Une vitaminothérapie B est particu-lièrement nécessaire dans les états de carences alimentaires. L’intensité des douleurs pose un problème difficile, car elles ne sont pas calmées par les antalgiques habituels, ce qui conduit certains médecins à proposer un traitement substitutif, au moins transitoire, par de faibles doses d’opiacés, de dex-tromoramide ou de pentazocine.
L’utilisation des neuroleptiques provoque avec une assez grande fréquence des syndromes dyscinétiques (mouvements anormaux) ou extrapyramidaux hypertoniques (contractures) et doit être limitée à de faibles doses, surtout chez les sujets carencés. L’hypersensibilité aux neuroleptiques ne s’observe habituellement que chez les sujets ayant reçu de très fortes doses d’opiacés, et le sevrage après intoxication chronique par amphétamines ne donne pas de troubles de ce genre.
La cure de désintoxication ellemême doit comprendre normalement
une suite thérapeutique au sevrage, celle-ci consistant en une prise en charge médicale et sociale capable de redonner à l’intoxiqué une certaine possibilité d’adaptation sociale.
À ce titre, certaines cures de désintoxication à la méthadone utilisent l’absorption obligatoire quotidienne d’une dose élevée d’un succédané
morphinique, et une réadaptation
sociale conditionnelle à l’absorption médicamenteuse. Elles ne peuvent
être considérées comme de véritables désintoxications.
Désintoxication
alcoolique
Elle est prévue par la loi du 15 avril 1954 créant des sections spécialisées dans les hôpitaux en vue de la désintoxication des alcooliques.
Les habitudes d’alcoolisme peuvent être dans une large mesure inhibées par des thérapeutiques dont la plus classique est celle de Jacobson, Martensen et Larsen, qui, en 1949, ont proposé l’utilisation de disulfirame pour provoquer une réaction physiologique lors de l’absorption concomitante d’alcool et de ce produit.
La cure elle-même se fait habituellement de la manière suivante :
a) élimination des sujets porteurs d’une tare cardiaque par électrocardiographie (ischémie), d’une tare cérébrale par électro-encéphalographie (tracé épileptique), de troubles psychiatriques (ten-downloadModeText.vue.download 3 sur 591
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7
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dance délirante, détérioration mentale) ou hépatiques (signes d’insuffisance chronique) ;
b) absorption de disulfirame à la dose de 0,5 g par jour (certains alcooliques ayant montré des signes psychiques
— confusion mentale, désorientation
— ou même neurologiques du fait de l’absorption de doses plus élevées de ce corps) ;
c) administration de doses tests de la boisson alcoolique habituelle du malade. La réaction à l’action conjuguée du disulfirame et de l’alcool provoque régulièrement, mais de façon variable, une chute tensionnelle, une accélération du pouls, une vaso-dilatation cutanéo-muqueuse (rougeurs) et surtout un malaise très intense qui contribue indiscutablement à l’arrêt de l’absorption d’alcool. Après deux tests, la cure de désintoxication proprement dite se termine par l’éducation de l’alcoolique à la prise régulière de disulfirame et au rappel régulier, au cours d’une psychothérapie très prolongée, des accidents qu’il risque lors de la prise d’alcool.
Une autre technique de désintoxication, moins utilisée actuellement, a été proposée par Feldman. Elle consiste en l’établissement d’un réflexe conditionné de vomissements par l’apomorphine, chaque fois que le sujet absorbe la boisson alcoolique qu’il préfère.
Dans l’ensemble, les résultats des cures de désintoxication sont relativement limités, même chez l’alcoolique, et une postcure avec prise en charge et psychothérapie de longue durée
s’avère dans tous les cas nécessaire.
E. F.
S. Moeschlin, Klinik und Therapie der Ver-giftungen (Stuttgart, 1952 ; 2e éd., 1956).
Desnos (Robert)
F SURRÉALISME.
Despiau (Charles)
Sculpteur français (Mont-de-Marsan 1874 - Paris 1946).
