rique. Dans son livre Destin de la paix (1969), Jules Moch peut remarquer
« qu’à la fin de cette période d’initiatives partant du sommet sans participation des peuples, les principales idées aujourd’hui en discussion ont déjà fait leur apparition ».
Du XIXe s. à la Seconde
Guerre mondiale
Princes, hommes d’État, congrès et conférences multiplient dès lors les initiatives. À partir de 1847 ont lieu des congrès pacifistes internationaux et, en 1863, un Genevois, Henri Dunant (1828-1910), fonde la Croix-Rouge*, tandis que Napoléon III lance un appel au désarmement. Une conférence
réunie à Genève en 1864 rédige une convention assurant les soins à tous les blessés et créant un statut de non-combattant au personnel sanitaire.
Réunie en 1899 à l’initiative du
tsar Nicolas II, la conférence de La Haye suggère la réduction des armées, interdit les bombes aériennes, les gaz toxiques et les balles dum-dum. Elle proclame l’arbitrage obligatoire et crée une Cour permanente installée à La Haye en 1901. Réunie de nouveau en 1907, à l’instigation du président Théodore Roosevelt, cette conférence définit les droits et devoirs des pays neutres et rend obligatoire la déclaration de guerre avant l’ouverture des hostilités.
Les traités d’arbitrage se multiplient : en 1909 on en recense 314, dont 194
sont encore en vigueur en 1972. Enfin, le dernier des 14 points du président Wilson (janvier 1918) prévoit, avant la fin de la Première Guerre mondiale, la création d’une Société des Nations (S. D. N.), et le désarmement que les Alliés imposeront à l’Allemagne est conçu comme une étape vers celui de tous les peuples. (Ainsi, en 1922, le traité de Washington limite par unité et catégorie les tonnages des navires de guerre.)
En 1924, le protocole de Genève
adopté par la S. D. N. rend l’arbitrage obligatoire sous peine de sanctions économiques, financières ou militaires ; un autre protocole interdit en 1925 l’emploi des armes chimiques et biologiques et une Cour permanente de justice internationale est créée à La Haye à côté de la Cour permanente d’arbitrage. Au moment où, à Locarno (1925), sont garanties les frontières occidentales de l’Allemagne, apparaît ainsi la trilogie arbitrage-sécurité-désarmement. En 1928, Briand*
et Kellog rédigent « un acte général pour le règlement pacifique des diffé-
rends internationaux », et une confé-
rence générale du désarmement groupant 61 nations se réunit à Genève en 1932. Tous ces efforts seront pourtant réduits à néant par l’attitude brutale de l’Allemagne, qui (comme le Japon) quittera la S. D. N. et entamera en 1935
la série des coups de force qui aboutira à la Seconde Guerre mondiale.
Cette période soulignera l’impuissance
de la S. D. N., aussi bien quand elle tentera d’empêcher les interventions étrangères dans la guerre d’Espagne (1936-1939) que quand elle exclura l’U. R. S. S., en décembre 1939, en réponse à l’agression soviétique contre la Finlande.
Le désarmement
à l’ère nucléaire
Succédant à la S. D. N., l’Organisation* des Nations unies (O. N. U.) est créée en 1945 à San Francisco. L’article 26 de sa charte traite de la limitation et du contrôle des armements, mais le Conseil de sécurité s’en dessaisit au profit d’une Commission de l’énergie atomique (1946) et d’une Commission des armements conventionnels (1947).
En 1952, une Commission unique du désarmement rassemblera les onze
pays membres du Conseil de sécurité et le Canada. En 1954 s’y ajoutera un sous-comité limité à la Grande-Bretagne, à l’U. R. S. S., aux États-Unis, au Canada et à la France. En fait, les discussions sur le désarmement suivirent étroitement l’évolution des rapports américano-soviétiques. Des plans plus ou moins détaillés sont proposés à l’Est comme à l’Ouest ; ils échoueront tous sur le problème du contrôle ou sur celui de l’ordre à observer dans les phases du désarmement. On citera notamment le projet de pool atomique dû au pré-
sident Eisenhower (1953), qui aboutira partiellement sous la forme d’une agence internationale pour l’énergie atomique créée à Vienne en 1957, et le plan polonais Rapacki de dénucléarisation de l’Europe centrale (1957). En 1955, la France avait proposé de verser les économies réalisées sur le budget militaire à un fonds d’aide aux pays en voie de développement. Au moment de l’échec des conférences du désarmement réunies par l’O. N. U. à Lancaster House (1954-1956), les quatre grands, d’accord sur le principe du désarmement, doivent avouer leur impuissance à « parvenir à une entente sur des mé-
thodes et des garanties efficaces pour l’atteindre ». Malgré l’adjonction, en 1961. de huit membres « non engagés », la conférence de Genève s’enli-sera dans d’interminables discussions : la France la quittera en 1962.
Après cette série d’insuccès, la peur que fera naître dans le monde la crise de Cuba (1961-62) favorisera sans doute les tentatives encore discrètes de tête-à-tête soviéto-américain. C’est dans cette ambiance qu’interviendra, le 5 août 1963, la signature du traité de Moscou, par lequel les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’U. R. S. S.
(mais non la France) s’interdisent les essais nucléaires aériens ou maritimes.
Le 24 août 1967, les États-Unis et l’U. R. S. S. déposent un projet de traité de non-prolifération destiné à interdire la fabrication d’armes nucléaires par les puissances qui n’en disposent pas downloadModeText.vue.download 574 sur 587
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6
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encore et qui, moyennant cet engagement, reçoivent des garanties de la part des puissances nucléaires. Ce traité, refusé par la France et la Chine populaire, a été signé le 1er juillet 1968 et est entré en vigueur après sa ratification par 50 États en 1970. Pour souligner sa concordance avec les préoccupations de l’Église (encyclique de Jean XXIII Pacem in terris, 1963) et la recherche d’un désarmement général, le pape Paul VI s’y associe (25 févr. 1971).
Des accords plus limités que les
précédents ont été adoptés. Le 1er dé-
cembre 1959, les États intéressés signent à Washington un traité démi-litarisant le continent antarctique au sud du 60e parallèle. En 1964, les chefs d’État de l’Organisation de l’unité africaine s’engagent à ne pas fabriquer ni recevoir d’armes nucléaires. En 1967, c’est le tour de 21 États d’Amérique latine (sauf Cuba) qui, par le traité de Tlatelolco, adoptent la même attitude.
La même année est signé un traité pour l’utilisation pacifique de l’espace et, en 1971, un autre sur la dénucléarisation des fonds marins au-delà d’une zone uniforme de 12 milles des côtes.
Mais l’aspect le plus important de cette politique réside, depuis 1969, dans les contacts directs entrepris par les États-Unis et l’U. R. S. S. à Helsinki. Connus sous le nom de « négociations SALT »
(Strategic Arms Limitation Talks), ces contacts, amplifiés par l’ouverture, en
1973, à Helsinki et à Vienne, de confé-
rences sur la « sécurité européenne »
et sur la « réduction mutuelle et équilibrée des forces en Europe », se sont poursuivis de 1970 à 1975. Dans ce cadre, Nixon et Brejnev signaient à Moscou, les 26 mai 1972 et 3 juillet 1974, des accords limitant leur défense antimissile, le nombre de leurs missiles stratégiques et, à partir du 31 mars 1976, la puissance des explosions nu-cléaires souterraines (150 kt). Enfin, le 1er août 1975, à Helsinki, tous les États de l’Europe (sauf l’Albanie), les États-Unis et le Canada signaient l’acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe.