Le traitement de ces accidents de la dentition va, selon leur gravité, des soins locaux jusqu’aux interventions chirurgicales avec ablation de la dent de sagesse.
Les caries dentaires
Ce sont des altérations spéciales de la dent, caractérisées par leur progression de la périphérie au centre sous l’influence agressive du milieu buccal
chimique et microbien. La gravité de la carie est proportionnelle à son extension à travers les tissus de la dent ; la carie peut entraîner une destruction plus ou moins rapide de l’organe.
La carie de l’émail est révélée par l’examen à la sonde et se caractérise par une rugosité dépourvue de sensibilité ; elle a un aspect brunâtre au niveau des anfractuosités et un aspect blanchâtre au niveau des surfaces lisses.
Lorsque la lésion carieuse devient plus profonde et atteint la dentine de la dent, celle-ci devient sensible aux variations thermiques, à la chaleur et plus encore au froid, aux aliments sucrés.
Le traitement doit être à la fois pré-
ventif et curatif. La prévention des caries dentaires est réalisée par une hygiène bucco-dentaire rigoureuse (brossages au moins biquotidiens), l’administration de fluor, le dépistage systématique à partir de l’âge de trois ans par des examens tous les six mois.
Le traitement curatif local, lorsqu’il est précoce et bien exécuté, assure dans la plupart des cas la guérison.
Toute la dentine malade est excisée, d’abord à la fraise, puis ensuite à l’aide d’instruments en forme de curettes allongées appelées excavateurs. Puis le praticien effectue une taille de la cavité selon des règles précises, afin d’assurer une extension prophylactique contre la reprise éventuelle du processus carieux et la stabilité de l’obturation. La pré-
paration est alors lavée et désinfectée avec des solutions antiseptiques non cytotoxiques. La reconstitution des tissus manquants, émail et dentine, termine l’acte opératoire. Elle peut être effectuée selon le cas à l’aide d’amalgame d’argent, de ciments translucides ou de silicates comprenant un mélange de silice et d’alumine, de produits composites contenant des fibres de quartz, d’incrustations d’or platiné, ou inlays, de céramiques, etc.
Complications dentaires et dento-
maxillaires des caries
Non traitée, la carie continue son travail de destruction et devient carie pénétrante ; elle commence alors
l’attaque de la pulpe, qui est suivie
de phénomènes inflammatoires et infectieux : les pulpites. À ce stade, le caractère des douleurs se modifie.
Les douleurs uniquement provoquées de la carie dentaire se transforment en douleurs spontanées irradiées, intermittentes, déclenchées et accrues par les variations thermiques et la position couchée. À cette pulpite séreuse, congestive, hyperhémique, fait suite une pulpite suppurée, ou pulpite aiguë, purulente. Les douleurs pulsatiles sont surtout nocturnes, et les irradiations sont très fortes ; il existe un certain degré d’arthrite caractérisé par une douleur à la percussion axiale de la dent atteinte.
La nécrose totale de la pulpe est l’aboutissement des formes précé-
dentes ; aseptique, elle est occasionnée par un traumatisme qui entraîne la section du pédicule vasculo-nerveux ; septique, c’est la gangrène pulpaire avec association de microbes aérobies et anaérobies, donnant une odeur caractéristique, fétide et ammoniacale. Le foyer infectieux dentaire passe ensuite à l’apex, ou extrémité de la racine, et s’étend à son pourtour, ou région périapicale, pour occasionner des phé-
nomènes infectieux aigus (monoarthrite infectieuse, collections suppurées, ostéophlegmons) ou chroniques : granulomes (manifestations tumorales bé-
nignes du tissu conjonctif et épithélial de la région périapicale) ou kystes. Ces kystes évoluent assez lentement, sans symptômes douloureux tant qu’ils ne s’infectent pas ; ils se développent en résorbant le tissu osseux du maxillaire et peuvent atteindre un volume considérable, analogue à celui d’un oeuf de poule.
