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des artistes méridionaux vers Paris.

Après son grand-père et son père,

peintres-verriers à Toulouse, dont l’atelier semble avoir été très fré-

quenté, c’est avec Jean De Troy (Toulouse 1638 - Montpellier 1691) que la famille atteint la notoriété. Celui-ci a fait le voyage de Rome, comme beaucoup d’artistes toulousains du temps ; au retour, il épouse une jeune fille de Montpellier et se partage désormais entre les deux capitales du Languedoc.

C’est un bon peintre provincial, solide et un peu froid dans ses grandes compositions de Montpellier (Vie de saint Pierre, à la cathédrale ; Louis XIV écrasant l’hérésie, au palais de justice), qui reflètent l’influence de Poussin* et de Carlo Maratta. Il nous touche davantage par ses portraits aristocratiques ou ecclésiastiques, d’une austérité pensive (le Juge Fontanilles, au musée des Augustins de Toulouse ; la Marquise de Castries, au musée Fabre de Montpellier) ; certains de ces portraits, comme l’admirable Cordelier du musée de

Narbonne, ne sont pas indignes d’un Champaigne*.

François (Toulouse 1645 - Paris 1730), frère cadet du précédent, prend le virage décisif. Il termine ses études à Paris avec le peintre Claude Lefebvre (1632-1675), dont il épousera la fille. Professeur à l’Académie royale en 1693, il en devient directeur en 1708. Émule de Rigaud* et de Largilière*, il sera l’un des peintres préférés de cette haute bourgeoisie parisienne alors en pleine ascension, dont il donne des images à la fois amènes et solennelles (Voeu des échevins de Paris, 1710). Il lui arrive aussi de sacrifier à la vogue du portrait mythologique (Duchesse de la Force, au musée de Rouen). Mais ses chefs-d’oeuvre sont peut-être des portraits plus vivants et familiers d’écrivains ou d’artistes : l’admirable Racine de Langres ; M. de Julienne — l’ami de Watteau, qui fut son élève — et sa femme, à Valenciennes.

François De Troy eut de nombreux disciples, dont le plus brillant fut son fils Jean-François (Paris 1679 - Rome 1752). Après un long séjour en Italie, nomade et tumultueux, celui-ci revient en France. Professeur à l’Académie en 1719, rival de François Lemoyne* au concours de 1727 et dépité de ne pas lui avoir été préféré, il n’est guère ap-précié de ses collègues, jaloux de son luxe, choqués par son caractère ombrageux et sa vie dissolue. En revanche, il sait plaire aux nouveaux milieux downloadModeText.vue.download 22 sur 591

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7

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dirigeants — notamment au financier Samuel Bernard — et conserve toujours la faveur de la Cour : en 1738, il retourne à Rome comme directeur de l’Académie de France et y restera jusqu’à sa mort.

Jean-François De Troy apparaît

comme une réplique affaiblie de Boucher*, avec le même style décoratif, facile et brillant. Assez creux dans ses compositions religieuses et historiques (Chapitre de l’ordre du Saint-Esprit, au Louvre), il traite les sujets bibliques sur un mode galant, avec une grâce voluptueuse (Toilette d’Esther, au Louvre ; Bethsabée, à Angers ; etc.).

De même, les sujets mythologiques

traditionnels lui donnent matière à des compositions à la Véronèse*, où l’influence de l’opéra-ballet est sensible (suite de l’Histoire de Jason pour les Gobelins, 1743-1748) et qui obtinrent un grand succès.

Parmi les oeuvres les plus réussies de ce grand virtuose comptent celles qu’il exécuta, en même temps que d’autres peintres en vogue — Boucher, Lancret, etc. —, pour les appartements du roi à Versailles : pour la galerie, la Chasse au lion (auj. à Amiens) dans la série des Chasses exotiques (1736) ; pour les petits appartements (1734), le Déjeuner d’huîtres (auj. à Chantilly), chef-d’oeuvre qui le classe parmi les meilleurs peintres de moeurs d’un temps qui en fut riche entre tous.

