sidence de la République (1947, 1958, 1963). Finalement élu en décembre 1968, il assume le pouvoir le 11 mars 1969. Caldera est l’auteur de nombreux volumes, parmi lesquels : une biographie de Andrés Bello, dont il a fait paraître les oeuvres complètes ; Moldes para la fragua, portraits de personnalités éminentes en divers domaines de la politique et de la culture ; Democracia cristiana y desarrollo.
Alcide DE GASPERI, v. l’article.
Eduardo Frei, v. CHILI.
Jules Lemire (Vieux-Berquin, Nord, 1853 - Hazebrouck 1928). L’abbé Lemire est sans doute le prêtre qui incar-
na en France le plus fidèlement l’esprit des directions données par Léon XIII aux catholiques dans l’encyclique Rerum novarum et à ceux de France en particulier dans celle du 16 février 1892, Au milieu des sollicitudes, qui leur conseillait le ralliement au régime républicain sans pour autant adhérer aux principes philosophiques de ses initiateurs. Fils de la Flandre rurale, prêtre en 1878, il adhère d’abord au
« légitimisme social », lié chez René La Tour du Pin et son école aux espoirs d’une restauration monarchique. Mais ses lectures, ses contacts avec l’étranger et la droiture de son esprit, éveillé à toutes les expériences prometteuses d’un sort moins rude pour les classes défavorisées de la société, le rendent bientôt attentif aux conseils partis de Rome. Parallèlement, il prône les ré-
formes chères aux milieux populaires, qui présupposent l’absence d’opposition systématique au programme des partis de gouvernement. En 1893, avec la neutralité bienveillante de l’évêché et le soutien actif de nombreux prêtres au contact eux-mêmes du peuple, il décide de briguer un siège au Parlement dans l’arrondissement d’Hazebrouck contre un candidat radical et un catholique conservateur. Il est élu : il représentera constamment Hazebrouck (dont il sera maire en 1914) jusqu’à sa mort. L’abbé Lemire, homme politique, se voudra toujours réalisateur d’objectifs concrets plutôt que théoricien.
En 1897, il fonde la Ligue du coin de terre et du foyer, destinée à asseoir la vie familiale ouvrière et paysanne sur la possession de la terre (terrianisme).
En 1903, il crée le Congrès des jardins ouvriers. Ses campagnes aboutissent au vote de la loi Ribot (1908) sur le bien de famille insaisissable.
Bientôt, la situation de l’abbé Lemire devient particulièrement délicate, car, tandis que le ministère Combes chasse de France la plupart des congrégations religieuses et que s’accomplit la rupture avec le Saint-Siège (1904), le député d’Hazebrouck, sur les questions d’intérêt social (libertés syndicales, retraites ouvrières) ou national (impôt sur le revenu), unit son vote à celui des députés de gauche et d’extrême gauche.
Conscient des pièges du Concordat, il finit par prendre son parti même de la séparation de l’État d’avec l’Église,
qui lui semble une promesse d’affranchissement pour celle-ci, pourvu quelle se réalise dans un esprit de libéralisme.
Ces votes lui sont imputés à crime par une masse croissante d’adversaires, qui voient en lui l’« aumônier du Bloc des gauches », et, après une tentative infructueuse de la curie romaine pour lui interdire de se représenter aux élections de 1910, l’abbé Lemire est privé en 1914, par son évêque, du droit de célébrer la messe et de recevoir les sacrements. En 1917, l’intervention de Benoît XV le fera réintégrer dans la plénitude de ses fonctions sacerdotales.
Romolo Murri (Monte San Pietrange-li, prov. d’Ascoli Piceno, 1870 - Rome 1944). Né dans les Marches, traditionnellement attachées à la papauté, Romolo Murri devait se trouver, après ses études sacerdotales, profondément marqué par deux influences intellectuelles contradictoires, celle du pur thomisme, que professait alors à Rome le théologien Louis Billot, et celle du philosophe marxiste Antonio Labriola.