Le traitement des pulpites consiste le plus souvent en une ablation de la downloadModeText.vue.download 562 sur 587
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6
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pulpe, ou pulpectomie, suivie d’une dé-
sinfection très soigneuse de la chambre pulpaire et des canaux radiculaires.
Après la trépanation de la chambre pulpaire, la pulpe est retirée avec des
excavateurs. L’ablation des filets radiculaires est ensuite pratiquée à l’aide de sondes barbelées appelées improprement tire-nerfs. Les canaux à l’inté-
rieur des racines sont alésés et décapés au moyen d’instruments spiralés à pas long, les broches, puis avec des instruments spirales à pas court, les limes.
Les broches sont utilisées avant
les limes en les faisant tourner d’un quart de tour avec un mouvement de va-et-vient pour découvrir et dilater les canaux. Les limes terminent l’alé-
sage mécanique ; elles sont employées surtout avec un mouvement de va-et-vient, sans tourner.
La désinfection des canaux est assurée par des sondes lisses et fines appelées sondes équarrissoires. Ces sondes sont enrobées de coton et imprégnées de solutions antiseptiques.
Le traitement des canaux est ter-
miné par l’obturation, en longueur et en largeur, de ceux-ci par une pâte antiseptique à l’aide d’un bourre-pâte dit « lentulo ». Cet instrument se compose d’un fil métallique spirale à gauche, qui transporte la pâte obtura-trice de l’orifice du canal jusqu’à son extrémité, par rotation. Pénétration, désinfection, obturation sont les trois actes indispensables à une bonne pulpectomie. Toutefois, l’odonto-stomatologie moderne tend, lorsque la pulpe n’est pas trop atteinte, à la conserver à l’aide du coiffage pulpaire (recouvrement de la partie atteinte de la pulpe par des produits qui permettent sa cicatrisation). Les complications aiguës et chroniques de la région du pourtour de l’apex nécessitent parfois un traitement chirurgical : incision et curetage des ostéophlegmons, ablation des kystes, suivie d’une résection de l’apex. Ces interventions chirurgicales se pratiquent le plus souvent sous le couvert d’une antibiothérapie sélective.
Dystrophies dentaires et
paradontoses
Il existe d’autres troubles ou maladies non consécutifs à la carie dentaire, parmi lesquels on doit surtout retenir les dystrophies et les parodontoses.
Les dystrophies dentaires. Ce sont
des modifications de dimension, de forme ou de structure de la dent occasionnées par un trouble de la nutrition localisé à un organe ou à un système qui atteint la calcification de son germe.
— La polygénésie folliculaire entraîne l’apparition de dents supplémentaires.
L’agénésie folliculaire a pour consé-
quence l’anodontie (pas de dents) ou l’oligodontie (absence de certaines dents). Les troubles du follicule dentaire peuvent donner des malformations hyperplasiques générales (gigantisme), des manifestations hypo-plasiques (nanisme), des malformations complexes (dent en tournevis d’Hutchinson), des malpositions et des malocclusions.
— Les dystrophies congénitales, ou dysplasies, se manifestent par des érosions linéaires ou cunéiformes situées en général sur la couronne ou les cuspides ; les dysplasies cervicales (du collet) sont plus rares.
— Les dystrophies actives occa-
sionnent la destruction plus ou moins lente de la dent. Elles peuvent se grouper en :
1o mélanodontie (les dents de lait deviennent noirâtres et s’effritent progressivement, sans douleur. Il n’y a pas d’atteinte de la denture permanente) ; 2o dysplasie de Capdepont (assez rare, elle frappe les incisives supérieures [de lait ou permanentes] et se traduit par une fonte irrémédiable de ces dents) ; 3o dentine opalescente héréditaire ; 4o hypoplasie brune héréditaire ; 5o lacunes cunéiformes, qui n’atteignent pas les dents de lait, mais la denture permanente vers la quarantaine ;