pressifs, donc de la chimiothérapie, reste mystérieuse. Les hypothèses ne manquent pas dans ce domaine, mais aucune n’emporte encore la conviction dans l’état des connaissances actuelles.
Le traitement
des dépressions
Les thérapeutiques des états dépressifs comprennent essentiellement les chimiothérapies et les méthodes de choc. Il faut y ajouter un abord psychothérapique dont il convient de ne pas négliger l’importance. Tout déprimé doit être d’abord rassuré, pris en charge fermement par le médecin dans un climat de confiance et de compréhension.
La bonne relation médecin-malade ne doit jamais perdre ses droits. Enfin, l’entourage du déprimé a un rôle essentiel à jouer.
Le choix du traitement et de ses
modalités dépend de la variété de dépression.
Dans les dépressions organiques, la suppression de la cause est l’élément essentiel, mais elle ne suffit pas toujours à obtenir la guérison du malade.
Le problème est ici de faire un bilan neurosomatique complet, en milieu hospitalier de préférence, afin d’établir d’abord un diagnostic correct.
Parmi les dépressions psychotiques, la schizophrénie mérite un traitement spécial avec hospitalisation, isolement, utilisations des neuroleptiques essentiellement et, éventuellement, secondairement, des antidépresseurs. Les délires chroniques sont toujours justi-
ciables d’une hospitalisation avec traitement neuroleptique intensif. La mé-
lancolie comporte un danger majeur de suicide ; d’où la nécessité d’admettre le malade en milieu hospitalier pour une thérapeutique correcte. On a le choix pour l’accès mélancolique entre les électrochocs, qui sont remarquablement efficaces, et les médicaments antidépresseurs. Parmi ces derniers, les plus utilisés sont l’imipramine, la clomipramine, l’amitriptyline ou bien, moins souvent, les inhibiteurs de la monoamine-oxydase. On associe à ces drogues des tranquillisants, des neuroleptiques doux, des somnifères. La guérison complète est obtenue dans la plupart des cas en quelques semaines ou parfois en quelques mois. Le grand danger est en fait la récidive de l’accès, qui est imprévisible. Certains malades n’ont qu’une dépression mélancolique au cours de leur existence. D’autres présentent au contraire de nombreux accès, parfois aussi des états d’excitation de type maniaque. Mais, en dehors des accès, les malades mènent une vie normale. Au cours de la dépression mélancolique, le patient n’est pas conscient de son trouble. Ce n’est qu’après la guérison que le sujet critique ses idées dépressives et retrouve toute sa lucidité en même temps qu’une humeur normale.
Dans les dépressions névrotiques, qu’elles soient réactionnelles ou névrotiques pures, tout dépend de l’intensité de l’état dépressif et du risque suici-daire. La qualité de l’entourage est ici fondamentale ; on pourra ne pas hospitaliser un malade déprimé de manière modérée avec un entourage vigilant, solide et compréhensif. En revanche, une dépression névrotique sévère, très anxieuse notamment, peut nécessiter, surtout si l’entourage est défaillant, une mise en observation de quelques jours ou de quelques semaines.
Le traitement proprement dit fait d’abord appel aux médicaments antidépresseurs, dont le choix dépend du médecin, du terrain et de la nature des symptômes. On associe là encore ces médicaments à des tranquillisants, qui downloadModeText.vue.download 566 sur 587
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6
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neutralisent l’angoisse, et à des somnifères. La thérapeutique doit toujours être très prolongée. Il est fréquent que les malades soient traités pendant des mois et, pour certains d’entre eux, pendant des années. Au début du traitement, les médicaments entraînent des effets secondaires désagréables fréquents, que les malades doivent surmonter avec l’aide du médecin. L’action n’apparaît nettement qu’au bout de quinze à vingt jours en moyenne. Il faut donc s’armer de patience et attendre l’heure des effets bénéfiques au prix de quelques sensations désagréables au début, vite oubliées du reste (sécheresse de la bouche, vertiges, malaises légers, etc.). Les effets gênants ne sont d’ailleurs pas obligatoires.
Mais les médicaments, pour spec-
taculaires qu’ils soient dans leur efficacité, ne doivent pas faire oublier les bienfaits d’une psychothérapie. Il peut s’agir d’une psychothérapie de soutien ou d’une psychothérapie plus profonde, de type psychanalytique.
Cette dernière sera mise en oeuvre chez certains malades seulement après amélioration de l’état dépressif par les antidépresseurs. Elle permet au patient de résoudre progressivement ses problèmes affectifs inconscients et conscients. Dans les dépressions réactionnelles, le médecin tentera de résoudre le conflit générateur ou de conseiller des solutions existentielles.
Les dépressions de surmenage, notamment, exigent une réorganisation de la vie du patient. Des mesures d’éloignement du milieu habituel seront parfois indispensables pour que le patient prenne une certaine distance avec ses problèmes extérieurs quotidiens. La solution d’une maison de repos est parfois utile. Bref, des mesures d’hygiène mentale, des entretiens avec la famille sont souvent nécessaires.
Dans le cas d’une névrose carac-
térisée, il faut, après la cure de l’état dépressif, conseiller une psychanalyse si celle-ci est possible.
En résumé, chimiothérapie et psy-
chothérapie (quelle que soit sa forme) sont associées dans la cure des états
dépressifs névrotiques.
Dans l’ensemble, le pronostic des états dépressifs est souvent bon depuis l’introduction des médicaments antidé-
presseurs. La longueur du traitement, dans certaines dépressions névrotiques, ne doit pas inquiéter. C’est l’existence d’une personnalité fragile et névro-pathique qui explique la nécessité de poursuivre longtemps la surveillance médicale et le traitement d’entretien.
G. R.
M. Montassut, la Dépression constitutionnelle (Masson, 1938). / J. E. Ruffier, Dépressions et fatigues nerveuses (Bornemann, 1959). /
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/ G. Delpierre, la Dépression nerveuse (Éd. du Centurion, 1966). / C. Kohler, les États dépressifs chez l’enfant (Dessart, Bruxelles, 1970).
De Quincey
(Thomas)
Écrivain anglais (Manchester 1785 -
Édimbourg 1859).
Sa vie, certes, n’a pas manqué
d’épisodes romanesques : fugue de l’adolescent en rupture de collège,
« vagabondages » au pays de Galles, jusqu’aux errances faméliques dans les rues de la capitale et aux relations ambiguës d’Oxford Street — « tes lèvres, Ann, qui pour moi ne portent aucune souillure ». Et dès 1804, le recours à la drogue, « Ô juste, subtil et puissant opium ! ». Pourtant, aux amours provocantes chères à un Byron, De Quincey substitue le culte de la constante tendresse de Margaret Simpson, qu’il a épousée en 1817. Ici, le désir de briller fait place à une curiosité universelle.
Le goût de la réflexion l’emporte sur la passion. L’égocentrisme tapageur s’efface devant une introspection minutieuse. « J’ai passé, a-t-il écrit, plus de ma vie dans une solitude absolue et sans mélange, volontairement et pour des buts intellectuels, qu’aucune autre personne de mon âge. » Ce n’est donc qu’assez tard — il a largement dépassé
la trentaine — et poussé par d’impé-
rieuses nécessités qu’il se lance dans les lettres. L’inappréciable trésor d’ex-périences vécues, de connaissances acquises, ce monde intérieur lentement construit, il va maintenant les projeter dans des oeuvres où passent tous les fantômes de l’enfance, « l’ombre se-crète de la mort » et les rêves du lauda-num qui, malheureusement aussi, s’oppose chez lui à l’effort soutenu de la création des longues oeuvres littéraires.