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le 21 mai 1471 ; le duc George de Clarence, qui avait suivi Warwick dans ses entreprises, est exécuté en 1478, et les Tudors se réfugient en Bretagne, où ils resteront plusieurs années.

La mort d’Édouard IV, le 9 avril

1483, remet cependant en cause cette victoire : la régence est disputée entre les Woodville et le frère cadet du souverain, Richard, duc de Gloucester, qui se fait proclamer à son tour « protecteur du royaume », puis roi, sous le nom de Richard III, le 6 juillet 1483, tandis que ses neveux, les enfants d’Édouard, sont mystérieusement assassinés.

Réconciliés par ce meurtre, yorkistes et lancastriens reconnaissent également pour chef Henri Tudor, le petit-fils de l’épouse du roi Henri V. Henri Tudor, après avoir vaincu et tué Richard III à Bosworth le 22 août 1485, est couronné en octobre et s’unit à la fille d’Édouard IV, Elisabeth d’York, par un mariage qui scelle la réconciliation des « roses blanche et rouge » et le rétablissement de la paix en Angleterre. Celui-ci devient définitif après l’écrasement par Henri VII d’ultimes révoltes (1487 et 1491-1497).

Les conséquences politiques de ce

conflit sont considérables. Décimée à la fois par la guerre, par les proscrip-tions et par les exécutions qui suivent chaque combat, l’aristocratie s’affaiblit à l’heure même où le prestige de la Couronne ne cesse d’être remis en cause. Pourtant, la monarchie sort finalement renforcée de cette épreuve, qui la met à l’abri des revendications d’une aristocratie épuisée, mais qui laisse à sa disposition les ressources d’une économie dont les bases n’ont pas été fondamentalement ébranlées.

P. T.

F Angleterre / Cent Ans (guerre de) / Lancastre /

Plantagenêt / York.

R. B. Mowat, The Wars of the Roses (Londres, 1914). / J. H. Flemming, England under the Lan-castrians (Londres, 1921). / E. Perroy, la Guerre downloadModeText.vue.download 24 sur 591

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7

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de Cent Ans (Gallimard, 1946). / E. F. Jacob, The Fifteenth Century, 1399-1485 (Oxford, 1961).

Deux-Siciles

(royaume des)

F NAPLES.

De Valera (Eamon)

Homme d’État irlandais (New York

182 - Dublin 1975).

Son père était un émigré espagnol

besogneux qui donnait des leçons de musique ; sa mère, une Irlandaise, était venue en Amérique se placer comme

domestique. Le jeune garçon, pré-

nommé alors Edouard (c’est seulement à son entrée dans la vie publique qu’il adoptera la forme irlandaise Eamon), connaît des débuts difficiles. Ayant perdu très jeune son père, il est envoyé dans la famille de sa mère, de pauvres paysans de l’ouest de l’Irlande. Ces années passées au contact de la réalité populaire, celle des vieilles communautés rurales irlandaises, le marquent profondément et contribuent pour une large part au courant de sympathie et d’affection qui n’a cessé de circuler entre le petit peuple et lui. Grâce à une bourse, De Valera entre au collège catholique local, puis au Blackrock College de Dublin.

Chef national

Devenu professeur de mathématiques, il est gagné au nationalisme irlandais par son attachement à la langue nationale : cette dévotion entraîne son adhé-

sion à la ligue Gaélique, puis au mouvement paramilitaire des Volontaires irlandais, fondé en 1913. Son nom est encore peu connu ; son image est celle d’un intellectuel austère.

C’est le soulèvement de Pâques

1916 qui le rend soudain célèbre : pendant la sanglante bataille de rues qui se déroule à Dublin du 24 au 30 avril, De Valera commande l’un des principaux points d’appui tenus par les insurgés.

Fait prisonnier et condamné à mort, il échappe de justesse au poteau d’exé-

cution, en partie grâce à sa naissance américaine, en partie parce que les autorités britanniques jugent plus politique de limiter une répression dont la brutalité a retourné l’opinion et soulevé l’indignation des Irlandais : sa peine est commuée en détention à perpétuité.

Du fond de la prison anglaise où

il a été transféré, le rebelle, principal survivant des chefs de l’insurrection, acquiert une stature de héros national. Au même moment se produit une évolution dans le mouvement nationaliste : les extrémistes l’emportent sur les modérés. Le parti nationaliste parlementaire de John Redmond (1856-

1918) et John Dillon (1851-1927),

qui, depuis tant d’années, avait milité pour le Home Rule sans aboutir, perd rapidement son emprise sur le pays au profit de l’aile républicaine et révolutionnaire du nationalisme, qui préfère la voie insurrectionnelle. Il ne s’agit plus d’autonomie : l’objectif est la Ré-

publique irlandaise.

Chef républicain

Libéré après un an de prison, grâce à une amnistie générale, De Valera est aussitôt élu député triomphalement, à la faveur d’une élection partielle dans le comté de Clare — l’ancienne circonscription d’O’Connell. En octobre 1917, il est porté à la présidence du Sinn Féin*. Aux élections législatives de décembre 1918, tandis que les mo-dérés du parti parlementaire irlandais sont écrasés, le Sinn Féin triomphe partout. Ses élus refusent de siéger à Westminster, se constituent en Parlement révolutionnaire, le Dáil Éireann (assemblée d’Irlande), publient une déclaration d’indépendance et élisent De Valera président de la République irlandaise et chef du gouvernement.

Un véritable gouvernement insur-

rectionnel est formé, qui regroupe les principaux chefs nationalistes : Arthur Griffith (1872-1922), Michael Collins (1890-1922) et William Thomas Cosgrave (1880-1965). Si De Valera et ses amis échouent dans leurs tentatives pour se faire écouter de T. W. Wilson à la Conférence de la paix à Paris, ils obtiennent un large appui auprès des Irlando-Américains. (De 1919 à 1921, De Valera passe la plus grande partie

de son temps aux États-Unis à faire des tournées de propagande et à collecter de l’argent.) En Irlande, la lutte, à partir de l’été 1919, tourne à l’affrontement direct (v. Irlande).

Finalement, en juin 1921, après un appel du roi George V pour le rétablissement de la paix, Lloyd George invite De Valera (ainsi que James

Craig [1871-1940], le chef de l’Ulster) à une conférence à Londres. Une trêve est conclue, et de dures négociations s’engagent pour aboutir à un traité signé le 6 décembre 1921 par les délégués irlandais, Collins et Griffith.

Ce traité crée un État libre d’Irlande, amputé de l’Ulster et membre du Commonwealth. Mais aussitôt De Valera et, derrière lui, la plupart des républicains refusent le traité. De fait, par celui-ci, pour avantageux qu’il fût, on renonçait à l’indépendance complète et à l’unité nationale. Dénonçant la partition et le serment d’allégeance à la Couronne, les intransigeants, membres du Sinn Féin ou leaders de l’IRA (Irish Repu-blican Army), se rangent du côté de De Valera.

Les élections du 16 juin 1922, bien qu’elles donnent la majorité aux partisans du traité, n’empêchent pas la guerre civile d’éclater, cette fois entre Irlandais. De juin 1922 à mai 1923, les violences font rage. Mais, comme le nouveau gouvernement de l’État libre, dirigé par Cosgrave, l’emporte petit à petit sur les républicains, De Valera fait déposer les armes à ses partisans ; cependant, devenu le chef de l’opposition républicaine, il persiste à ne pas reconnaître le régime issu du traité. Au bout de quelques années, le réalisme le contraint à réviser sa position : mieux vaut, pense-t-il, rentrer dans l’opposition légale et constitutionnelle. À cet effet, il fonde un nouveau parti, le Fianna Fáil, qui accepte de participer à la vie parlementaire (1926-27).

Chef de gouvernement

et chef d’État

Aux élections de février 1932, le Fianna Fáil obtient la majorité, et De Valera accède au pouvoir. La politique qu’il fait prévaloir se résume en trois points.