Ordonné prêtre en 1893, alors que Léon XIII rendait un nouveau lustre à la philosophia perennis de saint Thomas et que le socialisme enregistrait en Italie ses premiers succès, Murri ressentira toujours une douloureuse impuissance à concilier en lui le conflit latent de deux idéals opposés. Dès le mois de décembre 1894, il fonde à Rome un Cercle universitaire catholique et, l’année suivante, une revue, Vita nuova, qui deviendra l’organe de liaison de ces cercles rassemblés en fédération. Mais celle-ci doit obligatoirement s’insérer en 1896 dans l’OEuvre des congrès (Opera dei congressi), la vieille organisation « intransigeante »
des fidèles du pape-roi, rebelle à tout apostolat social et surtout à l’autonomie politique qu’ambitionne l’ardente jeunesse, groupée autour de Murri. De congrès en congrès, la rivalité devient de plus en plus âpre entre Giovanni Battista Paganuzzi (1841-1923), pré-
sident d’une oeuvre sans rayonnement, et l’aile marchante des jeunes démocrates-chrétiens, qui, depuis 1898, ont un organe important, la Cultura sociale. Léon XIII, dans l’encyclique Graves de communi re (18 janv. 1901), a eu beau autoriser le terme de démocratie chrétienne, tout en lui donnant le sens restrictif d’action charitable
envers les catégories défavorisées de la société, à l’écart de toute interprétation politique, les deux camps se battent autour du vocable pour le tirer à leur interprétation personnelle.
Léon XIII s’éteint en 1903, après avoir accentué la dépendance de l’OEuvre des congrès à l’égard du Saint-Siège par une réforme de son statut, qui fournira à son successeur Pie X toutes facilités pour la dissoudre (1904). Murri n’est plus qu’un vaincu. Il donne à son activité une autre orientation. Alors que se déclenche en Italie, comme ailleurs, l’exégèse moderniste, il adhère à celle-ci. En août 1902, il prononce à Saint-Marin, « terre républicaine », un discours qui accentue la défiance des autorités religieuses à son égard. Mais, en fait, son « MODERNISME* » est de portée purement politique. En 1906, la transformation de sa revue Cultura sociale en Rivista di cultura a beau accueillir des articles d’Alfred Loisy, de George Tyrrell, d’Ernesto Buonaiuti, avec lesquels il a pris un contact personnel, Murri ne se mettra jamais à leur unisson. Les modernistes authentiques, même les plus modérés, ne le considéreront jamais tout à fait comme un des leurs, mais ils s’indigneront de sa suspension a divinis en 1907. Ils lui conseillent vainement alors de se faire oublier, mais son tempérament de lut-teur l’en empêche. Après de pénibles débats avec son archevêque et son refus de faire amende honorable de fautes qu’il n’estime pas avoir commises, il est excommunié en mars 1909 lorsqu’il est élu député radical dans une circonscription des Marches. Six de ses oeuvres sont, trois mois plus tard, mises à l’Index. Après la Première Guerre mondiale, Murri, marié, vit dans la retraite, sans aigreur devant le succès du parti populaire dont il a trop rêvé. Il mourra pacifié, entouré de nombreuses amitiés, dont celle de Pie XII, son ancien condisciple.
Marc Sangnier (Paris 1873 - id. 1950).
Petit-fils du célèbre avocat Charles Lachaud, il fait ses études au collège Stanislas ; premier prix de philosophie au concours général, il prépare le concours d’entrée à l’École polytechnique. Il lance alors les conférences dites « de la crypte », qui seront à l’origine du Sillon, dont l’histoire se
confond avec celle de son fondateur.
Entré à Polytechnique (novembre
1895), Sangnier reste fidèle à son idéal social et libéral, se faisant traiter de dreyfusard parce que lié à des juifs.