P. G.

dette publique

Ensemble des emprunts émis à des

dates différentes par l’État (ou par divers organismes publics contrôlés par lui) et non encore remboursés. Cette définition n’englobe pas la dette via-gère (pensions civiles et militaires à la charge de l’État).

De tout temps, les États ont eu recours à l’emprunt soit pour faire face à des difficultés temporaires de trésorerie dues à l’irrégularité des rentrées fiscales, soit pour financer des dépenses imprévues provoquées par des événements exceptionnels (guerre), ou bien pour réaliser rapidement des investissements économiquement rentables ou utiles à la communauté. Actuellement, le recours à l’emprunt est devenu une technique habituelle de financement des dépenses publiques. La dette, loin de s’éteindre, se renouvelle sans cesse.

Structure de

la dette publique

La dette publique comprend la dette inté-

rieure, emprunts émis sur le marché national, et la dette extérieure, emprunts émis sur les marchés étrangers. Dans la dette intérieure, on distingue la dette inscrite, appelée ainsi parce que les engagements de l’État donnent lieu à inscription sur le

« grand livre de la dette publique » (rentes perpétuelles, obligations du Trésor à long terme, emprunts de la Caisse autonome pris en charge par l’État), et la dette non inscrite, constituée par les engagements à moyen et à court terme, les dépôts des correspondants du Trésor, les bons du Trésor, les avances et prêts consentis au Trésor par la Banque de France.

Gestion de

la dette publique

Une gestion normale implique le

paiement des intérêts stipulés par l’emprunt. Ce règlement se fait soit sur présentation de coupons détachés périodiquement du titre, soit, pour certaines valeurs (bons du Trésor), en une seule fois, lors du remboursement. Le taux de l’intérêt proposé est fonction du loyer de l’argent au moment de l’émission. Si, par la suite, ce taux baisse

durablement, l’État peut en profiter pour diminuer la charge des intérêts : il opère alors une conversion, proposant aux prêteurs, soit le remboursement de leurs titres, soit le paiement d’un inté-

rêt plus faible.

La gestion de la dette implique également le remboursement des sommes empruntées : c’est l’amortissement.

Pour les rentes dites « perpétuelles », le remboursement est laissé à la discré-

tion de l’État. Pour certains emprunts, il est prévu un remboursement total à date fixe, mais ce procédé, gênant pour la Trésorerie, est peu utilisé.

Le plus souvent, l’État procède à un remboursement échelonné, soit par le moyen des « annuités terminables », ou annuités constantes (chaque versement d’intérêts s’accompagne du remboursement d’une fraction du capital), soit par remboursement, chaque année, d’un certain nombre de titres déterminé par voie de tirage au sort, ou, enfin, par l’achat en Bourse des titres et leur annulation. Pour donner plus de rigueur à cette action, certains États affectent des ressources déterminées à l’amortissement de la dette : en France, la Caisse autonome d’amortissement fut créée en 1926 par une loi constitutionnelle et supprimée en 1958. Depuis cette date, l’amortissement de la dette ne figure plus dans les charges du budget, mais dans les opérations que le Trésor doit financer par ses propres moyens ; le remboursement de la dette est réalisé au moyen de nouveaux emprunts : c’est le refinancement de la dette.

La dépréciation monétaire contri-

bue très largement à l’allégement de la dette, puisque l’État, sauf le cas d’emprunts indexés, est tenu de rembourser simplement la valeur nominale ; c’est ainsi que la dette publique représente 65 p. 100 du revenu national en 1913

et que, malgré deux guerres, elle n’en représente plus que 40 p. 100 en 1961.

Évolution récente de

la dette publique

y On assiste d’abord à un amenui-

sement progressif de la dette perpé-

tuelle : de 8,1 p. 100 de l’endettement global en 1952, son montant

tombe à 0,6 p. 100 à la fin de 1967,