Les conciles unitaires
du XVe siècle
Suprématie du pape ou suprématie du concile ? Durant tout le Moyen Âge, la
suprématie du pape sur le concile est apparue dans les faits, puisque tous les conciles ont été réunis sur convocation pontificale, leurs décrets ne prenant force de loi qu’après approbation du souverain pontife. Mais, au cours du XIVe s., des théoriciens comme Marsile de Padoue et Guillaume d’Occam proclament la supériorité du concile géné-
ral sur le pape lui-même.
Ces positions doctrinales acquièrent brusquement de l’importance avec le Grand Schisme d’Occident. Des théologiens reprennent alors les idées de Marsile de Padoue et de Guillaume d’Occam et demandent qu’un concile oecuménique tranche la question. C’est à cette solution qu’on se rallie en 1409.
Un concile se réunit à Pise (mars-août 1409), mais ne fait pas l’unanimité ; il dépose les deux papes rivaux, Benoît XIII d’Avignon et Grégoire XII de Rome, et élit Alexandre V (1409-1410). En fait, on a trois papes au lieu de deux. Le successeur d’Alexandre V, Jean XXIII (1410-1415), décide, sous la pression de l’empereur Sigismond, en 1413, de convoquer un concile de toute la chrétienté.
Concile de Constance
(nov. 1414 - avr. 1418)
Convoqué par l’empereur Sigismond et le pape du concile de Pise, Jean XXIII ; 300 participants.
y But : extinction du Grand Schisme.
y Résultats : le pape Jean XXIII es-père bien que le concile de Constance confirmera les décisions de Pise et le maintiendra sur le trône de Pierre.
Lorsqu’il voit son espoir déçu, il s’enfuit pour provoquer la dissolution du concile. Mais Sigismond empêche la dispersion des participants, et le chancelier de l’université de Paris, l’illustre Jean de Gerson, fait voter, le 6 avril 1415, le décret Sacrosanc-tae, qui consacre la prééminence du concile sur le pape.
En vertu de ce principe, Jean XXIII est déposé en mai 1415, et Gré-
goire XII en juillet de la même année.
Benoît XIII, abandonné du roi de
France, s’obstine plus longtemps et est finalement déposé en juillet 1417. L’élection de Martin V le 11 novembre 1417 met fin au Grand Schisme d’Occident. Mais, un mois avant
l’élection, l’assemblée a voté le décret Frequens, qui organise la périodicité downloadModeText.vue.download 30 sur 587
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6
2857
automatique des conciles en dehors de la convocation pontificale.
En 1415, le concile a aussi
condamné Jan Hus (1369-1415), considéré comme hérétique, à être brûlé vif.
Concile de Bâle
(juill. 1431 - avr. 1442)
Convoqué par Martin V en vertu du décret Frequens. Le successeur de Martin V, Eugène IV, essaie de le dissoudre, mais les pères conciliaires, soutenus par l’empereur Sigismond, l’emportent. En 1433, on accorde aux hussites la communion sous les deux espèces par les Compactata de Prague.
Le concile s’établit peu à peu
comme l’instance suprême et permanente de l’Église. En 1437, la rupture s’accomplit entre le pape et le concile de Bâle, qui élira l’antipape Félix V
(5 nov. 1439). Eugène IV transfère le concile à Ferrare en janvier 1438, puis en 1439 à Florence, où a lieu l’union avec les Grecs. L’empereur de Byzance Jean VIII Paléologue et le patriarche de Constantinople sont présents ; mais cette union désirée par l’empereur pour des raisons stratégiques (la pression mortelle des Turcs) ne sera jamais acceptée par les Grecs.
Le concile de Bâle n’est pas officiellement clôturé ; quant à Félix V, abandonné de tous, il abdique en 1449.
Les conciles modernes
(XVIe-XXe s.)
