, n’est pas pour Comte un concept abstrait, mais repré-

sente une réalité positive qui s’impose

« spontanément » à l’esprit comme unité et comme synthèse universelle.

Ainsi les oeuvres de la fin de la vie de Comte doivent toutes leur inspiration à ce thème apparemment nouveau : la religion de l’humanité. On a souvent souligné les différences qui existent entre les oeuvres du début et celles de la fin, l’attribuant soit à l’importance que prirent pour Comte les thèmes religieux après son amour pour Clotilde de Vaux, soit, plus simplement,

à une systématisation d’idées bizarres et délirantes. En effet, la religion de l’humanité, telle que Comte en décrit les dogmes et les rites dans le Système de politique positive et surtout dans le Catéchisme positiviste, est difficilement acceptable, du moins à la lettre : cependant, et par rapport à l’ensemble de l’oeuvre de Comte, ce thème a sa place. L’exigence positive n’est pas une exigence de méthode, elle n’a de sens que dans la mesure où elle pré-

pare la réforme du réel, et du seul réel positif : l’humanité. C’est sans doute dans cette assimilation, cette identification entre le réel et l’universel, le positif et le religieux, que réside toute l’ambiguïté, mais aussi tout le sens de la pensée de Comte : la réforme du réel ne peut s’achever que dans la religion de l’humanité, parce que c’est là que s’affirme de la façon la plus forte la primauté du spirituel.

Le thème religieux est en fait

constant, car, finalement, seul l’esprit représente le vrai positif.

L’approche scientifique et objective du réel est suspendue à l’ordre subjectif et affectif ; c’est ce qui ressort de l’oeuvre de Comte après 1849 ; à la morale, septième science, science finale et sacrée, reviendra le privilège de fonder le nouvel ordre spirituel, d’assurer l’intégration de l’individu dans le réel positif et de promouvoir le culte de l’humanité.

N. D.

H. Gouhier, la Jeunesse d’Auguste Comte et la formation du positivisme (Vrin, 1933-1941 ; 3 vol.). / P. Arbousse-Bastide, la Doctrine de l’éducation universelle dans la philosophie de Comte (P. U. F., 1954 ; 2 vol.) ; Auguste Comte (P. U. F., 1968). / J. Lacroix, la Sociologie d’Auguste Comte (P. U. F., 1956). / I. Lins, Perspecti-vas de Augusto Comto (Rio de Janeiro, 1965).

/ P. Arnaud, Auguste Comte (Bordas, 1969) ; Sociologie de Comte (P. U. F., 1969). / A. Kre-mer-Marietti, Auguste Comte (Seghers, 1970). /

C. Rutten, Essai sur la morale d’Auguste Comte (Les Belles Lettres, 1973).

Conakry

Capitale et principal port de la république de Guinée, sur l’Atlantique ;

350 000 hab.

Le site primitif de la ville est constitué par l’île de Tumbo, face à l’archipel des îles de Los, qui se situe dans le prolongement de la presqu’île rocheuse du Kaloum, accessible à gué à marée basse. C’est, avec le cap Verga, le seul accident rocheux qui interrompe une côte basse et marécageuse, coupée d’énormes rias envasées. Le site pré-

sentait des avantages maritimes (protection par les îles de Los contre la houle, absence de « barre », fonds suffisants au nord-ouest de l’île). L’établissement d’un relais du câble télégraphique anglais, puis l’installation de factoreries (une allemande, une fran-

çaise, celle de la Compagnie française de l’Afrique occidentale [C. F. A. O.]) y précédèrent l’occupation administrative française (1884). Conakry devint en 1891 le chef-lieu de la colonie des

« Rivières du Sud » (bientôt Guinée française).

Reliée à l’intérieur par la « route du Niger », bientôt doublée par le chemin de fer Conakry-Niger (1900-1910 ; prolongé jusqu’à Kankan en 1914), Conakry resta longtemps une cité essentiellement administrative. Le découpage géométrique en « avenues »

et en « boulevards » perpendiculaires, rompu seulement par le tracé oblique de la « route du Niger » — rejoignant le Kaloum par une jetée artificielle —

et par le tracé capricieux de la route de

« corniche » bordant la mer, délimitait des « lots » très partiellement occupés. Près du palais du gouverneur (aujourd’hui Palais présidentiel), bureaux et villas de fonction se dispersent dans la verdure, au milieu des cocotiers, des manguiers et des flamboyants. Autour du port s’établissent les maisons de commerce (factoreries et entrepôts), qui essaiment progressivement le long du « boulevard du commerce » et de la Sixième Avenue conduisant à la

« route du Niger ». Les anciens villages (Boulbinet, Corinthie) forment le noyau des quartiers africains.

La médiocrité des ressources et du commerce explique la stagnation de la population autour de 8 000 habitants, de 1900 à 1930. L’ancienne île (reliée au continent par les jetées de la route

et du chemin de fer) ne commence à se remplir qu’en 1935, avec le développement de l’économie (production bananière) et l’amélioration du port. De 15 000 habitants en 1939, la population passe à 22 000 en 1946. Puis c’est l’ac-célération : 30 000 habitants en 1948, 40 000 en 1955, 100 000 en 1958,

200 000 en 1967, près de 350 000 en 1970. La fièvre économique des années 1950, la mise en exploitation des minerais de fer du Kaloum, l’industrialisation et surtout l’exode rural expliquent cette poussée urbaine rapide.

Aujourd’hui, la vieille ville (Conakry I), à laquelle on a rattaché administrativement les îles de Los, ne groupe qu’un peu plus du quart de la population ; les immeubles modernes y voisinent avec les maisons africaines sans étage, à toit de tôle, et avec les villas coloniales enfouies dans la verdure.

Le port (2 000 m de quais ; deux ports minéraliers, dont celui de la société Fria, équipé pour l’expédition de l’alumine, aboutissement de la voie ferrée Fria-Conakry) effectue la plus grande partie du commerce extérieur guinéen.

L’essentiel de la population vit dans l’ancienne banlieue (Conakry II, sur la presqu’île du Kaloum). Un isthme artificiel, sur lequel on a construit le

« Palais du peuple » (siège de l’Assemblée nationale et du Parti démocratique de Guinée), réunit les deux fractions de la ville. Une autoroute joint l’isthme à l’aéroport (kilomètre 14), terme actuel de l’agglomération. Les résidences des deux « corniches », nord (Camayenne, Donka) et sud (Coléah), contrastent avec la rusticité des quartiers africains (Madina, Dixinn), où les cases traditionnelles achèvent de disparaître, remplacées par les maisons quadrangulaires à toit de tôle et véranda construites en « dur », le parpaing de ciment remplaçant le banco (argile séchée). La zone industrielle s’est établie du kilomètre 8 au kilomètre 10, entre Madina et l’aéroport.