Le climat désertique
Les précipitations des régions désertiques, que l’on sait rares et irrégu-lières, obéissent néanmoins à des rythmes saisonniers généralement
décelables. Il en est de même des températures, et par conséquent de l’évaporation. Ce sont les rythmes saisonniers des précipitations, autant que la valeur de celles-ci, qui interviennent dans la composition des peuplements.
Nous savons, en effet, que la flore et la faune ont des rythmes d’apparition ou de reproduction souvent bien nets et que ceux-ci sont en étroit rapport avec la période la plus favorable de l’année.
La végétation et la faune obéissent donc soit à un rythme tempéré (froid ou chaud), soit à un rythme subtropical ou tropical, ou bien encore à des variantes induites par le relief, la continentalité, la proximité des océans... Cet aspect du climat est déterminant pour ce qui est des différents aspects de l’aridité et il y a lieu de lui attacher de l’importance puisque la définition du désert repose sur des critères à la fois physiques et biologiques.
Il est maintenant bien établi que la surface de certains sols désertiques, celle des sables notamment, peut atteindre au moment de l’heure la plus chaude des températures voisines de 70 °C. Mais les températures excessives de la surface ne pénètrent que très atténuées dans la profondeur. L’onde thermique qui prend ainsi naissance en surface, très affaiblie dès les premiers centimètres, ne se propage guère pour une saison donnée au-delà d’une cinquantaine de centimètres.
Les cours d’eau et les sols des déserts
Dans les déserts, la décomposition des roches aboutit généralement à la formation des sols squelettiques, guère favorables au développement de la végétation et encore moins à celui des cultures. Des sols cultivables ne se trouvent guère que dans les oasis ou sur le cours des oueds importants. Les sables des grands massifs dunaires sont parfois cultivés en bordure des palmeraies. Les dépressions plus ou moins étendues qui existent à la surface des plateaux rocheux sont en partie comblées par des sols assez fertiles où se développe une riche végétation. Ces sols sont parfois mis en culture. D’une façon générale, malgré une action bactérienne intense et une microfaune active, les sols désertiques sont très pauvres en humus.
Les eaux de ruissellement, qui
jouent un si grand rôle dans la fertilisation des sols désertiques, acquièrent souvent au cours de leur cheminement en surface ou dans la profondeur une certaine salinité. Il en résulte des accumulations parfois importantes de sels de différentes natures. De vastes étendues de terres qui pourraient être utilisées soit comme pâturages, soit comme terres cultivables sont ainsi rendues totalement stériles. Quelques plantes halophiles ont seules la possibilité de se développer.
La végétation
Les plantes des régions désertiques ont essentiellement à lutter contre la sécheresse et les températures élevées. Les végétaux qui survivent doivent aussi accepter des sols pauvres en humus et où, par ailleurs, la concentration en sels est importante (chlorures, sulfates...).
Cette végétation dépend encore étroitement du modelé désertique : plateaux rocheux, montagnes de haute ou moyenne altitude, étendues sableuses ou argileuses, vallées encaissées ou simples ravinements. Les espèces se répartissent ensuite selon les propriétés chimiques des sols (salés ou non salés, par exemple) et suivant les influences climatiques (tempérées, tropicales, océaniques). Il y a lieu de séparer, en
outre, les espèces propres au désert de celles des faciès voisins, steppes ou savanes appauvries, dont l’aire de distribution s’étend souvent dans les déserts à la faveur des fluctuations périodiques du climat. On se trouvera ainsi conduit à entrevoir dans la flore des régions désertiques des espèces xérophiles au sens large et d’autres plus strictement érémicoles.
On distingue parmi ces érémicoles : 1o des éphémères, qui accomplissent leur cycle végétatif en un temps très court correspondant à la durée d’évaporation de l’eau de pluie imprégnant le sol ; 2o des plurisaisonnières, à floraison unique, mais dont le développement s’étend sur plusieurs années suivant la quantité d’eau reçue ; 3o des annuelles, plantes souterraines dont la partie aérienne peut disparaître entièrement pendant la saison sèche mais qui maintiennent dans le sol des organes de réserve leur permettant de rever-dir dès les premières pluies ; 4o des vivaces, plantes basses essentiellement liées à l’eau qui s’accumule dans la profondeur. Ces dernières, ainsi que les phréatophytes, qui plongent leurs racines dans la nappe profonde (des es-pèces ligneuses principalement), sont indépendantes du régime et du rythme des précipitations.
Cette végétation présente dans certains cas des particularités biologiques extrêmement intéressantes. Les succulentes ont la possibilité d’emmagasiner dans des cellules de grande taille réparties dans les différentes parties de la plante de grandes quantités d’eau.
Elles sont également caractérisées par la réduction extrême des surfaces d’évaporation, une cuticule épaisse et des stomates clairsemés ou, tout au contraire, denses, mais alors de petites dimensions. Les non-succulentes ré-
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6
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sistent également aux conditions éco-climatiques sévères du désert grâce à des particularités telles qu’un extraordinaire développement en surface des racines, le développement de certains
organes végétatifs aériens, la perte des feuilles en saison chaude. D’une façon générale, chez ces xérophytes, la réduction des surfaces d’évaporation aboutit à la formation de structures épineuses ou sans feuilles. Les halophytes acceptent des sols dont la salinité est parfois très élevée (NaCl, CaCl2, SO4Na2, MgCl2). Ce type de végétation est très répandu dans tous les dé-
serts. Les gypsophytes, plus rares que les précédentes, méritent aussi d’être mentionnées en raison du taux élevé de SO4Ca qu’elles peuvent tolérer. Les Cactées, plantes typiques de certains déserts américains tels que celui de Sonora, présentent également de nombreuses particularités. Le Cactus géant de l’Arizona (Carnegiea gigantea), par exemple, a la possibilité de germer dans le sable sec. De nombreuses plantes des déserts font preuve d’une grande plasticité morphologique en regard des conditions de milieu. Ainsi, des formes épineuses à feuilles réduites des ré-
gions désertiques subtropicales (Zilla macroptera par exemple), cultivées expérimentalement dans les régions tempérées, sont dépourvues d’épines et présentent des feuilles normalement développées. Certains végétaux des régions désertiques vivent en parasites sur différentes plantes (Cistanchea sur Tamarix, Champignons hypogées du
genre Terfezia sur Helianthemum).
Enfin, il existe dans les sols des régions désertiques toute une microflore dont le rôle est extrêmement important dans la transformation de la matière organique du sol et la fixation de l’azote atmosphérique (Bactéries, Champignons microscopiques, Algues).
La vie animale
Les animaux du désert ont également à se défendre contre le manque d’eau et les températures excessives. Les particularités qui permettent à la faune des régions désertiques de supporter les conditions extrêmement sévères du milieu sont soit d’ordre morphologique, soit d’ordre éthologique, ou bien encore d’ordre physiologique. Parmi les particularités d’ordre morphologique, nous citerons les dispositifs qui affectent les pattes et facilitent le fouissement. Les exemples sont nombreux, aussi bien chez les Invertébrés que chez les Vertébrés. Les particu-
larités éthologiques concernent dans la plupart des cas le fouissement lui-même. Celui-ci revêt différents aspects suivant les techniques employées et les architectures qui en résultent. Chez les Insectes, on a distingué des fouisseurs au sens strict, qui se déplacent dans la masse même du sable, des mineurs, qui creusent des galeries d’un type bien défini, des excavateurs, qui creusent un refuge en forme d’entonnoir piège, comme chez les Fourmis-Lions. Certaines de ces particularités morphologiques ou éthologiques apparaissent comme étant d’origine génétique,