kapo, détenu investi par les SS d’une certaine autorité vis-à-vis de ses camarades, soit dans le service intérieur du camp (le kapo de cuisine était un poste clé), soit dans les commandos de travail.
KL ou KZ (abrév. de Konzentrationslager), camp de concentration.
Lagerältester, doyen de camp (hiérarchie des détenus).
Lagerschreiber, secrétaire de camp (hié-
rarchie des détenus) adjoint au Lagerältester, chargé de toute la partie administrative et coiffant en particulier l’Arbeitsstatistik.
musulman, déporté qui a atteint les ex-trêmes limites de l’épuisement et dont l’absence de toute réaction fait penser au fatalisme musulman.
NN-Erlass, décret Nuit et Brouillard.
Prominente, ensemble des notabilités de la hiérarchie des détenus.
Revier, infirmerie des détenus où, malgré
médecins et infirmiers SS qui la contrôlent, des médecins détenus parvinrent par leur dévouement et leur intelligence à sauver de nombreuses vies humaines.
sélection, choix, opéré par des médecins SS, des détenus jugés par eux incurables ou inaptes au travail et désignés ainsi pour l’extermination par gaz, piqûre, etc.
triangle, pièce triangulaire cousue sur la tenue rayée des détenus et surchargée d’une lettre indiquant leur nationalité.
La couleur du triangle variait avec leur catégorie : rouge (politique), verte (droit commun), noire (cas sociaux, souvent aussi Tziganes), rose (homosexuels), violette (sectateurs de la Bible ou objecteurs de conscience). Les juifs portaient l’étoile jaune, ou parfois (comme à Mauthausen) une étoile bicolore formée de deux triangles, l’un jaune, l’autre indiquant la catégorie.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6
2847
Le commando de Melk
KZ de Mauthausen
Créé le 21 avril 1944 pour la construction d’une usine souterraine de roulements à billes, il fut initialement constitué à 95 p. 100 par un convoi de déportés fran-
çais formé à Compiègne au début d’avril pour Mauthausen. De ce fait, les Fran-
çais purent occuper et conserver à Melk quelques postes clés : Schreibstube, Arbeitsstatistik, Block-Schreiber, kapos de commandos de travail et même à la fin Lagerälteste. Tous ces postes étant détenus par les triangles rouges, la solidarité nationale y fut particulièrement remarquable. Elle unissait des groupes très divers, soit politiques (en grande majorité communistes), soit religieux (animés par quelques prêtres ayant réussi à camoufler leur identité), soit professionnels (militaires), tous également et farouchement décidés à s’entraider pour survivre. C’est ainsi que maintes vies humaines pourront être épargnées, tel ce sauvetage qui compte parmi les plus beaux exemples de cette solidarité. H..., kapo français, précieux par sa connaissance parfaite de l’allemand, son sens de l’humain et son abnégation
sans limite, est perdu. Atteint d’une mastoïdite, il est à l’infirmerie, où le chirurgien déporté grec qui opère est dans l’incapacité d’intervenir faute d’outillage adapté.
L’alerte est donnée à la Schreibstube ; il y a concertation de tous les groupes et accord : on va tout faire pour tenter de sauver H... En 24 heures, les cotes des instruments de chirurgie sont transmises par l’infirmerie. Le Schlüsserkommando (serrurier chargé de l’entretien du camp) les forge en un temps record et on réussit ensuite à les introduire à l’infirmerie en déjouant la fouille systématique. L’intervention a lieu au nez et à la barbe du médecin-chef SS
(qui n’a d’ailleurs de médecin que le nom).
H... est sauvé !
Noël 1944
La journée a été « chômée » puisque les entreprises auxquelles le camp loue sa main-d’oeuvre ne travaillent pas. Depuis quelques jours, un arbre de Noël se dresse sur la place d’appel. Il est orné de guirlandes d’ampoules électriques de couleur.
