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Il faut d’abord consolider et renforcer

l’indépendance nationale : aussi le gouvernement irlandais abroge-t-il le serment d’allégeance à la Couronne ; il déploie de grands efforts pour développer l’usage et l’enseignement de la langue gaélique ; surtout il fait voter en 1937 une nouvelle Constitution, qui remplace l’État libre d’Irlande par un État souverain appelé Éire. Ensuite, il s’agit de stimuler l’économie nationale en développant l’industrie : politique qui ne rencontre qu’un succès mitigé.

Enfin, après avoir loyalement soutenu la Société des Nations (il occupe la présidence du conseil de la S. D. N. en 1932 et de l’assemblée en 1938), De Valera décrète une stricte politique de neutralité de 1939 à 1945 : en dépit des pressions renouvelées de Churchill et de Roosevelt, l’Irlande refuse d’apporter quelque aide que ce soit aux Alliés.

Erodé par plus de quinze années de pouvoir, le Fianna Fáil perd la majorité aux élections de février 1948. De Valera doit céder le gouvernement à l’un de ses adversaires, John A. Cos-tello, à qui revient la décision d’établir la République (1948) et d’abolir les derniers liens unissant l’Irlande au Commonwealth (1949). Cependant,

De Valera retourne à la tête du gouvernement de 1951 à 1954 ainsi qu’en 1957 ; en juin 1959, il est élu président de la République, tandis qu’un de ses lieutenants, Sean Lemass, lui succède comme Premier ministre (Taoiseach).

Réélu en juin 196, De Valera remplit son mandat jusqu’en 1973, continuant d’exercer un rôle d’arbitre politique et moral grâce à son autorité de patriote intègre et de catholique dévoué à

l’Église. De son vivant, le vieux lutteur s’est mué en héros national.

F. B.

F Irlande / Sinn Féin.

D. MacArdle, The Irish Republic (Londres, 1937 ; 5e éd., Dublin, 1965). / M. C. Bromage, De Valera and the March of a Nation (Londres, 1956 ; nouv. éd., 1962). / F. A. P. Longford et T. P. O’Neill, Eamon De Valera (Londres, 1970). / F. S. L. Lyons, Ireland since the Famine (Londres, 1971).

dévaluation

Diminution voulue de la valeur d’une monnaie.

Généralités

La valeur d’une monnaie, du temps où celle-ci avait un lien direct avec l’or, était significativement représentée par la quantité de métal précieux qui composait les pièces ou qui servait de couverture à la monnaie fiduciaire. Cela n’est plus le cas de nos jours, la valeur d’une monnaie s’appréciant en pouvoir d’achat sur l’étranger (les pays où la monnaie nationale n’a pas officiellement cours), ce qui veut dire que, finalement, la valeur peut être valablement représentée par les taux de change d’une monnaie.

Si le pouvoir d’achat de la mon-

naie du pays A a baissé plus fort que le pouvoir d’achat de la monnaie du pays B, les taux de change de la monnaie A devraient se dégrader en termes d’échange avec la monnaie B. Il en serait ainsi si les taux de change pouvaient fluctuer librement. En réalité, des accords internationaux et la volonté des gouvernements font que les taux de change ont une marge de fluctuation étroite. La dévaluation est donc en fait un acte légal : le gouvernement d’un pays décide, devant la pression des événements, de modifier la parité downloadModeText.vue.download 25 sur 591

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7

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des changes ou le cours légal d’une monnaie (exprimé en poids d’or fin).

La dévaluation a été sous l’Ancien Régime le moyen pour l’État de se procurer des ressources afin d’alimenter le budget. L’opération était simple : en diminuant le montant d’or ou de métal précieux contenu dans les pièces de monnaie, on pouvait, avec une même quantité d’or ou d’argent, frapper plus de monnaie, donc acquérir dorénavant plus de biens et de services ; naturellement, il s’ensuivait un jour une hausse des prix, l’excédent des moyens moné-

taires sur la production la créant. Cette hausse des prix était relativement lente dans la mesure où les moyens d’infor-

mation et les liaisons intersectorielles des branches de l’économie étaient faibles.

Les raisons des dévaluations ont

maintenant changé. L’État n’est plus maître de la monnaie, dans la mesure où le circuit du Trésor dépend du circuit financier général et où une émission de monnaie sans discernement entraîne de véritables catastrophes économiques, soit directement, soit postérieurement, à cause des mesures de redressement.

D’autre part, il n’y a plus de lien fonctionnel entre les métaux précieux et la monnaie. La dévaluation, de nos jours, répond à d’autres besoins et à d’autres considérations.

L’environnement de

la dévaluation et

ses mobiles

On partira du fait que, pour une raison quelconque (hausse des charges à l’intérieur du pays plus rapide qu’à l’extérieur), la balance des paiements d’une nation donnée est en déficit. Les exportations de biens ou de services sont en régression.

Il y a alors de fortes chances que les prix à l’intérieur du pays soient plus élevés qu’à l’extérieur (même compte tenu de la douane et des transports) et, par ailleurs, que les placements à l’in-térieur du pays soient moins attrayants qu’à l’extérieur ; les agents économiques extérieurs trouvent, quant à eux, que les produits et les placements du pays considéré sont trop chers et ils s’abstiennent d’y acheter des produits ou d’y placer des capitaux.

Le gouvernement du pays considéré

va, en réaction à cet état de fait, envisager une manipulation monétaire qui aura pour objet de rendre plus chers aux nationaux les produits achetés à l’étranger et moins chers aux étrangers les produits du pays. Mais, pour qu’une dévaluation réussisse, il faut que certaines conditions soient réunies.

Les conditions de

la dévaluation

y Il doit exister une relation entre la demande de l’étranger et le niveau

modifié des prix offerts par le pays qui dévalue : une variation du niveau des prix doit entraîner, effectivement, une variation de la demande. Cette « élasticité » doit être telle qu’à une baisse des prix pour l’étranger doit correspondre concrètement une hausse sensible de la demande de l’étranger.

y Il doit exister une relation entre la demande du pays qui dévalue et les prix des biens étrangers ; si les prix étrangers augmentent, la demande des nationaux doit baisser effectivement sur ces produits étrangers.

y Enfin, l’offre de biens et de services nationaux (et de placements) doit pouvoir augmenter dans le pays qui opère la manipulation monétaire, pour satisfaire à la fois la demande nationale et la demande étrangère

dans ces biens et ces services. En réalité, si les deux premières conditions sont souvent remplies, il n’en est pas de même de la troisième, et cela né-

cessite une explication.

Si la demande augmente et si l’offre n’augmente pas, on risque d’assister à une hausse des prix qui compromet-trait la réussite de la dévaluation dans la mesure où l’on est ramené au problème précédent, les étrangers étant découragés d’acheter dans le pays, qui voit, ainsi, les effets de sa dévaluation annulés.

C’est dans ce but que toute dévaluation est, en général, précédée d’un plan de réduction de la demande intérieure par les moyens classiques (réductions de crédits, réduction du déficit budgétaire, augmentation des impôts).

Cette politique est difficile à mettre en oeuvre, car elle risque de précipiter le pays dans une crise économique grave.

Il faut noter que la dévaluation du franc français de 1969 ne fut pas précédée d’un plan de réduction de la demande, celui-ci suivant, en fait, la dévaluation.

La réduction de la demande intérieure intervint en même temps que la demande extérieure s’accroissait, ce qui réduisit le risque de récession. Il faut aussi remarquer que la dévaluation a été opérée sans contrainte (il n’y a pas eu de spéculation contre le franc) et envisagée comme le premier pas d’un plan de redressement, alors qu’habi-