Ve concile du Latran
(mai 1512 - mars 1517)
Convoqué par le pape Jules II.
y But : lutte contre l’influence du concile de Pise. Après le concile de Bâle, la théorie de la suprématie conciliaire conserve de nombreux
adeptes, qui pensent que seul un
concile peut réformer l’Église dans sa tête et dans ses membres. D’un autre côté, les princes prennent l’habitude de brandir cette arme pour faire pression sur les papes.
C’est ainsi qu’en novembre 1511
Louis XII réunit à Pise, puis à Milan, de sa propre autorité, un concile composé presque exclusivement de Français.
Jules II réunit alors celui du Latran.
y Résultats : dissolution de l’assemblée de Pise ; concordat avec le roi de France François Ier (1516) ; décrets de réforme, mais peu profonds et peu efficaces. Le concile, à la veille des prises de position de Luther*, se clôt le 16 mars 1517 sans avoir été capable de réformer l’Église.
Conciles de Trente* (1545-1563),
Vatican I* (1869-1870), Vatican II*
(1962-1965). Voir les articles.
P. R. et P. P.
F Catholicisme / Église catholique / Papauté.
C. J. Hefelé et H. Leclercq, Histoire des conciles (Letouzey, 1907-1952 ; 11 vol.). /
H. Goemans, Het algemeen concilie in de vierde eeuw (Nimègue, 1945). / H. Jedin, Kleine Kon-ziliengeschichte (Fribourg-en-Brisgau, 1959 ; trad. fr. Brève Histoire des conciles, Desclée, 1960). / G. Dumeige (sous la dir. de), Histoire des conciles oecuméniques (Éd. de l’Orante, 1963-1968 ; 8 vol. parus). / R. Metz, Histoire des conciles (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1968).
conciliation
Action d’un juge sur les parties pour les mettre d’accord.
Si la première tâche des juges est de trancher les litiges, il est de leur devoir de tenter de concilier les parties.
C’est dans cet esprit que le législateur de 1790 avait institué un préliminaire obligatoire de conciliation pour tous les procès qui devaient être portés de-
vant les tribunaux de district. Bien que la formule selon laquelle il vaut mieux s’entendre que plaider n’ait pas paru recevoir un grand succès, elle fut consacrée par le Code civil, et ce n’est qu’en 1949 que la tentative de conciliation fut supprimée devant le tribunal civil, l’éventualité d’une transaction n’étant d’ailleurs pas abandonnée puisque le juge chargé de suivre la procédure, le juge des mises en état, le juge rapporteur et le tribunal lui-même peuvent tenter la conciliation. (V. procédure.) y Une procédure obligatoire de conciliation est prévue devant le tribunal d’instance pour les affaires qui sont de sa compétence exclusive, même si elles concernent des incapables ou ne sont pas susceptibles de transaction, sauf lorsqu’elles requièrent célérité.
Les parties sont appelées au moyen d’un avertissement rédigé par le greffier sous forme de lettre et envoyé par la poste. Les parties comparaissent en personne ou par mandataire. Si le juge parvient à concilier les parties, il dresse un procès-verbal de conciliation qui contient les conventions des parties. Sinon, le permis de citer est délivré aussitôt. L’avertissement n’interrompt pas la prescription et ne fait pas courir les intérêts moratoires.
y Dans tout conseil de prud’hommes, il y a un bureau de conciliation devant lequel les parties comparaissent avant d’aller devant le bureau de jugement*. La citation se fait par lettre recommandée du secrétaire du conseil.
Si la conciliation réussit, le procès est arrêté. Sinon, il passe devant le bureau de jugement.
y Il peut y avoir également procédure de conciliation devant les tribunaux des baux ruraux.
y En matière de divorce et de séparation de corps, le président du tribunal de grande instance saisi d’une requête en divorce et qui n’a pas réussi à dé-
tourner l’époux demandeur de sa dé-
cision rend une ordonnance fixant une réunion des époux pour tenter de les concilier. Les époux comparaissent en personne, hors la présence de leur conseil, et le juge tente de les rapprocher. S’il y parvient, le procès en