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rieure. Il est certain que les conditions de la vie socio-économique moderne favorisent l’éclosion de dépressions réactionnelles.

En réalité, on observe de nombreuses dépressions névrotiques déclenchées par un événement mineur, un choc

affectif peu important : ce sont les véritables dépressions névrotiques au sens strict, celles qui s’expliquent en fait par une fragilité anormale de la personnalité antérieure. Elles atteignent des sujets à l’équilibre intérieur perturbé, instable ou précaire, qui, à l’occasion d’une petite déception, d’une petite contrariété, développent un état dépressif.

Dans ces cas, la dépression est favorisée par des causes psychologiques internes en rapport avec une mauvaise organisation de la personnalité.

Il s’agit de patients névrosés anté-

rieurement depuis l’enfance, émotifs, anxieux, « nerveux », hypersensibles, peu résistants, mal adaptés aux difficultés de l’existence. La psychanalyse* a bien montré que ces conflits, ces complexes sont en rapport avec la petite enfance, les relations avec les parents, les circonstances de l’éle-

vage et de l’éducation. On distingue ainsi des personnalités hystériques, phobiques, obsessionnelles ou psy-chasthéniques. Ce sont les caractères downloadModeText.vue.download 565 sur 587

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6

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névrotiques les plus répandus qu’il est donné d’observer. Il en existe en fait de multiples autres variétés qu’on ne peut décrire ici. Ce qui importe, c’est que ces personnalités névrotiques, à l’occasion d’une frustration minime, d’un petit échec ou d’un conflit banal, vont se décompenser. Le terme de compensation a une énorme importance pour comprendre l’état dépressif qui en résulte. Pendant des années, tant bien que mal, ces sujets arrivent à surmonter, à compenser leurs difficultés psychologiques. Ils parviennent à s’insérer socialement au prix d’efforts démesurés. Puis, un jour, leur fragile équilibre intérieur s’écroule ; leur personnalité se décompense sur le mode d’un état dépressif. Ces dépressions névrotiques sont souvent très anxieuses avec une asthénie importante, une note particulière d’irritabilité, d’agressivité et une grande variabilité d’un jour à l’autre.

Les malades sont tantôt très mal, tantôt mieux sans raisons apparentes ; cette variabilité est très caractéristique des dépressions névrotiques. Soulignons aussi la fréquence des troubles psychosomatiques qui, souvent, inaugurent ces dépressions. Il appartient au médecin de découvrir derrière des céphalées, des lombalgies, des nausées, des palpitations, des troubles digestifs, etc., la dépression qui se camoufle.

On entend encore par dépressions

névrotiques les dépressions qui surviennent au cours de l’évolution des grandes névroses classiques : hysté-

riques, phobiques et obsessionnelles.

Les dépressions organiques

Ce sont des états dépressifs qui ont des étiologies multiples : celles-ci méritent d’être connues, car la cause qui les a provoqués est parfois accessible à la thérapeutique.

Citons d’abord les dépressions symptomatiques de lésions cérébrales grossières : paralysie générale ou mé-

ningo-encéphalite syphilitique, artériosclérose cérébrale, atrophies cérébrales diverses (alcooliques ou dégénératives), certaines tumeurs cérébrales qui prennent le masque d’une dépression banale.

Signalons aussi les états dépressifs secondaires à un traumatisme crânien.

Ces états sont très fréquents, mais dans leur genèse s’imbriquent étroitement des facteurs organiques cérébraux et des éléments psychologiques complexes. Toutes les maladies graves peuvent donner lieu à une dépression : maladies infectieuses, cancer, leucé-

mie, interventions chirurgicales. Dans ces cas, le terrain joue un rôle. Il s’agit de sujets fragiles nerveusement, qui se décompensent du fait de leur maladie organique. Toutes les intoxications sont aussi responsables d’états dépressifs. L’alcoolisme d’abord, mais aussi l’intoxication par l’oxyde de carbone, par les drogues hallucinogènes ou les stupéfiants. Certains médicaments aussi entraînent des états dépressifs : les hypotenseurs dérivés de la réser-pine, les neuroleptiques majeurs, les barbituriques et les amphétamines (en cas de toxicomanie), les antibiotiques antituberculeux, les dérivés de la cortisone, etc. Citons également les dépressions symptomatiques de désordres endocriniens ou glandulaires, de troubles métaboliques divers, les dépressions de la grossesse ou de l’accouchement, dans lesquelles les facteurs psychogènes et endocriniens s’imbriquent étroitement.

Les dépressions d’involution

Ce sont des syndromes dépressifs très fréquents rencontrés chez des personnes âgées de cinquante à soixante ans au plus, en majorité de sexe féminin. Ces dépressions surviennent sans antécédents personnels psychiatriques ni familiaux et sans causes psychologiques apparentes. Elles se caracté-

risent par des plaintes hypocondriaques importantes, une anxiété intense, des comportements hystéroïdes, une baisse nette de l’efficience intellectuelle.

Souvent le médecin redoute la surve-

nue d’une atrophie cérébrale et d’une démence sénile, tant l’intelligence est inhibée. En fait, les dépressions d’involution peuvent durer des mois et des années, mais la guérison survient dans la plupart des cas avec restitution complète des fonctions intellectuelles.

Certains cas, toutefois, évoluent vers la démence, mais c’est l’éventualité la plus rare. Il semble que ces dépressions d’involution soient en rapport avec des causes physiologiques (période critique du point de vue endocrinien), des causes psychologiques (départ des enfants, idées fausses sur la ménopause et l’évolution de la sexualité, mise à la retraite, problèmes psychologiques du vieillissement qui s’annonce, etc.) et des causes pathologiques, notamment l’artériosclérose.

Les causes

des dépressions

Dans toute dépression s’imbriquent des facteurs génétiques, biologiques ou biochimiques encore mal précisés et des facteurs psychologiques. La psychanalyse permet de comprendre les mécanismes psychologiques des dépressions réactionnelles et des dépressions névrotiques.

Ce sont des dépressions psychogènes névrotiques qui constituent le terrain privilégié des investigations psychodynamiques. Il y a chez tout déprimé une perte d’amour et une chute de la propre estime de soi. En même temps, on observe souvent une agressivité inconsciente tournée contre le sujet lui-même. On peut même dire qu’il existe chez le déprimé une mise en minorité des pulsions d’amour au profit des pulsions agressives autodestructrices.

Le déprimé est un être déçu dans ses besoins d’amour passif.

Comme facteurs prédisposants à la dépression, il faut noter l’hypersensibilité aux frustrations (toute blessure d’amour-propre entraîne alors une perte de l’estime de soi), des besoins massifs d’amour (le névrosé a sans cesse besoin de preuves d’amour ; ses désirs ne sont jamais satisfaits totalement et celui qu’il aime est l’objet d’un amour possessif et exclusif), des besoins affectifs archaïques infantiles qui s’expliquent par des expériences affectives douloureuses ou insatisfaisantes pendant

l’enfance.

Retenons surtout l’importance du sentiment de perte d’amour dans la dépression, sentiment qui renvoie à une perturbation précoce de la « relation d’objet » pendant l’enfance.

Néanmoins, dans tout état dépressif, on se heurte toujours, peu ou prou, au mur du biologique bien souligné par Freud lui-même. Malheureusement, les perturbations biochimiques cérébrales qui sous-tendent la dépression demeurent inconnues. L’action si spectaculaire des antidépresseurs dans la majorité des états dé-