Les premiers modelages de ce petit-fils et fils de maîtres plâtriers datent de 1889 et sont exécutés sous la surveillance d’un obscur Montois nommé Morin, qui a fait des travaux de pratique pour un sculpteur académique, Charles René de Saint-Marceaux (1845-1915).
Il obtient une bourse municipale en 1891, part pour Paris et entre à l’École
des arts décoratifs, où il a pour maître Hector Lemaire (1846-1933), ancien élève d’Alexandre Falguière (1831-1900) et de Carpeaux*. Après deux
années, Despiau opte pour l’École
nationale supérieure des beaux-arts et l’atelier de Louis Barrias (1841-1905).
Moins conventionnel est toutefois l’enseignement que Despiau reçoit d’un praticien de Levallois qui lui apprend la taille de la pierre ; il se rend aussi au Louvre, au musée des Monuments
français et achève ainsi sa formation, grâce aux modestes subsides que lui fait parvenir sa mère.
Il débute en 1898 au Salon des ar-
tistes français, où il expose le buste de Joseph Biays, un voisin d’atelier, représenté en chapeau melon et pardessus : audace, en un temps où l’art officiel considérait le drapé académique comme seul digne d’habiller la figure humaine. Le même goût s’exprimait
dans les statuettes qu’il produisit ensuite et qu’il détruisit pour la plupart, sauf, notamment, celle pour laquelle posa Mlle Rudel (veste tailleur longue, col Médicis, vaste chapeau à bords plats), devenue sa femme en 1900.
En 1901, il se présente au Salon de la Société nationale des beaux-arts pour y rejoindre, groupés autour de Rodin*, le Belge Constantin Meunier (1831-1905), Dalou*, Bourdelle*,
Lucien Schnegg (1864-1909) ; il y est élu associé en 1902, sociétaire en 1904, année de la Petite Fille des Landes, dont le style simple, naturel et délicat lui vaut de remporter son premier succès (épreuve en bronze commandée par l’État). Sa Jeune Fille lisant (1907, partie du monument à Victor Duruy, au jardin public de Mont-de-Marsan) a été conçue dans le même esprit, ainsi que sa Paulette, exposée à l’état de plâtre au Salon de la Nationale (1907). Dans le tumulte de ce Salon, a écrit Léon Deshairs, « quel timbre personnel et rare, quelle voix fraîche, juste, pure, vibrante d’émotion contenue. Cette voix, quelques-uns l’entendirent qui ne l’ont pas oubliée, et, parmi eux, le maître, Rodin, toujours attentif aux efforts des jeunes. On le vit tourner longtemps autour de Paulette, examiner avec délices les suaves passages des joues aux lèvres, aux yeux, aux
tempes, la petite bouche fermée, d’une gravité enfantine, le nez gourmand. Au lendemain du vernissage, il écrivait à Despiau pour lui faire ses compliments et l’inviter à venir le voir dans son atelier du Dépôt des marbres. »
Ce fut ainsi que Charles Despiau
devint, pour cinq années, le collaborateur de Rodin. C’était la vie matérielle assurée, en même temps que la liberté de continuer à travailler en toute indé-
pendance, comme il est aisé de s’en apercevoir si l’on compare le modelé de Despiau, tout en nuances, et le modelé de Rodin, puissamment contrasté.
Auteur de plus de cent bustes, de statues, de plaquettes, de nombreux dessins particulièrement admirés, Charles Despiau n’a pas tenté d’expliquer théoriquement son art, mais il pourrait sembler que Bergson pensait à lui lorsqu’il écrivait : « L’art n’est sûrement qu’une vision plus directe de la réalité. Mais cette pureté de conception implique une rupture avec la convention utile, un désintéressement inné et spécialement localisé du sens ou de la conscience, enfin une certaine immatérialité de la vie, qui est ce qu’on a toujours appelé de l’idéalisme. De sorte qu’on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l’oeuvre quand l’idéalisme est dans l’âme, et que c’est à force d’idéalité seulement qu’on reprend contact avec la réalité. »