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rées des contraintes de la comptabilité économique.

Les auteurs soviétiques sont d’accord pour voir dans le progrès technique à la fois la cause et la conséquence de la

concentration des entreprises. Dans la production de la fonte, de 1928 à 1958, la surface utile moyenne d’un haut fourneau s’est accrue de 5,75 fois par usine, le nombre moyen des hauts fourneaux de 1,98, et leurs dimensions ont triplé. Une situation analogue a pu être observée dans la production de l’acier et des laminés. On tend à remplacer les fours Martin d’une capacité de 70

à 100 t par des fours de 250, 300 ou même 500 t. On introduit des « bloo-mings » d’une puissance de 4 Mt et des laminoirs d’une puissance de 3 Mt.

Alors que la capacité maximale d’un haut fourneau était de 340 m3 avant la révolution de 1917, on utilise actuellement des hauts fourneaux d’une capacité de 1 513, 1 736 et 2 000 m 3. Dans l’industrie du ciment, au cours de la seule période 1952-1958, la dimension moyenne des usines a presque doublé, essentiellement par l’accroissement de la puissance de l’équipement de base.

En classant les entreprises industrielles soviétiques en fonction du montant des fonds fixes, en 1964, en quatre catégories (très petites, petites, grandes, très grandes), on obtient un rapport de productivité du travail de 1,9 entre les groupes extrêmes. Dans certaines industries, cet écart est encore plus grand, surtout dans le domaine des coûts. C’est ainsi que, dans les entreprises produisant moins de 200 000 t de ciment par an, le coût par tonne produite a atteint 21,74 roubles, alors que dans celles produisant plus de 1,7 Mt par an ce coût n’a été que de 6,93 roubles. Une situation semblable a pu être observée dans l’industrie sucrière.

Tout en reconnaissant la nécessité d’une concentration de la production, les auteurs soviétiques s’élèvent contre une maximalisation de la concentration. C’est une optimalisation de la concentration et non sa maximalisation qui doit être recherchée. La dimension optimale de l’entreprise doit permettre la satisfaction des besoins et la livraison des produits aux lieux de consommation avec le minimum de dépenses de production. D’où la nécessité de l’étude des diverses variantes des investissements, compte tenu du temps nécessaire entre la réalisation de l’in-

vestissement et son rendement effectif.

Une concentration de la production ne répond donc plus à l’optimum si les investissements complémentaires et une intensité accrue du capital ne sont pas accompagnés d’une hausse de la productivité du travail et d’une baisse des coûts.

Un accord total se manifeste éga-

lement pour condamner ce que l’on appelle le gigantisme, défini comme un agrandissement des équipements et des entreprises qui réduit peu ou pas du tout le coût de la production et provoque un allongement du délai de récupération des investissements additionnels. Si le downloadModeText.vue.download 16 sur 587

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6

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gigantisme a été condamné par le parti à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il n’a pas été éliminé pour autant.

Plusieurs auteurs soviétiques insistent sur le fait qu’il se manifeste non seulement dans l’industrie mais aussi dans les services, avec l’ouverture dans des villes peu importantes de grands magasins à six étages où toute la population est pratiquement obligée de se rendre.

L’objection la plus importante que l’on adresse à l’encontre de la pratique de la concentration des entreprises est qu’elle n’est pas accompagnée d’un effort de spécialisation. On aboutit ainsi à la création d’entreprises universelles qui représentent en fait une union forcée et artificielle de plusieurs entreprises souvent techniquement ar-riérées. Un tel regroupement possède non seulement tous les ateliers pour sa production finale, mais aussi des ateliers ayant un rapport lointain avec la production principale. La concentration des entreprises se substitue ainsi à la concentration de la production.

Les « entreprises universelles » ne seraient donc pas en réalité de grandes entreprises, mais des conglomérats de petits et tout petits ateliers. Toutes les comparaisons avec les États-Unis se trouvent donc faussées, les petites entreprises américaines étant fortement spécialisées (surtout dans les industries mécaniques) et le processus de concentration étant en réalité beaucoup plus

poussé dans ce pays que cela n’apparaît dans les statistiques sur les dimensions des entreprises.

Il semble, toujours d’après Eugène Zaleski, qu’indépendamment des pré-

férences idéologiques le système de planification administrative, tel qu’il a été pratiqué en U. R. S. S. depuis 1930, ait eu tendance à favoriser la construction et la constitution de grandes entreprises. Les bureaux d’étude et de projets recevant des directives en vue de réaliser un accroissement de la production sur une période de 5 ou 10 ans, il paraît plus facile à ces bureaux d’obtenir, au moins sur le papier, un tel résultat dans de grandes entreprises, mais les critères employés par les bureaux d’étude et de projets ne sont pas ensuite corroborés par les faits.

Les ministères favorisent également les grandes entreprises, étant donné qu’il leur est plus facile d’administrer, de contrôler un nombre plus restreint de grandes unités dans le cadre d’un système étroitement centralisé. La même attitude est souvent adoptée par les dirigeants des commissions du plan d’État. Il n’est donc pas étonnant que des économistes soviétiques aient pu conclure que le système compliqué de planification, de gestion et de contrôle qui caractérise l’industrie étatique est incompatible avec la petite production.

À l’heure actuelle, la concentra-

tion des entreprises serait justifiée par la nécessité de créer des entités économiques suffisamment grandes

pour qu’elles puissent être sensibles à l’action des stimulants économiques : bénéfices, rentabilité, primes, crédits.

Seules les grandes entreprises dispose-raient, selon cette conception, d’assez de moyens pour introduire de nouvelles techniques, entreprendre des travaux de recherche et de projets, appliquer des méthodes mathématiques et utiliser les calculatrices électroniques ainsi que pour réaliser des bénéfices suffisants pour stimuler les travailleurs.

Dans la littérature économique

récente, le renforcement de la spécialisation n’est plus toujours considéré comme un élément décisif. Puisque la maximalisation des ventes peut

apporter le profit le plus élevé, il est intéressant pour l’entreprise de pouvoir modifier la nomenclature de sa production en fonction de la demande. Les facteurs technologiques ainsi que la localisation perdent donc leur prépondérance. Il faut aussi tenir compte des facteurs sociaux. Certains ingénieurs et techniciens évitent de travailler dans des usines petites ou trop spécialisées, les grandes entreprises leur offrant des possibilités de carrière supérieures et des conditions culturelles et sociales meilleures.

Les réformes économiques mises en chantier en 1960 et les « expériences économiques » qui les ont précédées ont également introduit des changements dans les formes de concen-

tration : aux formes traditionnelles, construction et agrandissement des entreprises géantes, constitution des trusts et combinats, s’est ajoutée, dès 1961, la nouvelle forme des unions de productions.