La matinée s’est passée dans les blocs, sous les tracasseries des kapos livrés à leur seule initiative, car la SS cuve lourdement le schnaps de la veille. Appel, contre-appel, revue de literie, contrôle des poux (chacun a plusieurs milliers de lentes dans les haillons qui lui tiennent lieu de chemise) sous de joyeuses affiches vantant la propreté « eine Laus, dein Tod » (un seul pou, tu es mort). Les garçons de chambre (Stubedienst), en général jeunes invertis réservés à l’utilisation personnelle de l’aristocratie des camps, laquelle se recrute de préférence parmi les triangles verts ou roses, désignent quelques détenus à l’attention bienveillante des kapos. Les coups de schlague ou de pied pleuvent.
Vers le milieu de la journée, la SS s’ébroue et décide d’organiser une petite manifestation pour commémorer Noël. Autour du sapin s’avancent l’état-major SS, puis l’orchestre tzigane du camp, dont les violons alternent avec les chants de la chorale polonaise qui les suit ; entre les deux groupes, deux détenus soviétiques, en tenue rayée neuve, décorée de branches de sapin et de houx. Tout ce cortège tourne plusieurs fois autour de l’arbre de Noël. La procession s’arrête, on se met en rang ; encore un choeur polonais, puis les violons amorcent une valse nostalgique. Alors, à ce moment-là, on pend les deux Russes à la potence qui se dresse à l’entrée du camp. Ils y sont
restés plusieurs jours. En repartant, un des SS prend dans ses bras un jeune chien dont la patte cassée est maintenue par une attelle : il déteste voir souffrir les animaux.
Un appel à Melk
Il est 6 heures du matin. Il fait nuit. Il neige.
La cheminée du crématoire rougeoie et déverse des volutes de fumée lourde à l’insupportable odeur de graisse grillée sur les 8 000 à 10 000 détenus rassemblés pour l’appel. La séance dure depuis 4 heures.
Le décompte des travailleurs à fournir à l’Arbeitsstatistik est fait par les kapos, dont une majorité, totalement inculte, est incapable de compter. Les SS s’énervent et frappent çà et là, des corps s’effondrent, et la neige les recouvre peu à peu. Les décès des jours précédents n’ont pas été compensés par les apports en provenance du camp central. Les redevances versées à la SS par les entreprises utilisatrices risquent de diminuer si le contrat de travail n’est pas quantitativement honoré. Or, le décompte est fait à la sortie du camp, près de laquelle sont encore en tas les cadavres rapportés des commandos de travail le jour précé-
dent. Les SS décident donc... de renvoyer les morts au travail. On les empoigne ; on les époussette. Par cinq, quatre vivants encadrant et soutenant un mort, les commandos s’ébranlent aux accents des violons de l’orchestre tzigane du camp. Pour obéir à la loi de cette société absurde qui, pour mieux détruire toute valeur et obtenir la déchéance de l’homme, maintiendra jusqu’au bout sa façade moralisatrice, le départ doit en effet s’effectuer... « dans l’allégresse ».
P. D. et W. C. B. G. (Mauthausen, Mle 62 204.)
F Guerre mondiale (Seconde) / Juifs / National-socialisme / Wehrmacht.
E. Kogon, l’Enfer organisé (la Jeune Parque, 1947). / O. Wormser et H. Michel, Tragédie de la déportation (Hachette, 1954). / Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, numéros spéciaux juillet 1954, octobre 1956 et janvier 1962. / Livre blanc sur Buchenwald (Éd.
de la Déportation et de la Résistance, 1956).
/ Hoess, Le commandant d’Auschwitz parle (Julliard, 1959). / O. Wormser-Mignot, le Système concentrationnaire nazi (P. U. F., 1968).
/ J. Billig, les Camps de concentration dans l’économie du Reich hitlérien (P. U. F., 1973). /
G. Sérény, Au fond des ténèbres (Denoël, 1975).
concentration
des minerais et
charbons
Traitement qui valorise les produits bruts (tout-venants) extraits d’une mine en les rendant marchands par élimination du stérile mêlé au minerai et par classement en grosseurs commerciales.